La Lettre d'infos n°57

Publié le 8 octobre 2021

Un rendez-vous à ne pas manquer !


  • Elle arrive ! Amal, cette marionnette de 3,5 mètres, porte-parole des enfants non-accompagnés ou séparés de leur famille, arrive au terme de sa marche de plus  de 8 000 kms. Son message : « Ne nous oubliez pas ! » Elle a fait une étape symbolique le jeudi 30 septembre au Conseil de l’Europe. Elle sera de passage le samedi 16 octobre à Dunkerque et accueillie dès 15h sur la place Jean Bart. Retrouvez le déroulé de cette journée et les réservations nécessaires ici . Le dimanche 17 octobre, elle sera à Calais.  Rendez-vous à 15h30 à l’entrée du Fort Nieulay, rue Phileas Réant. Il sera question de lettres, de musique, de cerfs volants, de roi d’Angleterre, de déambulation, de goûter, de messages forts. La prochaine étape sera à Folkestone. Vous pouvez suivre Amal et son voyage en live sur Instagram et Facebook ! Voir ci-dessous la rubrique « Belles échappées » pour la proposition théâtrale de Véronika Boutinova.
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Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • A Calais et Coquelles, de nombreux déchets s’accumulent sur les lieux de vie des personnes exilées. Non collectés par la communauté d’agglomération « Grand Calais Terre et Mer », c’est actuellement les associations de soutien aux personnes exilées qui gèrent l’enlèvement de ces déchets. Plus d’informations avec Passeurs d’Hospitalités (voir ci-dessous la rubrique « Envie d’agir » pour signer la pétition).

  • Rien ne change sur les lieux de vie dans le Calaisis : des véhicules de gendarmerie, de la police nationale, de la police aux frontières, de nettoyage organisent des expulsions à un rythme quotidien ; les tentes sont particulièrement ciblées et saisies par les forces de l’ordre, parfois avec des effets personnels dedans, quand elles ne sont pas déplacées par les personnes exilées avant l’arrivée des convois ; des périmètres de sécurité plus ou moins larges ; associations et journalistes interdits : « Pas de dérogation pour les journalistes » , Des officiers qui refusent de répondre : « Arrêtez de poser des questions, avancez ! « ; une expulsion brutale a évacué le lieu de vie à proximité de l’hôpital de Calais, ainsi que le campement dit « Old lidl » le 27 septembre, voir ici le communiqué de presse de Human Rights Observers. La zone de Transmarck sur laquelle circulent beaucoup de camions voit des violences répétées et systémiques des routiers et des policiers. Les interdictions de distributions de repas via des arrêtés préfectoraux ou municipaux continuent d’être publiés et d’étendre le périmètre d’interdiction à proximité des lieux de vie.

  • A Grande Synthe, une opération d’ampleur a eu lieu le 23 septembre : tout le site du Prédembourg a été visé par une expulsion y compris la clairière centrale qui était épargnée les dernières semaines. Les forces de l’ordre ont d’abord forcé toutes les personnes à sortir de la zone et à se diriger vers un autre champ. Une d’équipe de « nettoyage » avec tractopelles a ensuite détruit absolument tout ce qui se trouvait sur le site du Prédembourg : toutes les tentes, tous les abris, et a jeté toutes les affaires personnelles que les personnes exilées n’avaient pas eu le temps de prendre avec elles. Voir ici le communiqué de presse de Human Rights Observers et Utopia 56.

et ailleurs


  • Les Canaries :  Entre le 1er janvier et le 14 septembre, plus de 11 000 migrant.e.s ont accosté sur les côtes de l’archipel, selon les chiffres espagnols – près de deux fois plus que lors des neuf premiers mois de l’année 2020. Et le nombre de morts serait de 785. Cependant, les îles se disent « prêtes » à faire face à l’augmentation de la pression migratoire. Le « plan Canaries », mis en place avec le gouvernement espagnol en 2020, a permis de doter les îles de près de 7 000 places de logements d’urgence. A retrouver dans cet article du Monde.

  • La Pologne et sa frontière avec la Biélorussie : la Pologne a déployé des milliers de soldats sur la frontière de 400 kms ces dernières semaines, bâti une barrière de barbelés et décrété un état d’urgence qui interdit à la presse et aux ONG de s’en approcher. Elle envoie des milliers de SMS aux personnes pour les décourager de traverser la frontière. Avec la baisse des températures, des associations ont évoqué une crise humanitaire parmi les migrant.e.s et demandé un accès pour fournir une assistance médicale. A lire ici.
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Des militaires polonais installent des barbelés à la frontière avec la Biélorussie, à Krynki, le 27 août 2021. Dominika Zarzycka /Nurphoto/AFP

Infos de la PSM


  • Le forum de la PSM, le samedi 25 septembre, c’était enfin l’occasion de se retrouver en vrai, l’occasion aussi de prendre connaissance des rapports « Enquête auprès des personnes exilées » de Marta Lotto et « Analyse des politiques publiques menées à la frontière » de Pierre Bonnevalle ;  des échanges sur la construction d’alliances à l’échelle de la frontière, sur nos bonnes pratiques  pour aller à la rencontre avec les personnes exilées ; une réflexion sur notre vocabulaire et nos pratiques associatives, ce qu’elles renvoient de notre action. Un couscous partagé le midi, au soleil. Et pour terminer la journée, la projection du film  » Un paese in Calabria », de Shu Aeillo et Catherine Catella. Il raconte l’histoire d’un village d’Italie, Riace et de son maire hospitalier Domenico Lucano (voir la rubrique « En quête de droits »).
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Infos des assos


  • « La Voix Commune », c’est le projet  d’associations calaisiennes  en collaboration avec Amnesty international. L’objectif de leur campagne de sensibilisation c’est de créer ou recréer du lien entre associations et calaisien.ne.s et de rassembler toutes les solidarités. Dans ce cadre, le podcast « Calais, de la solidarité et des voix », donne la parole à 3 calaisiennes qui apportent leur soutien aux personnes exilées chaque jour et cela depuis plusieurs années ! Un podcast positif qui vise à mettre en avant la générosité et l’humanité des habitant.e.s de la ville et à montrer que oui, Calais est une ville solidaire. A écouter ici.
  • « La Voix commune » c’est aussi un Forum de l’engagement le 12 octobre à l’Université du Littoral Côte d’Opale, Calais. En collaboration avec les Jeunesses d’Amnesty, « La Voix Commune » va à la rencontre des étudiant.e.s de l’université de Calais. Autour de tables rondes et de moments conviviaux, ce sera l’occasion pour les étudiant.e.s de découvrir les différentes actions et initiatives des associations, et d’échanger sur toutes les formes de solidarités et d’engagements possibles !
  • Les associations normandes, dans le cadre de la Commission plaidoyer, se sont réunies afin de travailler leurs alliances et préparer les assemblées citoyennes de l’année prochaine ! Leur travail a été présenté lors du Forum de la PSM le 25 septembre dernier et va être décliné à l’échelle de la frontière dans les semaines qui suivent, à commencer par Grande-Synthe !

Faire et dire, les personnes premières concernées


  • « Calais, dans l’objectif d’un réfugié afghan », un reportage à voir sur Arte sur Abdul Saboor et son travail de bénévole, et de photographe à Calais et Grande Synthe pour documenter les récits des personnes en exil :« Abdul qui bénéficie du statut de réfugié politique en France, a décidé de se mettre au service des exilés qui arrivent […] à Calais. […] Un reportage rythmé par les photos d’Abdul, dont l’espoir est de faire bouger les lignes… ».

  • Organisation d’une marche blanche le 8 octobre : Suite au décès de leur ami, Yasser, le 27 septembre 2021, ses proches ont organisé une marche blanche le 8 octobre à Calais et ont invité à les rejoindre via ce message : "Pour tous ceux qui se soucient des personnes exilées en France et à Calais en particulier, nous souhaitons que vous nous souteniez dans cette manifestation qui aura lieu le vendredi 8 Octobre à 17h30 au 39 rue de Moscou à Calais. Nous avons été patients face aux souffrances et aux tragédies qui nous touchent. Aujourd’hui nous manquons de patience, alors nous avons décidé de protester. Nous protestons contre l’injustice et le silence médiatique qui l’entoure. Nous souhaitons défendre nos droits, nos droits perdus, et le droit de l’âme pure et innocente qui a été tuée la semaine dernière".
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Calais Refugees Voices – Solidarity Demonstration

Envie d’agir


  • Pour une collecte des déchets sur les lieux de vie des personnes exilées. Les associations calaisiennes  de soutien aux personnes exilées demandent aujourd’hui à la communauté d’agglomération Grand Calais Terre et Mer l’installation de bennes de grande capacité et leur relèvement à minima une fois par semaine. Pour signer et partager la pétition c’est ici.

Belles échappées


  • « Waël, roi d’Angleterre ». Véronika Boutinova donnera à voir sa pièce publiée aux éditions Une Heure en été avec des dessins d’Emma Guareschi. Ces représentations auront lieu dans le cadre de la venue d’Amal, le samedi 9 octobre à Espace-Fort au Fort-Nieulay et le vendredi 15 octobre au cinéma l’Alhambra toute la journée pour les établissements scolaires de Calais. Mineur isolé étranger, Waël est un petit garçon syrien coincé dans la jungle de Calais. Avec sa sœur Mira, il cherche à rejoindre sa maman en Angleterre…
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  • « La Traversée » de Florence Miailhe. Ce film, primé lors du dernier festival d’animation d’Annecy est sorti en salles ce 29 septembre. Utilisant la technique de la peinture animée, ce long métrage raconte avec poésie et sensibilité le drame de l’exil. A voir en salles (à Dunkerque, c’est au STUDIO 43 du 13 au 23 octobre). A retrouver ici et là.
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Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations


  • Journée régionale de l’hospitalité organisée par le Secours Catholique. C’est le samedi 16 octobre, à la Halle au sucre à Lille. En présence de Hotline for Refugees and migrants (Israël), du Servicio jesuita a migrantes (Mexique), et de plusieurs associations de solidarité avec les personnes étrangères dans les Hauts-de-France, telle que la Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s, qui y sera présente pour présenter différentes éditions du Journal des Jungles. Au programme : un forum associatif, des tables rondes, des lectures et une exposition.

  • « Déconstruire la frontière et bâtir des ponts. Vers une analyse critique commune de la frontière France/Belgique/Royaume-Uni« . Cette journée d’étude aura lieu le 10 novembre, en ligne. Elle  est organisée par le « Crossborder forum », un collectif d’organisations du Royaume-Uni, de France et de Belgique qui travaillent sur les questions d’exil et de politiques migratoires. L’objectif de cet évènement est, d’une part, de déconstruire collectivement les fondements juridiques et politiques de cette frontière et, d’autre part, de bâtir des ponts. Plus de renseignements sur cette journée ici, en anglais et en français
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Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues


  • « 95% des déboutés restent sur le sol français ». Une candidate à la primaire Les Républicains, a annoncé sur la chaîne BFM-TV : « Avant la crise Covid, nous avions 135 000 demandeurs d’asile, dont la majorité est déboutée. 95% des déboutés restent sur le sol français. ». Faux chiffres ? Réponse en vidéo dans un format court proposé sur Arte : « Désintox – Valérie Pécresse et les infox migratoires ».

En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • Durcissement des conditions d’octroi des visas à l’égard du Maroc, de l’Algérie et la Tunisie. Cette  décision « drastique et inédite » est  motivée par le fait que ces pays refuseraient de permettre le retour dans leurs pays à des immigré.e.s refoulé.e.s de France. Cette annonce pose la question centrale de l’impasse que constitue aujourd’hui la politique d’enfermement-expulsion de la France. Il faut tout d’abord souligner que la non-exécution des OQTF n’est pas uniquement liée à la délivrance ou pas des laissez-passer consulaires, contrairement à ce que laisseraient penser les annonces ministérielles. Plus d’explications avec la Cimade.

  • Domenico Lucano  condamné  à treize ans et deux mois de réclusion. L’ancien maire de Riace est célèbre pour avoir transformé son petit village de Calabre en refuge pour les personnes migrantes. (voir ci-dessous l’article « Grâce à eux »). «une sentence extravagante et exorbitante qui contraste totalement avec les évidences du procès» selon ses avocats. Plus d’infos ici.

  • La cour d’appel de Grenoble a relaxé hier les « 7 de Briançon », qui avaient manifesté le 22 avril 2018 pour dénoncer l’action anti-migrants de Génération identitaire au col de l’Échelle. Fin 2018, les « sept de Briançon » avaient été condamnés pour « aide à l’entrée irrégulière d’étrangers sur le territoire national » à des peines de six mois de prison avec sursis pour cinq d’entre eux, à douze mois dont quatre fermes pour les deux autres. A retrouver ici.

Pour comprendre / pour cogiter


  • « Grâce à eux », Dans ce  livre Domenico Lucano (dit « Mimmo »), ancien maire de Riace, en Calabre, de 2004 à 2018, rappelle que  l’accueil inconditionnel, un modèle inclusif et une société alternative et durable, où chacun, peu importe ses origines, sa langue ou sa culture, peut participer à la vie de la cité et trouver sa place, c’est possible. Il raconte comment son village dépeuplé de Calabre a repris vie avec l’arrivée des exilés. Retrouvez l’entretien avec Mimmo Lucano sur Médiapart.
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  • « Exils au féminin :  conditions singulières et détermination » de Xavier Briké et Jacinthe Mazzocchetti . Cet ouvrage relate les conditions singulières des exils au féminin. Au-delà des singularités, les femmes rencontrées ont en partage la volonté de s’affirmer, d’être reconnues et de transgresser les assignations tant sociopolitiques qu’identitaires. Dans l’ombre de la convention d’Istanbul et des barbelés de l’espace Schengen, elles rendent compte des asymétries qui traversent nos mondes. En témoins précieux, elles nous relatent, mieux que personne, la particularité du travail de l’exil au féminin.
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