La Lettre d'infos n°56

Publié le 9 septembre 2021
Sommaire

Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • A Calais, l’arrêté interdisant la distribution de nourriture et boissons dans une partie du centre-ville a été une nouvelle fois prolongé jusqu’au 20 septembre. Le 10 septembre, cela fera un an qu’il est sans cesse prolongé, de mois en mois. Les expulsions se font de plus en plus fréquentes et le HRO ( Human Rights Observers) est bloqué par les gendarmes comme à Grande-Synthe. Et tous les jours le même constat  »  les Soudanais derrière Leroy Merlin manquent d’eau de façon dramatique ».

  • Calais, ce sont aussi de nouvelles grilles érigées aux abords de l’A16 à hauteur de Coquelles. Là où des personnes tentent de monter dans des poids lourds bloqués dans la bretelle d’accès menant au tunnel sous la Manche en traversant l’A16.
Image 1
Infographie « La Voix du Nord »

  • Traversées de la Manche : plus de 800 traversées sur la journée du 21 août (le chiffre était de 592 le 12 août). Des traversées toujours plus nombreuses mais toujours aussi dangereuses. Ce même jeudi 12 août, à la suite d’un naufrage, un homme de la communauté Érythréenne est décédé. Les gouvernements français et britanniques, incapables de mettre en place des voies plus sûres pour rejoindre l’outre Manche, n’ont toujours pas pris la mesure de la dangerosité de leurs politiques. Pour venir en soutien aux proches et à la communauté de la victime, les associations ont organisé une commémoration le dimanche 15 août sur le parvis des droits de l’Homme à Dunkerque, commémoration à laquelle ont pu assister des membres de la communauté Érythréenne.
Image 2

  • « Comment les communes du Boulonnais s’adaptent pour accueillir les migrants naufragés«  titre un article de la Voix du Nord du 1er septembre. 6 maires témoignent sur les naufrages et la prise en charge dans leurs municipalités respectives. La préfecture indique dans l’article que depuis l’été 2020, un « protocole de prise en charge des naufragés » est déployé. Celui-ci prévoit, notamment, l’intervention des « équipes de la protection civile », 24 heures sur 24 et tout au long de l’année, sur le lieu de la découverte de personnes en difficultés. Pourtant plusieurs associations sur le littoral constatent régulièrement cette absence de prise en charge des personnes naufragées à Calais et Grande Synthe, notamment au niveau de l’hébergement d’urgence, mais aussi au niveau de la détresse médicale des personnes, détresse physique ou psychologique.

  • A Ouistreham, un campement d’exilés soudanais craint l’expulsion. Environ 70 Soudanais vivent toujours dans un campement de fortune installé le long du du canal de Caen. Le syndicat mixte des ports normands propriétaire du terrain, poursuit la procédure administrative tendant à les expulser. A retrouver sur Mediapart.
Image 3

  • En Belgique, errance des personnes exilées sur les autoroutes . Installées près des aires de parking, les personnes espèrent, depuis la Wallonie, gagner le Royaume-Uni. Leurs journées se répètent inlassablement. Lorsqu’elles réussissent à se glisser dans un camion, elles sont interceptées par la police à Calais. Elles tentent leur chance de plus en plus loin de Calais, parfois même depuis le Luxembourg ou l’Allemagne. A lire l’article du Monde.
et ailleurs

  • A Paris, une nouvelle installation et expulsion d’un camp, cette fois devant la préfecture, début septembre.  «On ne lâchera rien, on continuera à visibiliser les invisibles. On ne veut plus de ce ping-pong qu’on vit depuis des décennies, mises à l’abri-mises à la rue. On veut simplement un logement pérenne pour toutes les personnes là (…) Il est temps de remettre à plat le dispositif d’accueil» a déclaré Yann Manzi de l’association Utopia 56, annonçant « une autre action dans la foulée » si « tous les hommes » n’étaient pas pris en charge. Cette installation devant la préfecture constituait la 10e action du « Collectif Réquisitions », qui regroupe plusieurs associations multipliant les actions coup de poing pour rendre visibles les personnes à la rue.
Image 4

  • Des camps en Lituanie : depuis juillet, 4 124 personnes étrangères, dont 2 799 Irakien.ne.s, sont arrivés dans ce petit pays balte contre « 74 recensés pour l’ensemble de l’année 2020, soit 55 fois plus selon le ministère de l’intérieur. Vilnius, qui accuse le régime biélorusse de les instrumentaliser, veut les contraindre à retourner dans leurs pays.. Face à cette situation inédite pour elles, les autorités lituaniennes ont promulgué une loi qui prévoit la construction d’un mur de barbelés sur les 679 kilomètres de frontière commune avec la Biélorussie. Et érigé à la hâte une dizaine de camps, en autorisant la détention des demandeurs d’asile pour une durée de six mois. Pour en savoir plus…

Envie d’agir ?


  • Vous avez envie de participer à un moment commémoratif ? Rendez-vous chaque mardi et samedi à la Maison du doyenné, rue de Croy à Calais. Pour rendre hommage aux personnes exilées qui ont perdu la vie à la frontière franco-britannique, leurs noms sont gravés sur des plaques en bois qui seront ensuite visibles dans la ville. C’est l’occasion de rendre aux exilé.e.s mort.es décédées à la frontière la part d’humanité qui leur a été niée. Le matériel (graveur, plaques, encre, peinture) est fourni sur place. Les conseils et le café ou le thé aussi. Plus d’informations sur ce projet ici.
Image 5
Crédit photo : Johan Ben Azzouz.

Infos de la PSM


  • Une assemblée générale de la PSM le 25 septembre de 9h à 10h ! Les membres individuels et associatifs de la PSM sont invité.e.s à venir discuter et décider des montants de la cotisation annuelle à la Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s. Pour la bonne organisation de ce temps, un grand merci d’indiquer votre présence, ou nous dire que vous souhaitez donner pouvoir à quelqu’un pour être représenté.e, via le formulaire que vous trouverez ici.
  • … et la journée de Forum annuel de la PSM sur toute la journée du 25 septembre au Channel à Calais ! Pour vous inscrire, c’est sur ce formulaire ici ! Cette journée fera la part belle au travail de la Commission plaidoyer !

La matinée est consacrée à l’appropriation des deux rapports produits par la Commission plaidoyer : celui sur l’enquête auprès des personnes exilées en transit, et celui de l’analyse des politiques publiques menées depuis 20/30 à la frontière franco-britannique.

L’après-midi, on proposera au choix 4 ateliers de travail :

On finira convivialement cette journée autour de la projection du film documentaire "Un paese in Calabria" qui parle, à travers un village italien, Riace, d’accueil, de vivre ensemble, et de création collective d’approches nouvelles autour de l’hospitalité !

Infos des assos


  • Une tribune du comité de soutien « Justice pour Aleksandra » à trouver ici sur le site de Mediapart ou sa version anglaise dans The Independant est parue un an après le 5 septembre 2020, jour où mourait Aleksandra, bébé née prématurément après une intervention policière sur le littoral proche de Calais. Un an plus tard, un collectif de soutien, composé d’universitaires, de militant·es, d’artistes et d’associations, demande que toute la lumière soit faite sur cette affaire. La tribune faisait lien avec le rassemblement à Calais qui s’est aussi tenu le 5 septembre sur le parvis du Parc Richelieu pour rendre hommage à la famille, et dénoncer les politiques mortifères aux frontières.
Image 6

  • Le Secours Catholique ouvre un poste d’animateur.trice sur 12 mois pour mettre en œuvre la Maison d’Entraide et de Ressources. Ce lieu se veut complémentaire de l’accueil de jour et sera en ce sens ouvert aux personnes exilées qui souhaitent s’inscrire dans des démarches administratives en France, démarrer l’apprentissage assidu d’une langue, se former ou encore s’organiser. Ce sera aussi un espace de ressources pour bénévoles et salarié.e.s des différentes associations présentes à Calais. Cet espace est encore largement à construire ! Pour cela, un poste d’animateur.trice en CDD vient d’être ouvert. Vous le trouverez en ligne ici.

Faire et dire, les personnes premières concernées


  • Un rassemblement organisé par des Afghans, en soutien au peuple afghan, le samedi 21 août à Lille. Le lendemain ils étaient devant la sous-préfecture de Boulogne.Contre le régime taliban, contre la guerre par procuration et pour la défense des valeurs et symboles de la république d’Afghanistan. Il demande aussi de l’aide : « Nos familles sont en danger. Ne laissez pas les talibans les tuer. Nous voulons la paix« .
Image 7

  • C’est l’histoire d’un jeune chef syrien, Fadi, arrivé en France suite à la guerre en Syrie. Passionné de cuisine, il s’est d’abord formé au Liban et en Syrie à la cuisine méditerranéenne. À son arrivée à Lille, il a découvert et appris à maîtriser la cuisine traditionnelle du Nord de la France dans une brasserie de la Grand Place. Pour l’aider à réaliser son projet de création de son propre restaurant, une associations se crée, « les amis de Fadi », avec pour objectif de soutenir d’autres personnes qui comme lui, ont un projet de création d’activité en France mais ne disposent d’aucune ressource pour démarrer. Le résultat c’est Ananda Délice : un endroit accueillant et simple où Fadi propose des recettes syriennes mais aussi les plats de brasserie traditionnels du Nord de la France. Découvrez sa carte. C’est l’occasion de découvrir aussi le Refugee Food Festival auquel Fadi a participé. Dans toute la ville de Lille des restaurants engagés accueillent des cuisinières et cuisiniers réfugié.e.s pour des collaborations inédites. C’était sa 5ème édition au mois de juillet !
Image 8

Belles échappées


  • Shamsia Hassani, première street artiste afghane, se bat depuis de longues années pour représenter la femme insoumise à travers des œuvres magnifiques. Craignant actuellement d’exposer son art dans la rue, Shamsia Hassani continue de créer depuis son studio à Kaboul et le partage via son compte Instagram Retrouvez ces œuvres ici.
Image 9
Image 10
Image 11

Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations


  • La Pastorale des Migrants propose, le samedi 18 septembre une matinée de retrouvaille et de réflexion pour définir ensemble les besoins en formation des bénévoles sur le terrain. Après un temps de témoignage sur les joies et difficultés du bénévole, il sera proposé de se retrouver  en petits groupe pour travailler sur des thématiques bien précises. Rendez-vous à l’Accueil Marthe et Marie, 1 place Erasme de Rotterdam à Lomme (métro Saint Philibert). Voici l’invitation !

Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues


  • "Lorsqu’on a entendu le président de la République française, dans son allocution du 16 août dernier, dire que l’Europe ne doit pas être seule à assumer les conséquences de la situation actuelle, ça donne l’impression que les personnes originaires d’Afghanistan vont se ruer vers l’Union européenne. En réalité, il n’en est rien" , a expliqué, sur Franceinfo, le géographe Olivier Clochard, chargé de recherche au CNRS. "Ils vont d’abord aller dans les pays voisins, comme l’Iran ou le Pakistan. Migrer demande des moyens, soit de manière irrégulière, soit de manière régulière, et donc, en conséquence ce n’est  qu’une infime partie des Afghans qui vont arriver en France".

En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • Information du Gisti à l’intention des Afghanes et Afghans en quête de protection en France. Cette page est conçue à destination de ces personnes  mais aussi des proches et des militants qui leur viennent en aide. Elle est complétée au fur et à mesure de l’actualité et doit donc être consultée régulièrement.

  • Violences policières : un CRS condamné pour l’agression d’un bénévole à Calais en 2018. Il avait agressé un bénévole britannique à Calais lors d’une évacuation de migrants et falsifié son procès-verbal (PV). Un policier des compagnies républicaines de sécurité (CRS) a été condamné jeudi 2 septembre à dix-huit mois de prison avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercer, tandis que ses deux subordonnés ont été relaxés. Rappel de cette affaire ici.

  • Cour nationale du droit d’asile : des juges dénoncent des « pressions ». Plusieurs juges siégeant à la Cour nationale du droit d’asile affirment avoir subi des « pressions » pour modifier le sens d’un délibéré. « Il y a plein de fois où on sent qu’on n’est pas libres de décider nous-mêmes. » Des accusations inédites et inquiétantes, selon certains, à l’heure où le rôle de la juridiction pourrait être déterminant pour les Afghans en quête de protection en France. Une enquête de Mediapart.
Image 12

Pour comprendre / pour cogiter


  • « Le statut de réfugié en dit plus sur ceux qui l’attribuent que sur ceux qu’il désigne«  explique dans un entretien au « Monde », la sociologue spécialiste des questions migratoires, Karen Akoka. « Alors que l’accueil d’exilés afghans divise les pays de l’Union européenne, l’interprétation par la France du droit d’asile n’a pas toujours été aussi restrictive qu’aujourd’hui. Le statut de réfugié dépend de l’état des sociétés qui prennent la décision, bien plus que de la vérité intrinsèque d’un individu, de son histoire ou de sa trajectoire. »
Image 13
Karen Akoka – par Yann Legendre

  • « La fabrique locale de la frontière », un numéro spécial de la revue Champ Pénal  / Penal Field, sous la direction de Daniela Trucco, n°23, 2021. Ce numéro vise à approfondir les savoirs sur le contrôle migratoire, l’enfermement et l’encampement des étrangers, en portant la focale sur les lieux frontières et sur les acteurs non policiers (citoyens, autorités locales, « passeurs », etc.) qui contribuent à façonner le déploiement et le fonctionnement des dispositifs frontaliers. Au croisement de domaines de recherche généralement distincts – les études frontalières et les études sur les politiques migratoires locales – il propose des réflexions interdisciplinaires à partir de cas d’études variés à l’échelle européenne : l’île de Malte, Calais, Vintimille, et la frontière franco-italienne des Hautes-Alpes. Retrouvez ce numéro ici.