La Lettre d'infos n°62

Publié le 8 mars 2022
Sommaire

La Calais Border Broadcast. C’est une web radio pour et par les personnes exilées à Calais et ailleurs. Porté et financé par le Secours Catholique, c’est un projet collaboratif qui crée du lien entre Calais et l’extérieur. Retrouvez le projet et écoutez !

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Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • A Calais, de bons et de mauvais réfugié.es ? La maire de Calais a réservé un bel accueil à une famille de réfugiés ukrainiens. « Il faut bien qu’ils aient un hébergement » a-t-elle déclaré. Et puis on se souvient qu’il y a pas si longtemps elle avait protesté publiquement contre l’ouverture, envisagée par l’autorité préfectorale, d’un bâtiment permettant de mettre à l’abri des réfugiés, en situation de grand froid ou de tempête. Ellen Salvi pour Médiapart souligne l’indignité derrière la solidarité. « Pour justifier leur soudain élan d’humanité, certains éditorialistes et responsables politiques n’ont rien trouvé de mieux que de distinguer les bons et les mauvais réfugiés. Ils convoquent leur  » ressemblance » avec les Ukrainiens, mais n’expriment rien d’autre que leur racisme« .  Karen Akoka, sociologue, a travaillé sur l’évolution des politiques d’asile au cours de l’histoire selon la nationalité des demandeurs et des besoins politiques du moment. » Y a-t-il de vrais et de faux réfugiés « , un entretien à voir sur Arte.
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  • A Calais, une nouvelle victime de la frontière : une personne vivant sur le terrain Old lidl qui jouxte une voie ferrée, est décédée, percutée par un train le 28 février. Des rassemblements ont eu lieu, comme toujours depuis plusieurs années, le lendemain de l’annonce dans la presse, à 18h30 au parc Richelieu, mais aussi le jour d’après, commémoraction lors de laquelle le frère de la victime a pu s’exprimer. Une lettre à trouver ici, rédigée avec l’aide de ses proches, revient sur les circonstances de son décès.

  • A Cherbourg, en janvier, le CCAS a mené une action dans le campement des personnes en exil pour éradiquer une épidémie de gale. L’association  Itinérance avec l’aide de La Croix Rouge a profité de cette opportunité pour réaménager les installations afin de rendre les conditions de vie plus dignes. Les abris vétustes ont été détruits et remplacés par six grands abris dans lesquels sont installées de petites tentes pour préserver l’intimité de chacun. Un dispositif qui permet d’assurer davantage de protection contre les intempéries.

  • A Grande-Synthe, une expulsion après un mois de « répit ». Le 2 mars sur le campement de Pont à Roseaux : une mise à l’abri selon la police ;  une expulsion du lieu de vie, basée sur une ordonnance sur requête puisqu’il y a un huissier, selon le HRO. Comme trop souvent : un convoi de  26 fourgons et deux bateaux de CRS sur le canal, 3 voitures de la Police Nationale et quatre banalisées, un fourgon de la PAF, 5 personnes de l’AFEJI avec deux bus, deux petits tracteurs Loxam, 2 grandes bennes Ramery, un tractopelle, l’équipe de nettoyage du port autonome, un huissier. Les personnes déplacent leur matériel hors du site. Départ de deux bus, le premier avec 8 personnes, le deuxième avec 2. Au moins 165 tentes et bâches sont emmenées.
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Album photos et textes de Laurent Prum - https://laurentprum.typepad.com/

  • A Ouistreham, une cinquante d’exilés soudanais survivent dans des abris de fortune, au milieu des arbres. Contrairement aux campements de Calais  il n’y a pas de « harcèlement policier » quotidien. Installé loin des plages et du centre-ville, le campement est « invisible » aux touristes et aux habitants. Cet isolement leur garantit au moins la tranquillité, et par la même occasion une certaine stabilité. A lire ici. Un squat à Ouistreham ouvert depuis janvier, qui permet l’accès à l’eau et à du répit pour les personnes du campement, est menacé d’expulsion avec une audience le 10 mars à 8h30, voir le communiqué de presse et l’appel à se rassembler devant le Tribunal judiciaire de Caen ici.
et ailleurs

  • Espagne, en deux jours plus de 800 personnes ont  réussi à entrer à Melilla, contre 1 092 sur l’ensemble de l’année 2021, selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur. A Melilla, la frontière entre le Maroc et l’Espagne est matérialisée par une triple clôture grillagée pouvant atteindre une dizaine de mètres de haut et d’une longueur d’environ 12 km. Comme celle de Ceuta, elle est équipée de caméras de vidéo-surveillance et de miradors.  A retrouver avec Courrier International.

Infos de la PSM


  • Appel à candidatures : la Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s recrute ! L’offre de poste est prolongée jusqu’au 28 mars à minuit. C’est un poste de Chargé.e de mission en charge des formations, et de la valorisation et mobilisation des outils et expériences du réseau associatif à la frontière franco-britannique. Si, vous avez le goût de vous engager dans le soutien d’un réseau associatif en soutien aux personnes exilées bloquées à la frontière, l’offre de poste complète est à trouver ici. Les candidatures sont à envoyer à cette adresse mail : coordination@psmigrants.org.

  • La PSM organisait une conférence « Sécurisation de la frontière : des barrières à la privatisation » le 25 février dernier, . Les ressources ont été compilées dans un livret à trouver ici.

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Infos des assos


  • Cérémonie des Barbelés awards. Organisée par les 39 organisations du Collectif des Associations Unies (CAU) et les associations locales d’aide aux personnes migrantes, cette remise de prix satirique vise à sensibiliser l’opinion publique à l’hostilité urbaine organisée par les pouvoirs publics pour faire fuir les exilé-es à Calais et Grande-Synthe, par le biais d’innombrables dispositifs dissuasifs. Rendez-vous à Calais, au cinéma l’Alhambra, le 17 mars de 18h à 20h. Inscrivez-vous !
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  • France UK Border Research, une bibliothèque de recherches et de sources de base sur la situation des personnes exilées à la frontière franco-britannique. Rassembler ces ressources sur un seul site Web accessible aide les universitaires, les journalistes, les militant.e.s et le public à trouver plus facilement des informations fiables pour informer, orienter ou inspirer leur travail vers la résolution positive de la situation inhumaine dans laquelle les personnes exilées à la frontière sont contraintes.

  • Des bénévoles épuisé.e.s, en souffrance, à Calais mais pas seulement. Jour et nuit, beaucoup d’associatifs travaillent dans l’urgence et même dans leurs moments de répit, leur esprit reste occupé. « Toi, ça va ? «  «  Comment ça pourrait aller, ici ? « . C’est presque devenu une boutade. Dans les associations, la question de la prise en charge psychologique des bénévoles commence à être prise au sérieux.  Aujourd’hui, un protocole de soutien psychologique est en place qui permet autant aux bénévoles qu’aux salariés des associations de préparer leur venue et leur départ du terrain.  A retrouver avec ASH, Actualités Sociales Hebdomadaires.

Faire et dire, les personnes premières concernées


  • Abdul Saboor photographie inlassablement le quotidien des personnes exilées à Calais.  Grâce à ses photos, il documente leur vie, les camps, leurs tentatives pour passer en Angleterre. Réfugié afghan, il a lui-même connu cette dure réalité avant d’obtenir le droit d’asile en France. A découvrir un reportage et certaines de ses photos
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  • Femmes et frontières. En Europe, la moitié des personnes migrantes sont en réalité des femmes. Pourtant, on ne les entend presque jamais. Partant de ce constat, la journaliste Romane Frachon s’est penchée sur l’invisibilisation de ces survivantes qui fuient leur pays en quête de jours meilleurs dans un podcast  produit par Sphera. Quelles sont les femmes qui migrent ? Quelles sont leurs réalités vécues dans l’UE ? Quel est notre rapport à elles ? Pourquoi sont-elles invisibilisées ? A écouter !
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Envie d'agir


  • Appel à une grande maraude solidaire le 12 mars, à Briançon. Un collectif d’organisations organise une journée d’action en soutien aux personnes exilées qui débutera à 14H à la MJC du Briançonnais et se poursuivra à partir de 18H par une grande maraude solidaire au départ de Montgenèvre et des locaux de la Police des frontières locale. Plus d’infos ici.

Belles échappées


  • Une collection d’objets associés au célèbre street artist Banksy est exposé à Sète. Les bénéfices de l’exposition seront versés à l’ONG SOS Méditerrannée. A revoir l’œuvre située sur le poste de secours à Calais. A découvrir « Les vivants, les morts et les marins » écrit par Pia Klemp aux commandes du bateau le « Louise Michel » en 2020, financé par Banksi et destiné à sauver des personnes qui se noient en Méditerranée.
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Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations


  • Jeudi 17 mars, séminaire en ligne à 17h : La situation dans les centres de rétention administrative en France. Fortes de leur travail quotidien d’accompagnement juridique des personnes étrangères dans les centres de rétention administrative (CRA), cinq associations (Forum Réfugiés-Cosi, France terre d’asile, le Groupe SOS Solidarités – Assfam, La Cimade et Solidarité Mayotte) constatent et rendent compte des situations dans ces lieux de privation de liberté. Comme chaque année, à l’occasion de la sortie de leur rapport sur l’année 2021, elles  organisent  un webinaire afin de présenter leurs observations et analyses. Pensez à vous inscrire pour y participer ! Au programme : Présentation du rapport 2021 par les cinq associations présentes dans les CRA // La rétention, késako ? // 2021 en quelques chiffres // Le cas particulier de l’Outre-Mer // Le non-respect par l’administration des décisions de justice // La rétention au temps de la Covid-19 // Et pour finir « Un autre regard » : intervention de Madame Dominique SIMONNOT, Contrôleure générale des lieux de privation de liberté.
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  • « Déconstruire la frontière et bâtir des ponts : vers une analyse critique commune de la frontière France-Belgique-Royaume-Uni ». Cette journée d’étude a été organisée le 10 novembre 2021,  par le « Crossborder forum », un collectif d’organisations du Royaume-Uni, de France et de Belgique qui travaillent sur les questions d’exil et de politiques migratoires. L’objectif de cet évènement a été, d’une part, de déconstruire collectivement les fondements juridiques et politiques de cette frontière et, d’autre part, de bâtir des ponts au-delà celle-ci. Les interventions et les échanges, qui ont été enregistrés et sont disponibles en vidéo, ont été résumés dans le document téléchargeable sur le site de Migreurop

Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues


  • De Facto. A découvrir si ce n’est déjà fait cette plateforme de vérification des faits  qui s’attaque aux fausses informations ! Que penser de l’affirmation de Valérie Pécresse, candidate du parti de droite les républicains à la présidentielle, selon laquelle 40 millions de migrants sont entrés dans l’UE sans contrôle ? Explication !

En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • La Défenseure des droits s’inquiète des barrières liées au tout numérique. Dans son rapport, Claire Hédon alerte sur les difficultés auxquelles près de 10 millions de personnes sont confrontées dans leurs démarches numériques.  Les personnes étrangères font partie des personnes particulièrement vulnérables aux effets de cette dématérialisation. Faute de parvenir à décrocher un rendez-vous en préfecture pour le renouvellement d’un titre de séjour, certaines se retrouvent sans récépissé et ont pu perdre leur emploi.  Elle pointe l’insuffisance des réponses de l’État. A lire avec Mediapart.

  • Demandes d’asile rejetées, réunifications familiales et rapatriements à la traîne : le désarroi des Afghans de France. Les premières décisions de rejet de demandes d’asile d’Afghans sont tombées. En parallèle, les demandes de réunification familiale ou de rapatriement formulées par des réfugiés déjà protégés en France n’aboutissent pas, laissant les requérants imaginer le pire pour leurs proches restés dans le pays. Selon une avocate spécialisée en droit d’asile «  dans des dossiers où il ne conteste pas la nationalité afghane ni même parfois l’origine du requérant, l’Ofpra commence à considérer qu’il n’y a pas forcément la nécessité de protéger les Afghans face au régime taliban, et estime donc que l’on peut vivre en tant que civil sous ce régime. C’est quand même un sacré positionnement. » A lire le reportage de Nejma Brahim pour Médiapart.

  • Un projet de l’association Safe Passage France sur la problématique spécifique que rencontrent les personnes de nationalité afghane : un soutien est à trouver via cette adresse mail projet-afghanistan@safepassage.fr .La présentation de l’accompagnement réalisé par l’association est à trouver ici.

Pour comprendre / pour cogiter


  • « Fermons les zones d’attente «  ! En zone d’attente, on applique un triptyque : trier, enfermer, expulser. Des milliers de personnes sont enfermées dans des espaces clos aux frontières de la France. Adultes et enfants y sont triés avant d’être, pour la plupart, renvoyés dans leurs pays. Une pratique qui viole les droits fondamentaux, alerte un collectif d’intellectuels, d’associatifs et de personnalités du monde culturel. A lire la tribune dans Libération.

  • L’Etat dépense un demi-milliard d’euros d’argent public par an pour harceler quelques milliers de personnes exilées. Déploiement incessant de forces de l’ordre supplémentaires, inflation de barbelés, caméras, murs ou drones… « Comment se fait-il que l’urgence actuelle, le dénuement de ces migrants en mal de traversée de la Manche, ne trouve pas dans ces millions d’euros quelques-uns qu’on appellerait les euros de la dignité ? » écrit le député Sébastien Nadot (Libertés et Territoires) en introduction du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les migrations, paru en novembre 2021. basta! a enquêté sur le coût d’une politique répressive aberrante.

  • Travail des immigré.e.s, l’hypocrisie française. Alors qu’une entreprise sur deux a du mal à recruter, beaucoup d’étranger.e.s ont du mal à obtenir un visa de travail. Le volet emploi de l’immigration pêche par son inadéquation aux besoins du marché. Ils et elles sont artisan.e.s, boulanger.e.s, restaurateurs, boucher.e.s, soignant.e.s. Et toujours un peu plus nombreux à se mobiliser pour empêcher l’expulsion d’un.e employé.e.s immigré.e. sur lequel ces entreprises savent compter. Elles et ils sont aussi étranger.e.s mais diplômé.e.s en France, parfois chercheurs ou chercheuses dans des laboratoires prestigieux, sans pour autant parvenir à renouveler leur titre de séjour condition sine qua non pour pouvoir travailler. Un dossier de Marjorie Cessac pour Le Monde