La Lettre d'infos n°10

Publié le 19 octobre 2017
Sommaire

Infos des jungles


  • Norrent-Fontes : le 18 septembre 2017, le camp de Norrent Fontes a été détruit et 80 exilé.e.s ont été conduit.e.s dans le Centre d’Examen des Situations Administratives (CAES) de l’abbaye de Belval et dans un hôtel à Arras. Un arrêté municipal affiché le 16 septembre au matin, contesté en fin d’après midi, a été exécuté le 18 septembre dès 7 heures du matin. Le juge judiciaire avait pourtant, à deux reprises, refusé l’expulsion de ce camp. Cette fois-ci, les exilé.e.s n’ont pas eu la possibilité de se défendre devant le juge administratif.  C’est ce que dénonce Julie Bonnier, avocate de Terre d’errance dans son communiqué « Je suis auxiliaire de non justice ». Un cercle de silence s’est tenu à Lillers le soir même de l’expulsion, les bénévoles y distribuaient des tracts, intitulés « Chroniques d’une destruction insensée« .

  • Grande-Synthe : le 19 septembre, au lendemain de l’expulsion du camp de Norrent-Fontes, c’est au tour des exilé.e.s du Puythouck à Grande-Synthe de connaître une opération policière de grande ampleur. 557 personnes sont ainsi « placées » dans des CAO, partout en France. Malgré cela, et sans surprise pour les associations locales, ce sont 300 à 400 personnes qui sont de nouveau sur le site, dès le lendemain. Comme le souligne ici Magali de Lambert, de La Cimade, les réponses apportées par l’État à Grande-Synthe restent inadaptées. Le dernier dispositif de « bus-accueil de jour » mis en place ce lundi 16 octobre, dépourvu de douches, d’interprète, ne semble pas échapper à ce constat. Malgré le départ de 200 personnes vers des CAES annoncé par la Préfecture, nombre de personnes en exil continuent ainsi de « survivre » dans les conditions les plus précaires, conditions dans lesquelles l’anodin, comme le fait de pouvoir recharger son téléphone, prend une toute autre dimension. C’est ce dont témoigne ici une bénévole de l’ADRA Dunkerque.

  • Une centaines d’exilé.e.s, dont des mineur.e.s non accompagné.e.s, (sur)vivaient depuis quelques mois à côté de la Gare Saint Sauveur à Lille. Le juge des référés du Tribunal Administratif de Lille a rendu deux décisions contradictoires à quelques semaines d’intervalle. Après avoir enjoint aux autorités municipales et préfectorales d’installer des équipements d’accès à l’eau et à des latrines dans une ordonnance du 30 août 2017, il  a, suite à une demande de la ville de Lille, dans une nouvelle ordonnance du 5 octobre 2017, ordonné aux occupant.e.s du terrain de quitter les lieux. Le collectif des Olieux demande que soit accordé un soutien inconditionnel à ces personnes et que la situation soit rendue publique.

Infos des assos


  • L’Université Lille 2 accueille tout le mois d’octobre 2017 l’exposition  » Ceux qui passent, ceux qui restent », consacrée au camp de Norrent-Fontes. Dans le cadre de temps de conférence-débat organisés en parallèle, la Cabane juridique, le GISTI et la PSM sont intervenus, le 11 octobre dernier, sur la question des usages du droit. Le 25 octobre, de 18h à 19h30 (Faculté de Droit – amphi Cassin), vous retrouverez Mathilde Pette et Nan Suel pour un débat sur la situation des campements dans la région Haut-de-France.
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Photo : Julien Saison, extraite de l’exposition « Ceux qui passent, ceux qui restent »

  • L’Auberge des Migrants a réalisé au mois de septembre une enquête de terrain à Calais, ciblée sur les projets d’asile des exilé.e.s et leurs conditions de vie. On y apprend notamment que 56% des personnes souhaitant rejoindre l’Angleterre le font pour rejoindre un membre de leur famille.

  • La page Facebook « Paye tes droits – à Calais » relève « les phrases perdues » dans l’annexe de la salle d’audience du Tribunal de Grande Instance de Boulogne-sur-mer, située dans l’enceinte du Centre de Rétention Administrative de Coquelles. L’occasion de jeter un œil sur la justice réservée aux étranger.e.s enfermé.e.s. et de la sortir de son « huis-clos ».

  • Le 15 octobre 2017, ECNou, réseau d’hébergement solidaire des 7-Vallées, célébrait ses 2 années d’existence, en présence des membres de l’association, de personnes exilées hébergées et des partenaires de l’association. Le moment idéal pour faire le bilan sur les plus de 9000 nuitées offertes aux exilé.e.s en situation d’urgence, pour célébrer ces belles rencontres et réfléchir collectivement aux futures actions d’accueil et de sensibilisation !
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Infos de la PSM


  • Le JDJ n°9 de la PSM réalisé à Norrent-Fontes vient de sortir ! Dernier témoignage des exilé.e.s de ce camp détruit au mois de septembre par les autorités, ce numéro intitulé « Agir ensemble! » aborde les préjugés, la criminalisation des aidant.e.s et l’absurdité de la frontière. Bonne lecture !
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  • Le 5 octobre, nous étions une trentaine à nous réunir à Burbure pour échanger sur notre relation à la figure du « passeur ». Un moment convivial et riche, prélude à un cycle de réflexion ciblé sur cette question.
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  • Une formation au théâtre de l’opprimé.e se tiendra sur 2 week-ends, du 17 au 19 novembre 2017, puis les 25 et 26 novembre. Cette formation (gratuite//aucune expérience requise), s’adresse aux bénévoles et militant.e.s travaillant auprès des exilé.e.s bloqué.e.s à la frontière franco-britannique. Vous êtes intéressé.e ? Contactez Marie à sensibilisation[at]psmigrants.org. Nombre de places limité !

Formations et séminaires


  • Le lancement officiel du programme LIMINAL (Linguistic and Intercultural Mediations in a context of International Migrations), auquel est associé la PSM, aura lieu le vendredi 24 novembre 2017 à Paris (Inalco) de 14h30 à 18h.

  • Le GRDR organise, dans la suite d’un forum sur l’accompagnement des femmes migrantes, plusieurs ateliers d’échanges de bonnes pratiques destinés aux travailleuses et travailleurs du social et de la santé, à Lille. Une formation « Communication interculturelle et trajectoire migratoire des femmes », gratuite et ouverte aux non-professionnel.le.s cette fois, se tiendra également le 12 décembre à Lille. Informations et inscriptions : sophie.bourlet[at]grdr.org

  • Unicef France organise deux sessions de renforcement des compétences des acteurs et actrices sur les droits des enfants en exil. Ces formations auront lieu à Calais les 13 et 14 novembre prochains, plus d’info : contactjuriste[at]psmigrants.org

Outils juridiques


  • Depuis la fermeture du guichet asile de la Sous-préfecture de Calais en octobre 2016, toutes les demandes d’asile doivent être présentées à Lille. Les associations du littoral et des terres ne peuvent pas systématiquement accompagner les personnes dans leurs démarches à Lille. Nous recherchons des bénévoles lillois.e.s prêt.e.s à s’engager ponctuellement pour soutenir les exilé.e.s sur place. Si vous pouvez consacrer un peu de temps à cet accompagnement, merci d’écrire à contactjuriste[at]psmigrants.org.

  • La Cimade Nord Picardie vient de créer un flyer à destination des Mineur.e.s Non Accompagné.e.s. Cet outil, qui sera bientôt disponible en plusieurs langues, fait le point de manière succincte sur la procédure d’entrée dans l’aide sociale à l’enfance, les possibilités de régularisation des jeunes et les éventuels blocages administratifs. Attention cet outil a été créé pour le département du Nord.

Pour comprendre / pour cogiter


  • Nous vous invitons à prendre connaissance d’un « avis au Parlement » du Défenseur des Droits, consulté récemment par la commission des finances de l’Assemblée Nationale. Cet avis émet des recommandations sur les questions de l’hébergement, de la prise en charge des mineur.e.s non accompagné.e.s, des délais en préfecture ou pour l’instruction des demandes d’asile.

  • L’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE), dans un communiqué du 16 octobre 2017, dénonce la politique de rejet dont sont victimes les personnes étrangères en France. L’OEE condamne la banalisation de l’enfermement des exilé.e.s et les nouvelles mesures prévues dans le cadre de la loi de finance 2018 sur le volet Immigration et Intégration : centres d’assignations à résidence près des aéroports, augmentation de la durée de la rétention, renvois vers les pays « tiers sûrs »…

  • La Cimade, en lien avec Amnesty International, lance une pétition pour l’arrêt immédiat des expulsions vers l’Afghanistan. Dans un communiqué commun, ces associations rappellent que plus de 10 000 afghan.e.s ont été renvoyé.e.s vers leur pays d’origine dont 600 depuis la France alors que plus de 11 000 personnes ont été tuées cette année par les attaques des talibans et de l’état islamique. Face à cette situation, le Défenseur des droits demande, dans un communiqué de presse du 17.10.2017, la suspension immédiate de l’application de l’Accord UE/Afghanistan.