Journal des Jungles n°3 - Spécial voyage

Août 2014

Publié le 1 août 2014

Journal des Jungles n°3 - Spécial voyage


Oyez, oyez braves âmes ! Le « Journal des Jungles » est de retour ! Toujours appuyé par les chercheurs de l’ENSAD, la livraison du numéro 3 vient d’arriver !

Dans ce numéro, la thématique de l’exode et des routes migratoires se veut centrale, et ce notamment grâce aux contributions d’Olivier Clochard et Olivier Thomas, tous deux géographes.

De leur côté, les chercheurs de l’ENSAD reviennent sur leur expérience liée à "l’Agence de voyageurs".

Bref, un numéro « spécial Voyage ». Alors, circulez, il y a tout à voir !

C’est ici, pour télécharger le Journal des jungles n°3.

Éditorial du Journal des Jungles (numéro 3)

« L’impasse de Calais »

Il y a vingt ans, l’ouverture du tunnel sous la Manche visait à faciliter les déplacements entre la Grande-Bretagne et le continent européen. L’instauration de ce mode passage a entraîné en contrepartie un renforcement des contrôles migratoires par les autorités britanniques et leurs consœurs françaises, belges et hollandaises pour celles et ceux qui ne sont pas citoyens de l’UE. Depuis, la situation des personnes bloquées à cette frontière n’a cessé de se dégrader face au déploiement continu des forces de l’ordre.

Par ailleurs au regard des aménagements qui se sont opérés durant cette période dans les ports comme à Calais ou à Dunkerque et autour des sites accueillant l’Eurostar, cette frontière de l’espace Schengen est probablement à ce jour un des dispositifs les plus accomplis dans le domaine de la politique d’externalisation des contrôles migratoires. Accords franco-britanniques institutionnalisant la nomination d’agents de liaison de chaque État en France et en Grande-Bretagne, implantation de contrôles migratoires britanniques sur le territoire français, etc. font de cette frontière un « modèle » dont la Grande-Bretagne tire profit et dont nous retrouvons des développements similaires aux limites extérieures de l’UE.

Ces diverses situations qui s’égrainent sur le littoral de la Manche et de la Mer du Nord nous rappellent que les migrations dans le monde sont de plus en plus entravées – on n’a jamais autant construit de murs depuis la chute du mur de Berlin en 1989 – et les dispositifs grillagés entourant le site d’Eurotunnel et les ports en sont autant d’exemples locaux. Elles devraient également rappeler aux autorités que ces mécanismes ne résolvent pas la situation migratoire de Calais, pour preuve, il y a (et il y aura) toujours des migrants qui auront de bonnes raisons de vouloir traverser la Manche. C’est pourquoi, la mise en œuvre effective de la possibilité d’aller et venir des deux côtés de la Manche – ce que nous pourrions également appeler la liberté de circulation – est le seul moyen de changer radicalement la situation. Les autorités le savent sûrement mais elles ne font rien pour aller dans ce sens.

Olivier Clochard, géographe, Chargé de recherches CNRS, président de Migreurop.