La Lettre d'infos n°49

Publié le 4 février 2021
Sommaire

Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • A Calais, toujours les mêmes conditions de vie très précaires pour les personnes en exil, les mêmes violences de la part de la police, la même régularité des expulsions, les mêmes destructions de leurs effets personnels et leur même volonté de partir en Angleterre. Reportage de Romain Mahdoud à voir sur le Média. Des nouveautés : l’expulsion des personnes vivant sous les ponts du centre-ville le 19 janvier. Des arceaux à vélo ont été installés pour empêcher ces personnes de revenir, puis enlevés puis remplacés par des poteaux en fer. Mi-janvier le Plan Grand Froid a été déclenché…pour quelques nuits seulement.

  • A Grande-Synthe, les sous-bois du Puythouck, réserve naturelle, servent d’abri de fortune pour au moins 300 personnes exilées. Il neige en ce mois de janvier, les températures sont négatives et les sols détrempés. Pourtant des personnes dorment là chaque soir, sous des tentes et des bâches. A lire le reportage de Radioparleur.

  • Du côté de Norrent Fontes, les Erythréens vivent beaucoup d’événements hostiles : le vol de leurs cantines qui protégeaient la nourriture et leurs affaires, des accrochages avec des fermiers et des chasseurs du coin ; leurs chats ont disparu et ils ont dû déménager leurs affaires de « cuisine » un peu plus loin. Le maire de Saint Hilaire Cottes contacté trouve que les exilés sont dérangeants. Ils sont toujours hébergés les week-ends ce qui leur donne un peu de répit par rapport aux conditions très difficiles dans lesquelles ils survivent.

  • Les Vietnamiens, peu nombreux, ne sont pas les bienvenus dans le nouvel endroit où ils se sont installés. Ils ne souhaitent pas être hébergés et survivent  dans des conditions très très difficiles (notamment rien pour se réchauffer).

  • Au PRAHDA à Foucquières-lès-Béthune (le sigle signifie Programme d’Accueil et d’Hébergement des Demandeurs d’Asile), les « cours » de français ont repris, ce qui fait beaucoup de bien aux bénévoles de Terre d’Errance et aux personnes exilées. L’établissement est maintenant interdit aux visiteurs d’où la difficulté de maintenir des liens avec les personnes. Il y a eu de nombreux transferts vers d’autres villes de personnes qui étaient présentes depuis plus d’un an, des transferts voulus ou imposés.
et ailleurs

  • Désengorger la région parisienne, prévenir la formation de campements de migrants et répartir l’accueil dans les autres régions de France, ce sont les 3 grands objectifs du plan Schiappa, du nom de la ministre déléguée à la citoyenneté. InfoMigrants fait le point sur les principales mesures qui s’appliquent dès janvier et pour deux ans.

  • « A la frontière franco-italienne, l’Etat commet des violations quotidiennes des droits humains ». Une tribune du Monde rédigée par l’anthropologue Didier Fassin et le médecin Alfred Spira alerte :  » Toutes les nuits, dans les Hautes-Alpes, au col de Montgenèvre, des hommes, des femmes et des enfants en provenance du Moyen-Orient, d’Afrique subsaharienne ou du Maghreb tentent de passer à pied d’Italie en France, dans la neige et le froid. Toutes les nuits, puissamment équipés, des agents de la police aux frontières et des gendarmes s’efforcent de les en empêcher et de les reconduire de l’autre côté de la frontière. Toutes les nuits, des bénévoles font des maraudes pour porter assistance à ceux qui, une fois sur le territoire français, essaient d’échapper à leur arrestation. Cette étrange dramaturgie se reproduit depuis 4 ans« .

  • A la frontière franco-espagnole, des blocs de béton ferment 5 routes secondaires entre France et Espagne. La préfecture a décidé, à la demande du gouvernement, une fermeture physique de ces routes avec l’installation de lourds blocs de béton en travers de la chaussée. Une mesure qualifiée de « temporaire » mais pour une « durée illimitée » pour le moment. Les raisons nommées : les luttes contre le terrorisme, contre les trafics et la contrebande mais aussi l’immigration clandestine. « 30 à 50 personnes sont interpellées chaque jour en situation irrégulière depuis novembre » selon le préfet des Pyrénées-Orientales. Une habitante d’un col s’exprime au micro de France 3 : « C’est toujours dommage d’empêcher les gens de circuler librement, quelque soient les circonstances, je pense que si on a fait l’Europe, c’est pour que les gens puissent circuler. » Voir ici l’article de France 3 Occitanie
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Col de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) – 11 janvier 2021. • © F3 LR A.Chéron.

  • L’agence européenne Frontex fragilisée par les accusations d’expulsions illégales. L’agence de surveillance des frontières de l’UE, qui a annoncé qu’elle suspendait ses opérations en Hongrie, est accusée d’avoir participé aux pushback (refoulements), qui consiste à repousser les migrants sans leur laisser la possibilité de déposer une demande d’asile. Lire l’article du Monde.
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La frontière entre la Serbie et la Hongrie, à Asotthalom, en avril 2019. DARKO VOJINOVIC / AP

Infos des assos


  • Le projet Human Rights Observers recherche un.e juriste qui apportera son soutien au collectif qui observe et documente quotidiennement les atteintes aux droits humains des personnes exilées à Calais et à Dunkerque. Retrouvez l’offre d’emploi ici !

  • L’Auberge des Migrants détourne une entreprise de vente en ligne ! L’objectif est d’alerter sur la situation des personnes en exil à Calais et Grande Synthe, mener une campagne de dons et récolter des soutiens. L’association a créé une liste d’articles favoris sur le site, qui sont des objets de première nécessité pour les personnes exilées. Cette liste d’articles est aussi l’occasion pour des personnes qui ont vécu l’exil de témoigner du quotidien sur les Jungles, et cela directement par commentaires sur cette plateforme d’achats en ligne qui est l’un des endroits les plus fréquentés du moment. C’est ici !
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Un des produits essentiels pour les personnes sur les camps

Faire et dire, les personnes premières concernées


  • « C’est mon histoire, celle d’une mère endeuillée dont le cœur brisé hurle. Elle crie parce qu’elle a perdu son bébé ». Aleksandra Hazhar, fille de Hazhar Ibrahim et Rupak Sharifest, née le 2 septembre 2020, est décédée 3 jours plus tard d’une anoxie périnatale suite à une naissance prématurée. Sa famille, sa mère enceinte de plusieurs mois, avait été interceptée sur une plage par la police suite à une tentative de traversée en bateau. A lire sur le site de Calais Migrants Solidarity la lettre de cette mère au cœur brisé.

  • Malgré une formation diplômante, la difficile obtention d’un titre de séjour à 18 ans pour les jeunes non accompagné.e.s. Les refus de titre de séjour laissent les jeunes désabusé.e.s, c’est la grève de la faim d’un patron à Besançon pour l’apprenti guinéen qu’il employait dans sa boulangerie qui a mis la lumière sur ces refus de régularisation. Ousmane, un apprenti cuisinier malien de 20 ans, a le sentiment « d’avoir fait tout ce qui était demandé » : apprendre le français, suivre assidûment son CAP de cuisine dans le Calvados… « Quand j’allais en cours, je me levais à 4 heures du matin pour ne jamais être en retard », insiste-t-il. Il poursuit aujourd’hui sa formation en apprentissage dans un restaurant normand. Lui aussi a reçu une obligation de quitter le territoire. « Je ne comprends pas, répète-t-il. On nous aide au départ et ensuite plus rien. C’est comme si on nous faisait monter en haut d’un arbre, et une fois qu’on y est, on le coupe. » ». Des témoignages des personnes concernées à retrouver dans cet article du Monde.

Infos de la PSM


  • La sortie du Journal des Jungles n°14, c’est pour très bientôt ! C’est un numéro sur les violences subies par des personnes en exil survivant dans des campements de fortune sur un quai de Ouistreham et des demandeurs d’asile, qui se retrouvent « entre parenthèses » à Caen. Des violences connues durant leur voyage et retrouvées sous des formes différentes une fois arrivées en France. En attendant d’avoir le JDJ entre les mains, un extrait du texte de Akmar : « En Afghanistan J’avais tout entre les mains, c’était moi qui décidai. Si je croisais quelqu’un dans la rue, je lui disais : « passe à la boutique ». J’avais des choses à faire. J’étais avec ma femme. Ici, je suis dans une chambre et on me dit de dormir. Je ne connais personne, je n’ai pas d’activité. Je n’ai pas de programme sauf deux jours par semaine où j’ai un rendez-vous fixe avec mon cours de français« .

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Envie d’agir


  • Appel des associations de Grande Synthe à un envoi citoyen massif d’un courrier demandant un hébergement inconditionnel ! Les associations vous proposent de demander avec elles « un dispositif de mise à l’abri pérenne, accessible à tous de manière inconditionnelle, durant toute la période hivernale et disséminé le long de la côte ». Elles ont déjà envoyé la lettre au préfet du Nord, au Sous-préfet de Dunkerque, au Président de la Communauté Urbaine de Dunkerque et au Maire de Grande-Synthe. A vos plumes, voici le modèle de la lettre à modifier, signer et envoyer aux autorités !

  • A Paris, « Les cuistots migrateurs » proposent à des réfugié.e.s une formation culinaire gratuite et qualifiante. Les personnes sont Soudanaises, Afghanes, Ougandaises ou Libyennes et suivent cette formation intensive combinant apprentissage du français et découverte pratique du métier. Ils devraient décrocher, fin avril, le certificat professionnel de commis de cuisine. « La cuisine est, avec le BTP, un des premiers débouchés pour les migrants. Mais trop souvent, quand ils trouvent un travail, c’est à la plonge ou dans des postes où ils sont exploités sans perspective d’évolution », explique Sébastien Prunier, l’un des fondateurs des Cuistots migrateurs dans un article de Télérama. Le projet est amené à se développer : Les Cuistots migrateurs espère former une centaine d’élèves en 2021, et ouvrir un deuxième cursus « service en restauration et sommellerie », suivi, pourquoi pas, d’un autre en boulangerie-pâtisserie… Une envie d’agir à suivre !

Belles échappées


  • Le Prix Caritas Photo Sociale soutient les photographes qui s’investissent sur les questions de la pauvreté et de l’exclusion en France. Aglaé Bory est la lauréate de cette première édition. Voir « Odyssées », le travail photographique sur l’exil qu’elle a réalisé dans la ville du Havre : la photographe y a suivi plusieurs personnes en situation d’exil, demandeurs d’asile ou réfugiés, le plus souvent en attente de statut.
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« Odyssées » Aglaé Bory

Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues


  • Troisième édition du Petit guide de la Cimade – Lutter contre les préjugés sur les migrants. Elle a été mise à jour et entièrement remaniée. Elle est encore plus accessible, pour jouer avec nos représentations, et susciter curiosité et réflexions. Un Petit guide conçu pour être glissé facilement dans une poche, consulté, partagé et distribué (gratuitement). La réponse c’est ici ainsi que le guide complet.
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En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • Une Foire Aux Questions (FAQ) sur la procédure française en cas de décès d’une personne exilée, produite par La Cimade. Première règle d’or : écouter, respecter et accompagner les souhaits de la famille, des proches et de la communauté. Ils et elles savent gérer les deuils et les décès dans des contextes classiques. Les proches ne sont pas familiers des procédures prévues en cas de décès d’une personne en France. C’est dans ce cadre que les besoins de soutien apparaissent. A retrouver sur le site de La Cimade.

  • Contre l’inaction de l’Etat français face aux contrôles d’identité discriminatoires,  Amnesty International et  cinq autres associations lancent une action de groupe et mettent en demeure le Premier ministre et les ministres de l’Intérieur et de la Justice d’apporter des remèdes à la pratique généralisée des contrôles d’identité discriminatoires, appelés aussi « contrôles au faciès ». Il est temps que le gouvernement français s’attaque aux causes profondes de ces pratiques et prenne des mesures concrètes pour qu’elles cessent. Cette initiative intervient dans un contexte de crise de confiance entre la police et la population. A retrouver sur le site d’Amnesty International.

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  • « Il est urgent de garantir la liberté citoyenne d’informer et d’être informé ». Pour rappel, deux journalistes empêchés par la police, sur « ordre de la préfecture », de couvrir les opérations d’évacuations des camps de personnes migrantes à Calais avaient déposé un référé-liberté afin que la justice enjoigne aux préfectures du Nord et du Pas-de-Calais de laisser la presse travailler sereinement lors de ces opérations. Le Tribunal administratif de Lille avait rejeté leur recours le 5 janvier dernier, au motif d’une “absence d’urgence”. C’est avec le concours de plusieurs confrères et consœurs entravés dans leur travail ces dernières semaines, que ces deux journalistes ont décidé de faire appel devant le Conseil d’État qui a validé  le 3 février l’éloignement des journalistes lors des évacuations et estimé qu’il n’y avait pas atteinte à la liberté de la presse.  Information à retrouver sur le site de Reporterre et de France Info.

Pour comprendre / pour cogiter


  • « Nous, élus, avons décidé de soutenir SOS Méditerranée » : l’appel de 28 collectivités pour « l’inconditionnalité du sauvetage en mer » Ces élu.e.s, maires et président.e.s d’intercommunalités, de conseils départementaux et régionaux ont décidé, avec leurs assemblées locales, d’apporter un soutien moral et financier à SOS Méditerranée, qui vient en aide aux migrant.e.s. Les élu.e.s lancent un appel dans une tribune publiée sur France Info.
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Ocean viking, Crédit : Anthony Jean / SOS Méditerranée

  • « La forteresse Europe remonte le pont-levis ». « Le Pacte sur la migration et l’asile récemment présenté par la Commission européenne a pour objectif quasi exclusif d’empêcher les migrants et les réfugiés de mettre le pied en Europe et de les décourager de venir« . Retrouvez ce décryptage du pacte européen sur la migration sur le site Voxeurop.

  • « Impunité : l’urgence de changer de cap » Le 11 décembre, a eu lieu une journée de réflexion coorganisée sous forme de webinaire par le Pôle Solidarités Internationales-Europe, la Cimade Centre-Ouest et le CRID (Centre de Recherche et d’Information pour le Développement). 470 personnes ont creusé le sujet de l’impunité : de ses origines, de comment elle se maintient et perdure et de comment se mobiliser contre elle. Une des thématiques portait sur les violations des droits des personnes migrantes à la frontière gréco-turque. Un retour en  images et vidéos de la journée à trouver sur le site de la Cimade.
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