La Lettre d'infos n°45

Publié le 8 octobre 2020
Sommaire

Infos des lieux de vie


  • A Calais, suite à sa visite les 22 et 23 septembre, Claire Hédon, la Défenseure des droits s’alarme des conditions dégradantes et inhumaines que subissent les exilés. « La volonté d’invisibiliser les exilés à Calais conduit à ce que plus aucun abri ne soit toléré : les personnes – entre 1200 à 1500 selon plusieurs informations croisées – dont des femmes avec des enfants en bas âge, parfois des nourrissons, et des mineurs non accompagnés, dorment à même le sol, cachés sous des buissons, quelles que soient les conditions climatiques, parfois avec une couverture donnée par les associations… Les exilés sont chassés de leurs lieux de campement tous les deux jours par les forces de l’ordre. Les évacuations constantes des terrains sur lesquels ils dorment ont pour objectif de les forcer à fuir« . La situation à Calais est dénoncée dans ce communiqué de presse qui fait suite à la visite de la Défenseure. Cette visite de la Défenseure n’a pas empêché une nouvelle destruction de deux lieux de vie par les forces de l’ordre le mardi 29 septembre, notamment l’évacuation du campement où vivaient entre 700 et 800 personnes, dans le secteur dit de la lande de Virval, autour de l’hôpital de Calais.

  • Dans le Dunkerquois, les difficultés d’accès à l’eau se poursuivent, malgré des efforts récents de la mairie de Grande Synthe. Outre les manques d’accès à l’eau et à des dispositifs sanitaires adaptés, globalement les personnes exilées restent éloignées des accès aux services de base. Les expulsions des lieux de vie, à une fréquence d’une par semaine ce dernier mois, dispersent les personnes dans au moins 6 lieux de vie différents sur Grande Synthe parfois très éloignées de l’action des associations. Jusqu’à Loon-Plage, les expulsions se poursuivent …

  • Du côté de Caen-Ouistreham, Régis Guillet, membre de l’AG contre toutes les expulsions s’exprime dans un article paru le 4 octobre : « Depuis l’expulsion du squat La Varende à Hérouville (en juillet), les personnes se sont installées dans un campement au début de la voie verte à Ouistreham. Le maire leur refuse l’accès à l’eau et aux sanitaires, c’est une situation de vie très compliquée pour eux ».

  • A Villeurbanne, un lieu de « répit » pour les migrants traumatisés par la route. Projet expérimental rattaché à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, L’Espace accueille des personnes exilées en souffrance psychique – des Africains pour la plupart – pour des ateliers, des jeux ou simplement un café. C’est un lieu où les personnes tentent d’oublier l’effet déshumanisant de la route migratoire, l’anéantissement lié au fait d’être considérées par la négative : sans-papiers, sans-domicile. A lire cet article du journal Le Monde

Infos des assos


  • Le 29 septembre, le Secours Catholique de Calais a proposé une journée de réflexion qui doit aboutir à définir le projet et les actions du Secours Catholique auprès des personnes exilées à Calais pour les 3 à 5 prochaines années. Des ateliers le matin : « Historique des politiques publiques à Calais »,  » Le projet du Secours Catholique et les actions menées à Calais », « Les colères et les espoirs exprimé.e.s par les œuvres issues de la collection « Parcours des invisibles ». L’après-midi, des groupes de réflexion sur les besoins des personnes exilées, les facteurs permettant d’améliorer durablement la situation et le rôle que pourrait avoir le Secours Catholique. Ci-dessous deux œuvres de l’exposition itinérante du Secours Catholique-Caritas France, traces du passage des exilé.e.s en transit à Calais.
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Faire et dire, les personnes premières concernées


  • Le pouvoir d’agir des personnes exilées commence parfois par pouvoir circuler librement, sans être traquées : l’ONG britannique Privacy International a édité un flyer d’information (en anglais) spécifiquement pour les personnes en transit qui sont d’autant plus affectées par des politiques de surveillance et de fichage en Grande Bretagne. Une information à partager aux premier.e.s concerné.e.s qui se rendent au Royaume Uni ? Une réflexion à avoir du côté français ?

Infos de la PSM


  • En lieu et place du Forum de la PSM, grande journée de rencontres et de réflexions collectives au sein du réseau, c’est une version revisitée qui vous est proposée cette année : un après-midi autour une série d’ateliers, prétextes à échanges et réflexions ! Ce sera ce samedi 10 octobre, de 14h à 18h, dans les locaux du Secours Catholique de Calais ! Pour vous inscrire et nous aider à bien organiser ces temps, c’est ici. Au programme :
    • Un atelier sur les usages du droit à la frontière qui a pour objectif d’évaluer collectivement les actions contentieuses menées  à la frontière franco-britannique ces 5 dernières années !
    • Un atelier sur les relations aux médias, autour de 2 journalistes qui nous aideront à y voir plus clair sur les façons d’être (bien) entendu.e.s…
    • Un atelier sur l’observation des violences policières et les manières de les rendre visibles, avec l’Observatoire lillois des pratiques policières (sous réserve)
    • Un atelier pour « sortir des cases » et réfléchir aux « franchissements » qu’on se permet et ceux qui restent à poser pour faire bouger les lignes de la situation à la frontière.

  • L’Assemblée générale de la PSM, c’est le dimanche 11 octobre, de 9h30 à 12h30 à l’auberge de jeunesse de Calais (rue du Maréchal de Lattre de Tassigny). Nous mettrons tout en place pour respecter les consignes sanitaires. Pour vous inscrire à cette AG, merci de remplir un très court formulaire en cliquant ici.

Envie d’agir


  • « Calais se lève  » ! A Calais le 26 septembre, plus de 400 personnes, des calaisien.n.es, militants, bénévoles associatifs et personnes exilées marchent sous la pluie pour la liberté et la dignité humaine. Ensemble, ces personnes ont marché, pris la parole, chanté et  dansé. A lire l’article de Loup Blaster pour Passeurs d’hospitalités et Un retour en images ici ! Le groupe organisateur vous à écrire calais-rises@riseup.net pour les rejoindre dans d’autres actions !
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Photo Julie Druelle

  • La marche nationale des sans-papiers vers l’Elysée. Il est encore temps de la rejoindre. Le 2 octobre elle était devant la sous préfecture de Dunkerque. Etapes par étapes les marches parties de Marseille et Montpellier avancent. Toutes convergeront pour une manifestation nationale à Paris le samedi 17 octobre vers l’Elysée. Plus de renseignements sur le site du Gisti.
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Belles échappées


  • Des ciné-débats autour de l’exil à l’Alhambra à Calais du 7 au 11 octobre. L’Institut Convergences Migrations (ICM) organise son premier festival Images de Migrations. L’objectif du festival ? Permettre la rencontre entre le public et les chercheurs qui travaillent sur les questions liées aux migrations. La programmation : Jeudi 8 octobre à 20h30 : La terre de Gevar de Qutaiba Barhamji et Vendredi 9 octobre à 20h : Piazza Vittorio d’Abel Ferrara. Dimanche 11 octobre à 14h30 : 3 films courts projetés et une table ronde autour de la fabrique d’images de migrations par les chercheurs. Le festival « Images de migrations » propose, la projection de films réalisés à Calais et Dunkerque par des chercheurs et par des anciens habitants de la “Jungle”, suivie d’une rencontre avec le public. Il s’agit de s’interroger sur la singularité (ou non) du regard des chercheurs sur les migrations dans un contexte de saturation d’images médiatiques. Singularité des choix des thématiques, de la relation aux migrants, des modalités de tournage, de montage et de diffusion…Plus d’informations à retrouver ici.
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  • « L’odyssée d’Issa » …  de Katym, illustratrice et auteure de livres et kamishibaïs . Cette histoire est née d’une belle rencontre, avec un de ses élèves (Katym est professeure d’arts plastiques à Grenoble), Amadou D. un jeune mineur isolé. Pour chaque kamishibai vendu, 1,00 € est reversé au dispositif « Rétablissement des liens familiaux » de la Croix-Rouge française. Ce dispositif permet aux familles, ami.e.s séparé.e.s pendant leur périple ou leur traversée de peut-être pouvoir se retrouver. Voici un lien vers un extrait  et le lien vers la page de l’éditeur.
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  • Rapport national 2019 sur les centres et locaux de rétention. ASSFAM-Groupe SOS Solidarités, France Terre d’Asile, Forum Réfugiés-Cosi, La Cimade et Solidarité Mayotte constatent une volonté du gouvernement d’enfermer toujours plus et toujours plus longtemps les personnes étrangères qui subissent la violence de l’enfermement. A lire le communiqué de presse de la Cimade   pour télécharger le rapport, c’est ici, et rendez-vous le 20 octobre à 18h00 à l’Auberge de jeunesse de Calais pour une rencontre et une présentation du rapport par FTDA Coquelle.

En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • Un rapport inter-associatif est remis au Comité des droits de l’enfant sur  les manquements de la France à ses obligations en matière de protection des mineur.e.s isolés.e.s aux frontières. Refoulements illégaux, mises à l’abri insuffisantes et inadaptées, graves carences dans l’accompagnement des enfants : tels sont les constats quotidiens des associations, présentes aux frontières franco-italienne (de Menton à Modane en passant par Briançon), franco-espagnole (entre Irun et Hendaye) et franco-britannique (dans le Calaisis, le Dunkerquois, et tout le long du littoral de la Manche. C’est à lire ici.

  • Distributions de repas aux migrants interdites à Calais : 13 ONG et associations d’aide aux migrants ont déposé, mercredi 23 septembre, un recours devant le Conseil d’Etat pour contester l’arrêté préfectoral leur interdisant de distribuer des repas dans le centre-ville de Calais. Leur demande, qui promeut le « principe de fraternité », avait  été rejetée la veille par le tribunal administratif de Lille. A lire l’article du Monde. Le 25 septembre, le juge des référés du Conseil d’État confirme la décision du juge des référés du tribunal administratif de Lille de ne pas suspendre, en urgence, l’arrêté préfectoral interdisant aux associations de distribuer de la nourriture aux migrants dans certaines zones du centre-ville de Calais. Le juge note que cette interdiction n’empêche pas les associations de réaliser leurs missions à proximité immédiate du centre-ville. Il précise, à cet égard, que l’interdiction de distribution est strictement limitée aux zones définies par le préfet. Lire la décision du Conseil d’Etat. Mercredi 30 septembre, la préfecture du Pas-de-Calais a prolongé et étendu à de nouvelles zones l’interdiction de la distribution de repas aux migrants jusqu’au 19 octobre.

  • Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a présenté, le 23 septembre, un « Nouveau Pacte pour l’Asile et la Migration » qui doit remplacer le règlement de Dublin, devenu au fil du temps inapplicable. « Plutôt que d’exiger vainement des pays d’Europe centrale l’accueil d’étrangers dont ils ne veulent pas, le texte veut les obliger à organiser et à financer le refoulement des personnes déboutées. S’ils n’y parviennent pas, ils devront les admettre sur leur territoire » Lire la suite de cet article du Monde. Parmi les premières réactions à ce nouveau Pacte, à lire le communiqué de presse d’Euromed Droits.

Pour comprendre / pour cogiter


  • « Les migrants en bas de chez soi » un ouvrage d’Isabelle Coutant, à retrouver ici, une fiche de lecture de Mathilde Pette. « Un lycée désaffecté est occupé par des migrants (…) Isabelle Coutant, sociologue et habitante du quartier, retrace ici l’événement en s’appuyant sur une enquête ethnographique entamée pendant l’occupation et poursuivie jusqu’à l’hiver 2016. Les migrants sont partis et la sociologue reste pour interroger les acteurs et saisir ce que l’événement a fait au quartier et à ses habitants.« 

  • Pour Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), le manque de convergence dans l’UE complique le système d’accueil des réfugiés. Dans cette interview accordée au journal Libération, il développe l’absence de liste commune des pays d’origine considérés comme sûrs, l’évolution du nombre des demandes d’asile en France mais aussi les difficultés d’intégration des personnes ayant obtenu le statut de réfugié.

  • « Fermer les routes migratoires est absurde et dangereux » pour François Gemenne. Face à l’augmentation du nombre de migrants traversant la Manche au départ de la France, les autorités britanniques viennent d’appeler à la rescousse la Royal Navy pour rendre cette route maritime « impraticable ». Le chercheur François Gemenne explique pourquoi chercher à empêcher les migrants de passer ne sert à rien. Pour éviter des morts en mer, il plaide pour la mise en place de voies d’accès « sûres et légales ». A lire l’entretien sur Mediapart
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Des bateaux utilisés par des migrants stockés au port de Douvres, le 15 août 2020. © AFP

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  • Une déclaration commune sur le sauvetage en mer est à trouver ici, à l’initiative de l’association Agora Europe qui vise à « renforcer le principe universel du non-refoulement, avec la conviction que la protection des vies en mer doit perdurer à la fois en tant que priorité actuelle de l’action européenne et en tant que valeur commune, sur le long terme et sur le plan transnational. » Cette déclaration a été publiée le 3 octobre dernier, qui est la journée nationale italienne en mémoire des victimes de l’immigration.