La Lettre d'infos n°50

Publié le 9 mars 2021
Sommaire

Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • Calais, Grande-Synthe et le grand froid. Activation du plan Grand froid à Calais. Les autorités ont ouvert deux hangars d’une capacité insuffisante et l’accès en est difficile. À Grande-Synthe, le plan Grand froid n’a pas été activé par la préfecture du Nord, le sous-préfet de Dunkerque assume « le choix fait dans le Nord de ne pas ouvrir de gymnase ou de grande salle qui créerait des points de fixation ». Il propose des mises à l’abri en CAES mais beaucoup de personnes exilées ne souhaitent pas s’y rendre. Elles ne veulent pas s’éloigner du littoral de peur de manquer une occasion de partir en Angleterre. Le 115 n’est pas non plus une solution. A Calais comme à Grande-Synthe de trop nombreuses personnes ont donc été contraintes de dormir dans la neige. Lire l’article d’Infomigrants à ce sujet.
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  • Des lieux de répit, pour un accueil digne et inconditionnel. A 25 kms de Grande-Synthe, La maison Sésame accueille jusqu’à une quinzaine de personnes kurdes en transit, parmi les plus vulnérables. On y propose plus qu’un toit et une douche, on y repense l’accueil. Retrouvez des témoignages et des photos ici. A Calais, « la crèche » accueillait en priorité des mineurs isolés, ceux dont la minorité n’a pas été reconnue, et les personnes sortant de l’hôpital. Un lieu précieux mais fragile : il a été fermé le 26 février sur décision de la Mairie. La maison Maria Skobtsova accueille, elle, des femmes et des familles. Ici aussi, on met en avant la convivialité. « Cette maison, c’est leur maison, souligne Joëlle. Il y a des bénévoles qui passent, donnent parfois des cours de langues. Le soir, on mange ensemble. ». A retrouver sur le site de Passeurs d’Hospitalités.
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  • A Calais se poursuit l’absurde confiscation des tentes. L’expulsion tous les deux jours des terrains occupés par les personnes exilées se double d’une confiscation de leurs effets personnels. Tentes, duvets, documents… sont, en théorie, stockés et peuvent être récupérés. Dans les faits, huit à dix tonnes d’affaires finissent chaque mois à la poubelle. Reportage à lire dans Reporterre.
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Photo : Reporterre .Les employés de la ressourcerie jettent une tente non réclamée.

  • A Cherbourg, entre 20 et 30 personnes survivent dans un campement aux marges de la ville, sans aucune prise en charge par L’État. Le 5 février dernier, l’association Itinérance Cherbourg a invité différents élu.e.s à venir se rendre compte de la situation de ces personnes, comme le relate cet article.
et ailleurs

  • Un centre d’hébergement d’urgence a ouvert à Paris pour ces jeunes qui attendent que la justice reconnaisse ou non leur statut de mineur.e.s isolé.e.s étranger.e.s.« C’est bien qu’ils aient ouvert un lieu, mais ça ne correspond absolument pas à l’ampleur du problème », s’est inquiétée Corinne Torre, responsable en France de Médecins sans frontières (MSF). « On demande un vrai dispositif avec un accompagnement pluridisciplinaire », notamment médical, insiste MSF. A lire l’article du Monde.

  • Dans le Kent, des personnes demandant l’asile, détenues dans des casernes de l’armée, réclament que soient respectés « les droits humains fondamentaux ». S’adressant à The Guardian, des volontaires ont fait part de leurs préoccupations concernant l’état insalubre des logements, certaines chambres étant occupées par 15 personnes à la fois. Les expert.e.s en santé mentale ont condamné l’utilisation de ces casernes de l’armée. A lire cet article de The Justice gap et celui de The Guardian en anglais ou en français.

Infos des assos


  • A Calais, on met des noms sur les tombes. Un « groupe décès » a été créé en 2017. Une vingtaine de personnes (simples citoyen.ne.s ou salarié.e.s d’associations comme le Secours catholique, Utopia56, Médecins du monde ou la Croix-Rouge) œuvrent pour identifier les personnes décédées, retrouver leur famille et leur donner une sépulture digne conformément à leurs rites et aux souhaits de leurs proches. A retrouver dans cet article du journal La Croix.

Faire et dire, les personnes premières concernées


  • Rwpak et Hazhar, assistés de Me Julie Gommeaux, viennent d’adresser une plainte contre les forces de l’ordre, le 19 février 2021, au procureur de la République de Boulogne-sur-Mer pour « violences volontaires sur une femme en état de grossesse ayant possiblement causé le décès de son enfant à la naissance ». L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de l’affaire « et la prend très au sérieux », précise l’avocate. A retrouver dans ces articles du Monde et de Libération.

  • Oumar est devenu majeur en France : « le jour de mes 18 ans tout s’est effondré ». « Je suis Guinéen et j’ai 18 ans. J’ai débarqué en France en août 2017 après avoir traversé l’Algérie, le Maroc et l’Espagne. À mon arrivée, j’ai tout de suite été pris en charge par la ville d’Agen car je n’avais que 16 ans. J’ai très vite été reconnu mineur et hébergé dans un foyer pour jeunes… » Retrouvez la suite de son témoignage avec Infomigrants.
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Paroles recueillies par la CNCDH lors de sa venue en décembre sur le littoral

Infos de la PSM


  • Le Journal des Jungles n°14, intitulé « Violences », est enfin là ! La résidence d’écriture avait été accueillie, du 16 au 18 octobre 2020, dans les locaux du syndicat Solidaires à Caen. Ce numéro a réuni des personnes exilées ayant quitté le Soudan et survivant aujourd’hui dans un campement sur un quai de Ouistreham, des personnes ayant fui l’Afghanistan, en attente d’une réponse sur leur demande d’asile, ainsi que des bénévoles et militant.e.s de Caen, Ouistreham, Norrent-Fontes, St-Omer et d’ailleurs ! Vous souhaitez recevoir des exemplaires papier du Journal ? Écrivez nous à : sensibilisation[at]psmigrants.org.
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Envie d’agir


  • Mobilisons nous pour que soient logées les personnes exilées survivant dans un camp de fortune sur la friche Saint-Sauveur à Lille. Alors que ces personnes dorment dans la boue et qu’un immeuble est inoccupé à proximité, une pétition vient d’être lancée pour réclamer une solution digne et vivable. Pour la signer, c’est ici.
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Photo : La Voix du Nord

Belles échappées


  • « L’apiculteur d’Alep » de Christy Leftery : le roman d’un exil. ll y est question de la guerre en Syrie. Les bombes, les snipers, la douleur indicible de la mort d’un enfant, la fuite, les passeurs, le froid, la faim, la peur, les camps de réfugié.e.s, encore les passeurs, la mer immense, noire et mortelle, la misère. Mais c’est aussi, et surtout, une magnifique histoire d’amitié, d’amour et d’espoir.

Autres temps de formation et d’échanges


  • Le quatrième webinaire en préparation du Forum social européen sur les migrations aura lieu le 11 mars à 14h00 à Lisbonne via la plateforme zoom. Il aura pour thème : « Droit de l’homme et migration : militarisation des frontières, criminalisation des migrants et criminalisation de la solidarité ». Voir l’évènement Facebook et vous inscrire ici pour participer à ce webinaire.
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  • Conférence en ligne le 15 mars à 18h30 : « Enfermement des étrangers et pandémie, plus qu’une banalisation, un acharnement politique ». L’OEE (Observatoire de l’enfermement des étrangers) s’est fortement mobilisé depuis le début de la crise sanitaire. Il a notamment dénoncé le non-respect des protocoles sanitaires dans les lieux d’enfermement, saisi les juges de l’absence de base légale des rétentions, alors que les frontières étaient fermées, alerté les autorités administratives indépendantes des violations des droits des personnes. Un an après le premier confinement, l’OEE souhaite partager le plus largement possible ses constats et échanger, réfléchir avec toutes celles et ceux qui se sentent concerné.e.s par l’effectivité des droits des personnes étrangères privées de liberté. Pour vous inscrire et recevoir le lien, c’est par ici.

  • La PSM, avec le soutien de l’URIOPSS, propose une journée de formation : « Organiser et animer une réunion, niveau 1 ». Ce sera un temps de formation à distance, en visio, sur 2 demi-journées, la première dès le lundi 15 mars. Cette formation s’adresse à toutes celles et ceux qui n’ont pas forcément d’expérience d’animation ou encore à celles et ceux qui sont déjà amené.e.s à préparer et animer des réunions mais souhaiteraient être plus à l’aise.

Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues


  • Pacte européen sur la migration : beaucoup de fantasmes ! La Commission Européenne a présenté, le 23 septembre dernier, ses propositions pour un « nouveau pacte sur la migration et l’asile ». Ce dernier, complexe dans son montage et son contenu, laisse ainsi le champ libre à des interprétations et donc à une potentielle instrumentation. « Le pacte réduirait la possibilité d’expulsion et de retour dans le pays d’origine. Comment ? En réduisant la durée des possibilités légales d’expulsion » : FAUX. Des décryptages de Virginie Giraudon et Barbara Joannon pour Désinfox-Migrations.
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En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • Déclaration des droits des personnes sans abri. Initiée par la Fondation Abbé Pierre et la Feantsa dans le cadre d’Housing Rights Watch et de sa campagne « La pauvreté n’est pas un crime », visant à lutter contre la criminalisation croissante des personnes sans abri, cette Déclaration s’inscrit dans un cadre européen. Retrouvez les 14 articles de cette déclaration ici.
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  • L’État viole les droits fondamentaux des migrants selon la CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme ) à Calais et Grande-Synthe. A la suite du troisième déplacement de la CNCDH à Calais et Grande-Synthe les 15 et 16 décembre 2020 pour y rencontrer les personnes exilées, les autorités publiques et les associations, la Commission recommande aux pouvoirs publics de mettre un terme à la politique sécuritaire dite « zéro point de fixation », aux conséquences désastreuses pour les personnes exilées et les aidant.e.s. La CNCDH rappelle également la nécessité de mettre en place un « socle humanitaire » à Calais, évoqué par le Président de la République, pour répondre aux besoins les plus essentiels des personnes exilées. Enfin, à l’issu d’une trentaine de recommandations, la CNCDH souligne la nécessité de mettre en place, dans les négociations post Brexit avec le Royaume-Uni, une protection internationale des personnes exilés. A lire le texte intégral de l’avis et une analyse du Monde.

  • Que signifie cette idée de « sécurité globale » et d’où vient-elle ? Quels sont les nouveaux systèmes de surveillance envisagés ? Pourquoi la liberté d’opinion est-elle menacée ? Pour y voir plus clair, il est possible d’écouter des spécialistes dans ce film en libre accès. Il croise les points de vue de sept universitaires, chercheuses et chercheurs en droit, spécialistes du droit pénal, de politique criminelle, des données personnelles et de l’espace public. Le Gisti s’oppose à cette loi. « Parmi les nombreuses propositions dangereuses de ce texte, trois articles risquent de limiter la liberté de manifester dans des proportions injustifiables ». A retrouver ici. Pour agir avec Amnesty International en interpellant les sénateurs et sénatrices, c’est ici.

Pour comprendre / pour cogiter


  • Schéma national d’accueil des demandeurs d’asile et d’intégration des réfugiés 2021-2023.Le schéma national d’accueil a été créé par la loi du 29 juillet 2015 qui prévoyait alors qu’il fixe la répartition régionale du nombre de places d’hébergement. Le ministère de l’intérieur a publié ce nouveau schéma attendu depuis 5 ans et entré en vigueur en janvier 2021. Le schéma national, c’est ici. Des propositions d’explications de son principe et de ses enjeux par la Cimade, c’est là.
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En rouge, les allocataires ADA non hébergés. En vert, les allocataires hébergés.

  • Visas pour l’UE : les compagnies privées profitent, les demandeurs galèrent. Au sein de sa politique des visas, l’Union européenne a développé deux priorités problématiques : le lien avec les réadmissions et le recours aux sous-traitants privés. Et cela au détriment des personnes qui souhaitent venir légalement en Europe. Explications sur le site de voxeurop.
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Enrico Bertuccioli/Cartoon Movement

  • A bord de « l’Ocean Viking », pourquoi les mineurs non accompagnés ont fui leur pays. Lors de ses deux rotations en 2021, du 11 au 25 janvier, puis du 2 au 7 février, l’Ocean Viking a recueilli 254 mineurs non accompagnés, soit près du tiers des personnes secourues. Certains fuient la dictature de leur pays, la pauvreté ou un mariage forcé, d’autres aspirent à la mobilité. Ils embarquent seuls à bord de canots pneumatiques dans l’espoir d’une vie meilleure. Des témoignages et une analyse de François Gemenne sur Médiapart.