La Lettre d'infos n°52

Publié le 8 mai 2021
Sommaire

Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • A « Coquelles, ce 27 avril 2021. Une nouvelle fois 110 habitants de terrain ont été expulsés sans respect de leurs droits. Lire l’article de Passeurs d’hospitalités.  Ensuite « ce terrain a été mis à nu, en y arrachant tous les arbres et arbustes, tout près d’un sentier de randonnée et de la base de voile de Sangatte. Le but ? Empêcher les exilés d’y trouver un abri précaire, et permettre de les pourchasser plus aisément ! Comme pour les zones de dunes de la Jungle, les bois de la zone du tunnel, du Fort Nieulay, de la route de Gravelines… » A retrouver dans ce  communiqué de presse de EELV, Salam et l’Auberge des Migrants.

  • Dans un  fossé  du  Béthunois, Le 13 avril, encore une expulsion pour un tout petit campement de 12 personnes. Les tentes ont été confisquées.

  • A Grande-Synthe, Le vendredi 16 avril matin, la mairie de Grande-Synthe, sans aucune concertation, (ni les personnes concernées, ni les associations, ni la Ferme des Jésuites,  hébergeur d’une association qui aide des personnes en réinsertion) a organisé le déplacement des personnes qui vivaient au Puythouck , sans interprète mais  avec la police municipale, et des tracteurs.  La mairie a prévu 3 emplacements différents pour 3 communautés différentes (les personnes kurdes, les personnes vietnamiennes et les personnes pakistanaises). Les emplacements pour le point d’eau et la distribution des repas sont relativement assez éloignés des tentes des personnes. Les associations sont inquiètes car l’accès pour atteindre ce nouveau lieu de vie est difficile. Les personnes sont de plus en plus invisibilisées avec ce déplacement.

  • A Ouistreham, errance et espérance des exilés soudanais. Depuis 2016 et le démantèlement de la « Jungle de Calais », beaucoup tentent de traverser la Manche depuis Ouistreham, où une petite communauté s’est installée. Sous la surveillance accrue des autorités françaises, certain.e.s des habitant.e.s se sont organisé.e.s pour leur venir en aide. Ecoutez le Grand reportage de Martin Guez à ce sujet. Entre 15 et 30 personnes séjournent de nouveau à Tailleville, le centre ouvert par la préfecture du Calvados lors du 1er confinement en mars 2020, à une quinzaine de kilomètres de là. Mais le plus grand nombre d’entre eux survivent dans les bois, le long du quai de Ouistreham, sans même un accès décent à l’eau. Pour dénoncer cette situation, l’AG de lutte contre toutes les expulsions de Caen a inauguré ce 2 mai deux nouveaux squats à proximité, invitant les personnes exilées qui le souhaitent à venir s’y reposer et s’y laver. Voir l’article ici.
et ailleurs

  • A Menton, les préfabriqués où sont enfermés les personnes exilées en attente de renvoi vers l’Italie, ne fermeront pas, a décidé la justice, rejetant les requêtes de deux associations. Pour le Conseil d’État, il n’y a pas d' »atteinte grave » aux libertés fondamentales des personnes dans ces lieux. Infomigrants retrace les requêtes de deux associations.

Infos de la PSM


  • La PSM recrute un coordinateur ou une coordinatrice !! Vous avez le goût de vous engager dans l’animation d’un réseau associatif en soutien aux personnes exilées bloquées à la frontière franco-britannique ?!!? L’offre est ici ! Faites-la circuler !

  • Le mercredi 19 mai, 18h, la PSM vous invite à une rencontre en visio-conférence sur les politiques d’immigration et de contrôle de la frontière du Royaume-Uni ! Nous aurons la chance de pouvoir échanger à ce sujet avec Frances, du Refugee Rights Europe, et Travis, de Watch the Channel ! Pour vous inscrire, c’est ici !

  • C’est parti ! La PSM et les associations agissant auprès des personnes exilées à Calais, soutenu.e.s et coaché.e.s par l’équipe d’Amnesty France, ont officiellement lancé la campagne « Calais M » ! Fort.e.s des résultats d’une enquête de l’Institut Harris menée auprès de la population calaisienne — sur les perceptions que celle-ci pouvait avoir de la situation des personnes exilées, et de l’action des associations en particulier –, les bénévoles et militant.e.s partent à la rencontre des habitant.e.s de Calais ! Objectif : mieux se connaître, mieux se comprendre et, à terme, être solidaire ensemble… Découvrez ici le communiqué de presse préparé par les associations pour le lancement, avec quelques premiers résultats de l’enquête Harris !

Infos des assos


  • Utopia 56 : un documentaire qui raconte le quotidien de ceux et celles qui viennent en aide aux personnes exilées dans les situations les plus urgentes. Tourné en décembre 2020, il est à retrouver sur le site de Radio Parleur

  • Emmaüs Roya, la première communauté Emmaüs agricole et paysanne. Elle a ouvert ses portes à l’été 2019 à Breil-sur-Roya, dans la ferme de Cédric Herrou. Les compagnon.ne.s sont ici des réfugié.e.s, des étranger.e.s qui demandent l’asile, des sans-domiciles fixes, des personnes intéressées par l’agriculture bio et paysanne. Une production à la fois vivrière et à destination commerciale. Une activité qui les aide à se reconstruire, à reprendre confiance en eux. « C’est un projet de société alternatif fort ». Retrouvez l’interview de Loïc Le Dall, Président de cette communauté et l’article de France bleu.
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Emmaüs Roya, une nouvelle solidarité agricole

  • Le CAMO, Collectif d’Aide aux Migrants de Ouistreham,  et une réflexion sur la distribution des  repas aux personnes exilées. Découvrez ici ce qu’en dit Jessica, bénévole :  » C’est ça qui est compliqué : c’est nous qui avons le pouvoir, on a la bouffe, on fait comme on veut. C’est ce qui est parfois culpabilisant, de se dire comment on peut échanger et faire en sorte que ce soit digne pour eux quand même, mais que tout le monde ait à manger aussi ».  Comment s’adapter aux goûts et pratiques alimentaires des personnes ? Comment faire évoluer les formes de distribution ? Comment lutter contre cette inégalité évidente dans la relation ? Un dossier de Camille Gourdeau,  c’est ici.

Faire et dire, les personnes premières concernées


  • Les cahiers de « Je suis ici ». Le collectif La Forge essaie de faire entendre celles et ceux qui ne sont pas audibles. Et ce, avec eux et par eux. Il a proposé des ateliers à de  jeunes exilé.e.s scolarisé.e.s dans un lycée amiénois et des étudiant.e.s suivant les enseignements Français Langue Étrangère à l’Université de Picardie Jules Verne. Ces lycéen.ne.s se sont vu confier des appareils photos pour mettre en image leur quotidien. Ils ont écrit et participé à une performance. Ils ont tenté de dire l’indicible grâce au dessin. Ils ont participé à la réalisation d’une bande dessinée. Bons visionnage et lecture de ces 5 fascicules.
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« Buisson humain » réalisé par des élèves exilés du Lycée professionnel de l’Acheuléen , apprentis en métallerie. Ils ont réalisé leurs silhouettes en mouvement.

Envie d’agir


  • Appel à soutien par la Société des réalisateurs de films. A l’origine, en 2015, l’appel de Calais. L’initiative est venue de quelques réalisateurs et réalisatrices de films, vite soutenu.e.s par les signatures de 800 personnalités. Tou.te.s demandent l’arrêt immédiat des pratiques illégales de démantèlements, de destructions d’abris et de confiscations de biens personnels des personnes réfugiées. Dans l’élan de cet appel, fut créé la Cabane juridique pour répondre à un besoin fondamental, l’accès au droit. Qu’en est-il 5 ans plus tard ? Maltraitance et répression sont le quotidien institutionnalisé des personnes exilées et des associatifs à Calais. C’est pour cela qu’aujourd’hui la Société des Réalisateurs de Films publie une nouvelle tribune dans Libération.

Belles échappées


  • «Filmer les démantèlements des camps d’exilés : quels enjeux esthétiques et politiques ?» La Société des réalisateurs de films organise l’Ecole de la SRF,  un lieu de rencontre entre cinéastes et curieux du cinéma. Ces masterclass sont à la fois un moment d’échange sur les dimensions artistiques et professionnelles du métier de cinéastes, et de réflexions sur des sujets d’actualité politique des secteurs cinématographiques et audiovisuels. Nous vous invitons à découvrir cette nouvelle École de la SRF Une école animée par Valérie Osouf, avec Chloé Guerber-Cahuzac, Nicolas Klotz et Hind Meddeb.

  • Des films documentaires, à voir et revoir. « L’héroïque lande, la frontière brûle » film de 2018,  réalisé par Elisabeth Perceval et Nicolas Klotz, sur la jungle de Calais, en hiver 2016. « En territoire hostile » film de 2019, autrice et  réalisatrice : Chloé Guerber-Cahuzac, le récit de 7 exilés. A venir normalement durant ce mois de mai, « Paris Stalingrad » réalisé par Hind Medded et Thim Naccached, Paris, été 2016. Pour écouter ces réalisateurs et réalisatrices, suivre ce lien.
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  • "Change ton monde" de Cédric Herrou. Ce livre est une rencontre avec un  homme qui n’est pas seulement ce militant devenu symbole de l’aide aux personnes migrantes, définitivement relaxé le 31 mars après 11 gardes à vue, 5 perquisitions et 5 procès en 5 ans de lutte. « J’étais perché sur ma montagne, avec mes poules et mes oliviers, quand le monde est subitement venu à moi ».
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Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations


  • La Cimade, le Mémorial du camp de Rivesaltes et l’Université de Perpignan organisent des journées d’études consacrées aux oeuvres de secours et associations d’hier et d’aujourd’hui intervenant auprès des indésirables, notamment dans les camps d’internement et dans les centres de rétention administrative. Les regards croisés d’historien.ne.s, de sociologues, de politistes, de philosophes, de militant.e.s associatifs et d’élu.e.s viendront nourrir la réflexion. 4 rendez-vous sont proposés entre le 6 et 20 mai, entièrement en ligne. Voici les liens pour une présentation vidéo et le programme détaillé.
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  • Un séminaire de recherche en ligne le 12 mai prochain sur les « Politiques de l’exil – Territoires de la mort », autour de 2 membres du « groupe décès » mobilisé à la frontière franco-britannique. Par ailleurs, Karen Akoka présentera son dernier ouvrage,  « L’asile et l’exil ». Plus d’informations ici.
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Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues


  • « Les imigré.e.s  viennent en France pour profiter du système de soins » est un poncif qui a la vie dure et associe depuis une vingtaine d’années les étrangers à des “profiteurs” et “des touristes médicaux”. Il laisse également entendre qu’une bonne prise en charge, notamment des soins, des étrangers contribuerait au prétendu “appel d’air”. Chloé Tisserand déconstruit  ces affirmations pour  Désinfox de l’Institut Convergences Migrations.

En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • Justice pour la famille d’Aleksandra. Un communiqué venant en soutien aux parents d’Aleksandra Hazhar et de leur dépôt de plainte du  19 février  en réponse au communiqué de la préfecture publié le 3 mars 2021. Leur fille nouvelle-née est décédée en septembre dernier, quelques jours après une interception de la famille qui tentait la traversée, et leur interpellation qui a duré plusieurs heures sur la plage.

  • En France,  le Conseil constitutionnel a consacré la valeur constitutionnelle du « principe de fraternité », dans une décision du 6 juillet 2018. Les gardien.ne.s de la loi suprême ont donné une force juridique à cette devise républicaine et considéré qu’il en découlait « la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national ». Un article du Monde développe cette victoire Les personnes solidaires ne sont pas des coupables. La Cour de cassation de Lyon l’a confirmé, le 31 mars, en relaxant définitivement Cédric Herrou.

  • Pourtant  se tiendront, le 22 avril et le 27 mai à Gap et à Grenoble, les procès de plusieurs personnes solidaires de migrants. Des faits, graves, sont dénoncés à Montgenèvre depuis des semaines par une vingtaine de parlementaires qui se sont rendus, et continuent de se rendre, sur place pour les constater et témoigner : droit d’asile piétiné, assistance médicale empêchée, mise en danger d’autrui, séparation de la famille, poursuites abusives de bénévoles, gardes à vue de journalistes, interpellations, amendes et interrogatoires abusifs, tentatives d’intimidations… Les atteintes portées aux droits sont récurrentes. Lire la tribune du Monde

  • En Belgique, procès en appel des hébergeurs et hébergeuses de personnes migrantes les 23 et 24 mars.  En septembre 2018 s’ouvrait le « procès de la solidarité ». On reprochait à 4 personnes d’être venues en aide à des personnes migrantes en les hébergeant. Elles  avaient été acquittées. Mais le parquet a fait appel de cette décision. Pour Loïca Alembert « C’est  un procès très politique dans lequel on veut faire peur à ceux qui aident les migrants, mais à travers ça, par lequel on veut aussi criminaliser l’immigration elle-même ». A retrouver sur RTB. Pour le collectif « Solidary is not a crime  » . Le principe de fraternité n’existe pas à ce jour en Belgique.
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Pour comprendre / pour cogiter


  • Les associations de sauvetage dénoncent la stratégie mortifère de l’Union européenne et de l’agence Frontex dans les drames de ces dernières semaines en Méditerranée. SOS  Méditerranée fait un récapitulatif des évènements survenus lors  du naufrage tragique d’une embarcation pneumatique qui a coûté la vie à près de 130 personnes dans les eaux internationales,  au large de la Lybie, le 22 avril. Le 27 avril, toujours au large de la Lybie, l’Ocean Viking  a secouru  236 migrants. « Il faut que les États remettent en place une flotte de sauvetage digne de ce nom pour pouvoir prévenir ces catastrophes maritimes qui sont tout à fait prévisibles », assure sur franceinfo Sophie Beau, directrice de l’ONG.
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Océan Viking de SOS méditerranée

  • Un nombre record d’arrivées de personnes migrantes en Angleterre, en une seule  journée cette année. Elles étaient 209 à avoir traverser la Manche dans des embarcations de fortune et à débarquer en Angleterre dans la nuit du 28 au 29 avril. Plus de 1 850 personnes ont rejoint l’Angleterre par bateau en 2021, contre 1000 à la même période en 2020. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter malgré les efforts de Londres pour contrer ce flux, allouant plusieurs millions d’euros de budget supplémentaires à la surveillance des côtes. A retrouver sur Infomigrants.
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Plus de 1850 personnes ont rejoint l’Angleterre par bateau en 2021 Crédit : Twitter @premarmanche

  • La Commission européenne veut accélérer  les retours des personnes déboutées du droit d’asile.  « La discussion sur l’application éventuelle par les États du nouveau « pacte pour l’asile et la migration », présenté il y a déjà sept mois,  piétine.  Le premier élément mis en évidence depuis l’automne 2020 est cette nouvelle stratégie qui vise à accélérer et amplifier des retours dits « volontaires », avec une aide financière à la clé ». Différents scénarios analysés dans le Monde.