La Lettre d'infos n°58

Publié le 8 novembre 2021
Sommaire

Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • Le 11 octobre dernier,  Philippe Demeestere, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein  entamaient une grève de la faim pour dénoncer la situation migratoire à Calais. Ils réclament l’arrêt des expulsions quasi-quotidiennes, l’arrêt de la confiscation et de la destruction des affaires des exilés, la fin des humiliations, des coups et des blessures infligés par les forces de l’ordre , ainsi qu’un dialogue raisonné entre associations et autorités – à trouver de façon complète ici avec le lien vers la pétition avec déjà plus de 50 000 signataires. Philippe Demeestère a annoncé jeudi 4 novembre qu’il mettait fin à sa grève de la faim, continuant à soutenir les deux autres grévistes : « Je reprends le chantier préalable à la mise en service, sur Calais, d’un nouvel abri hivernal à destination des personnes exilées les plus vulnérables ». Les deux militant.e.s associatifs Anaïs Vogel et Ludovic Holbein continuent quant à eux le mouvement de grève avec toujours la même demande d’arrêt des expulsions pendant la trêve hivernale.Voir leur dernière lettre à Emmanuel Macron ici. Voir aussi la rubrique « Envie d’agir, envie de soutenir ».
  • Réponse de  l’État : Didier Leschi, directeur de l’OFII, a été envoyé comme médiateur. Retrouvez ce qu’il dit de sa mission avec ces 2 articles de La Voix du Nord. Sa seule proposition : l’ouverture d’un «SAS» de 300 places (le nombre de personnes est estimé à environ 1500) rue des Huttes, où pourront être hébergé.e.s pendant une nuit les exilé.e.s avant leur transfert en centre d’accueil et d’examen des situations administratives (CAES). A lire le reportage de Mediapart.

  • Pendant ce temps, la violence, l’indignité et l’absurdité continuent : expulsion d’un campement rue du Beau Marais, dimanche 7 novembre. La police force les personnes à se déplacer avec leurs affaires, qu’elles transportent dans des sacs poubelles, se déplaçant à quelques centaines de mètres seulement, avant de retourner dans le bois. Selon les forces de l’ordre, l’opération est donc accomplie une fois que les habitants se placent hors de la zone qu’elles ont délimité. Pourtant les habitant.e.s se ré-installent immédiatement. Aucune mise à l’abri n’a été proposée. A retrouver avec Passeurs d’hospitalités.

  • Encore des morts : 3 personnes exilées sont mortes les 3 et 4 novembre. L’une tentait de traverser la Manche, c’est le corps d’une autre personne qui a été rejeté par la mer sur la plage de Wissant et un exilé a été percuté par un train à Calais.
Image 1
Rassemblement en mémoire des 3 personnes mortes. Crédit photo : Johan Ben Azzouz.

  • Encore des traversées avec un nouveau record battu : plus de 850 personnes ont traversé la Manche le 3 novembre selon le ministère britannique de l’Intérieur.

  • A Ranville près de Ouistreham, le 19 octobre, le site de Pegasus Bridge, haut symbole de la Liberté, renommé « Pont pour la paix entre les peuples » était encerclé. Les forces de l’ordre se déployaient en nombre. Étaient présents pour l’expulsion la police aux frontières (PAF), la gendarmerie nationale, le sous-préfet chef de cabinet du préfet et responsable de la sécurité dans le département, l’office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et une association agréée de sécurité civile. Pour expulser 10 jeunes soudanais ! Dont une personne a été placée en rétention au Centre de rétention administrative de Oissel. La Cimade dénonce.
et ailleurs

  • A Paris, une centaine d’exilés sans abri aidés par une association ont tenté d’occuper jeudi 28 octobre le parvis de l’hôtel de ville pour réclamer une solution d’hébergement. Les forces de l’ordre ont aussitôt empêché l’installation du campement.

  • A Briançon, une association qui disposait de 80 places hébergeait environ 200 personnes exilées, des familles, des hommes seuls, principalement afghans et iraniens. Elle a dû fermer ses portes et c’est un prêtre qui leur a ouvert la paroisse Sainte-Catherine, propriété du diocèse.

Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues


  • « Je constate que pas un policier et pas un gendarme  sur la côte littoral n’a été poursuivi par la justice… » déclaration du ministre de l’intérieur, Gérard Darmanin en réponse au rapport de Human Rights Watch qui dénonce les violences des forces de l’ordre, Interviewé par France 3 Hauts-de-France le 9 octobre 2021. Et pourtant ! Retrouvez avec le Gisti les condamnations d’un brigadier-chef CRS en septembre 2021, d’un adjudant-chef de gendarmerie en avril 2021, d’un agent de la police aux frontières en novembre 2017 et les autres…

  • « L’immigration coûte cher à la France ! ». Faux selon l’OCDE  « la contribution des immigrés sous la forme d’impôts et de cotisations est supérieure aux dépenses que les pays consacrent à leur protection sociale, leur santé et leur éducation ».

Infos de la PSM


  • Conférence le 26 novembre à 18h à Calais (lieu à définir), autour du livre « Du Racisme d’Etat en France ?«  en présence de l’autrice Camille Gourdeau et l’auteur Xavier Dunezat qui présenteront leur ouvrage, l’usage et l’évolution de la notion de racisme d’Etat, en particulier au sein des politiques migratoires. Un collectif anti-raciste calaisien sera également présent pour nous amener à réfléchir sur les pratiques anti-racistes au sein de nos activités militantes.

Infos des assos


  • La maison Sésame recrute ! Elle propose un poste de coordinateur ou coordinatrice dans cette maison familiale qui accueille des personnes exilées, fatiguées, en situation de vulnérabilité. Retrouvez l’offre d’emploi. Attention, les candidatures sont à envoyer avant le 15 novembre.

  • Causerie autour de Calais recto verso et Le live (et non livre, ndlrde la jungle, à la librairie du Channel, le 10 novembre, avec Luc Georges et François Guennoc, Sur les 260 pages du « Live de la jungle », une quarantaine d’anciens bénévoles ayant aidé, vécu ou travaillé témoignent  de ce qui a été le plus grand bidonville d’Europe en 2016. « Calais Recto-Verso » est le parti pris assumé de montrer l’envers du décor, celui des migrants, réprouvés de la terre, qui se retrouvent, démunis, dans des friches et les landes ingrates entourant les vastes zones d’activités de la sous-préfecture du Pas-de-Calais ».
Image 3

  • 9ème journée de Talents de femmes le dimanche 14 novembre à l’accueil de jour du Secours Catholique de Calais : des ateliers culinaires, créatifs, esthétiques, artistiques.
Image 2

  • A l’occasion des 35 ans de la mission France, Médecins du Monde investit les villes avec l’opération Colombes. 12 street artistes français ont joué des pinceaux pour réinventer la colombe de Médecins du Monde. A Calais l’artiste Loup Blaster dévoile sa fresque (quarante portraits !) sous le Pont Faidherbe . Allez-y vite !
Image 4

Faire et dire, les personnes premières concernées


  • Lettre écrite par des exilés de Calais après le décès de Yasser  « …Chaque matin à Calais, il y a une nouvelle épreuve. Nous vivons en sachant que nos amis qui sont avec nous aujourd’hui ne seront peut-être plus avec nous demain. La mort est dans nos yeux, la peur et l’anxiété ne quittent pas nos esprits. Nos vies sont pleines d’histoires, mais elles sont très tristes et douloureuses. Aujourd’hui, nous avons perdu le sourire de notre cher frère Yasser. Hier encore, il jouait. Nous marchons sur les routes pendant la journée mais la peur ne nous quitte pas. Puis nous essayons de manger mais nous ne goûtons que la tristesse. Nous buvons de l’eau mais nous n’étanchons pas notre douleur … ».  La suite, c’est ici.

Envie d’agir, envie de soutenir


  • Interpellez vos député.es pour soutenir les revendications des grévistes de la faim à Calais, contre la maltraitance des personnes exilées. La pétition, c’est ici. Vox public a créé un kit de mobilisation à trouver ici pour donner des idées de soutien des revendications des grévistes. Le communiqué de Philippe Demeestère : « Je m’arrête, je soutiens Anaïs et Ludovic, je continue le combat autrement ! », c’est .
Image 5
Crédit photo : Louis Witter - Le Pictorium.

  • Participez à la soirée de soutien à Mimmo Lucano ! Il sera présent à Paris le 17 novembre prochain et participera à une soirée exceptionnelle de soutien à la Bourse du travail, 3 rue du Château d’Eau à Paris-10e. A ses cotés l’écrivain Patrick Chamoiseau, Cédric Herrou, le sociologue Eric Fassin et de nombreuses autres personnalités. Des infos sur la condamnation de Mimmo Lucano dans la lettre d’info 57.
Image 6

Belles échappées


  • Les vestiges de la « jungle ». De ce bidonville détruit par l’Etat il y a 5 ans, Jean Larive a conservé les traces. Il se dit durablement marqué par l’aventure humaine, professionnelle et artistique qu’a constituée ce moment calaisien. « Ce travail m’a changé en m’obligeant à me poser des questions éthiques non seulement sur la réalisation des clichés [Jean Larive ne photographie jamais de visage sans autorisation], mais aussi sur les limites qu’on doit se fixer pour ne pas aller trop loin dans l’intimité de chacun. ». Retrouvez ses photos grâce à Ancrage.
Image 7

Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations


  • Déconstruire la frontière et bâtir des ponts. Vers une analyse critique commune de la frontière France/Belgique/Royaume-Uni. Cette journée d’étude, proposée en ligne le 10 novembre, rassemble des activistes, des travailleurs d’ONG et des chercheur·e·s engagé·e·s de multiples secteurs et disciplines pour discuter des différents aspects de la mise en place des frontières, y compris les nouvelles formes de contrôle, mais aussi les moyens par lesquels les différents acteurs pourraient les contester ensemble. Cette journée d’étude est organisée par le « Crossborder forum », un collectif d’organisations du Royaume-Uni, de France et de Belgique qui travaillent sur les questions d’exil et de politiques migratoires. L’objectif de cet évènement est, d’une part, de déconstruire collectivement les fondements juridiques et politiques de cette frontière et, d’autre part, de bâtir des ponts au-delà celle-ci. S’inscrire ici pour participer.
Image 8

En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • « Infliger la détresse » : ce Rapport de Human Rights Watch, paru le 7 octobre, dénonce le traitement dégradant des enfants et des adultes migrants dans le nord de la France. Selon les associations interrogées, environ 2 000 personnes, dont au moins 300 mineur.e.s non-accompagné.e.s, vivaient dans des campements informels à Calais et ses alentours à la mi-2021. Pour réaliser son rapport, HRW a interrogé 60 exilé.e.s, dont 40 s’identifient comme étant mineur.e.s isolé.e.s.
Image 9
Une tente à Calais avec le message : « chers problèmes, s’il vous plaît, accordez-moi une remise. Je suis votre client régulier. » Calais, février 2021. © 2021 Abdul Saboor

  • Les fiches des droits en manifestation de La Ligue des droits de l’homme ont été mises à jour. A télécharger, imprimer et diffuser via le site internet de la Ligue des droits de l’homme.
Image 10

  • La Pologne légalise le refoulement à ses frontières Le parlement polonais a approuvé un amendement à la loi nationale sur les étrangers qui légalise la pratique controversée de refoulement à la frontière et permet d’ignorer une demande d’asile formulée après le passage illégal de la frontière. Le parlement a aussi donné son feu vert au projet gouvernemental de construire un mur pour empêcher les migrants de franchir la frontière, un projet estimé à 353 millions d’euros. A lire ici.

Pour comprendre /pour cogiter


  • 12 pays de l’Union européenne demandent à Bruxelles de financer l’installation de « barrières anti-migrants » aux frontières. La commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson, a répondu que les pays avaient « la possibilité et le droit de construire des clôtures ». « Je ne suis pas contre. Mais quant à savoir si on devrait utiliser les fonds européens qui sont limités, pour financer la construction de clôtures à la place d’autres choses tout aussi importantes, c’est une autre question », a-t-elle déclaré. A retrouver ici. Mme Wihtol de Wenden, politologue, note « les contradictions entre l’approche sécuritaire qui domine chez les gouvernants européens, une solidarité entre Etats qui fait défaut, et le rappel par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, du devoir d’accueil ». A retrouver .

  • « L’Etat n’a pas su résister à la pression des Britanniques sur la gestion des flux migratoires » observe le chercheur spécialisé en droit pénal Olivier Cahn. Il est l’auteur d’une thèse sur la coopération policière franco-britannique dans la zone frontalière transmanche et revient sur l’histoire des relations entre la France et le Royaume-Uni sur la question migratoire. Julia Pascual a recueilli ses propos pour Le Monde.

  • L’invisible odyssée des vietnamiens en exil à Grande-Synthe. Le journaliste de Médiacités Nicolas Lee qui est allé à leur rencontre indique : « À ma grande surprise, j’apprends qu’ils représentent près d’une personne sur cinq dans les bateaux qui traversent la Manche. Une réalité particulièrement méconnue du grand public. » L’article indique que « Ceux qui partent sont les laissés-pour-compte du développement économique et rêvent de l’eldorado britannique ». Et pourtant ! Enquête de Médiacités sur une migration fantôme.
Image 11
Entrée d’un campement. Crédit photo : Nicolas Lee.