La Lettre d'infos n°63

Publié le 14 mars 2022
Sommaire

En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • Le préfet du Pas-de-Calais a été condamné et reconnu coupable de s’être affranchi de l’autorité judiciaire pour avoir mené une opération d’évacuation d’un campement à Calais le 29 septembre 2020.  Le préfet avait été assigné, en décembre 2020, par onze exilés et huit associations qui demandaient  que soit jugée « illégale »  cette évacuation. Une décision qui remet en cause le cadre juridique de nombreuses expulsions, selon les plaignants. La décision de la cour d’appel de Douai, c’est ici et un article du Monde. Un immense bravo à Eve Thieffry, l’avocate et un grand merci à son cabinet ! Bravo à la Cabane juridique qui a mené et coordonné le travail de collecte de preuves et cette action en justice !  Bravo à Human Rights Observers et aux associations qui ont apporté leur aide !

  • Des boites aux lettres à l’entrée de campements à Calais. Elles portent les noms et numéros de téléphone de ses habitants pour rappeler aux autorités qu’elles doivent leur permettre de faire valoir leurs droits avant de procéder à des expulsions. Depuis que les personnes sont installées sur ces terrains, ceux-ci constituent leur domicile. Un domicile est protégé par la loi. Toute mesure d’expulsion doit donc faire l’objet d’une procédure juste et équitable devant un tribunal. A lire ici

Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • Le photographe et journaliste indépendant Louis Witter, a fait le choix de s’installer à Calais pour documenter en profondeur la situation sur place. Il a  couvert de nombreux pays (Irak, Colombie, Ukraine, Maroc…) avant de décider de  rendre compte au quotidien de ce qui se passe dans la ville et sa région. Un choix tout sauf anodin, qui révèle une approche du journalisme en décalage avec le cirque médiatique.  » S’immerger sur un territoire décale ta vision des choses ».  Découvrez un entretien avec Emilien Bernard pour CQFD.
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Crédit photo : Louis Witter.

  • A Grande-Synthe,  le 10 mars,  une barrière de béton bloque l’accès au camp installé entre Loon-Plage et Grande-Synthe. Les associations sont donc forcées de stationner  le long  d’une route ouverte au trafic. « Il y a des enfants tout près de la chaussée, c’est vraiment dangereux », confie un bénévole. D’autres, abasourdis, fustigent cette « nouvelle restriction à l’aide humanitaire, que personne ne comprend sur place ».
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  • Le 31 mars, jour d’une vigilance météo orange, sous la grêle, le camp est évacué.  Trois nouveaux points d’ancrage ont rapidement été reformés par les exilés, non loin du lieu évacué. « Contrairement au précédent camp, ces endroits sont difficiles d’accès pour les associations leur délivrant des soins ou de l’eau « , dit un bénévole. « Ces gens étaient déjà loin de tout, ils le sont encore plus ».
et ailleurs

  • A Rennes, le tribunal administratif a rendu sa décision pour l’évacuation d’un gymnase occupé depuis la mi-janvier. Le collectif de soutien aux personnes exilées a investi un autre site, un hôtel inoccupé proche de la gare. Plus d’informations ici.

  • Sur le littoral oranais, des murs anti-émigration. Et toujours le même constat :  » Plus l’administration et l’État mettent de moyens pour éliminer ou réduire le phénomène, plus les gens prennent des risques en partant des zones qui sont moins surveillées », soutient Fouad Hassam, militant des droits humains qui rappelle que, ces derniers mois, des embarcations ont quitté les rivages de l’est d’Alger en direction de l’Espagne, soit plus de 400 km en mer. A lire ici.
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Construits en février 2022 pour bloquer l’accès à la plage aux candidats à l'émigration en Europe, à Aïn El-Turck. Crédit photo: Safia Ayache.

Infos de la PSM


  • Un diplôme universitaire « médiation-interprétation ». La PSM, les associations calaisiennes et l’Université de Lille proposent une phase expérimentale à l’ouverture de ce diplôme qui ouvrira officiellement en septembre 2022. Cette phase de formation expérimentale a démarré le 22 mars à Calais et se termine le 20 mai. Ce sera l’occasion pour les futur.e.s étudiant.e.s ou intéressé.e.s de découvrir les formations proposées dans le futur DU et de rencontrer les équipes pédagogiques et associations calaisiennes. Le diplôme s’adresse aux personnes maitrisant le français et une, ou d’autres langues (arabe, kurde, vietnamien, tigrigna, farsi, pashto, dari et autres) intéressées par ce travail de médiateur-interprète culturel auprès de personnes exilées et ayant elles-mêmes connues l’exil. Il permettra de renforcer de façon structurelle sur le long terme les besoins des associations en médiateurs-interprètes mais aussi de valoriser les compétences de ceux qui exercent déjà.

  • La maison d’entraide et de Ressources :  un nouveau centre d’accueil de jour a été inauguré par le Secours Catholique, à Calais, pour « ceux qui souhaitent rester en France ». Des cours de français, des formations, un accompagnement pour débloquer des situations administratives. La PSM a trouvé sa place dans ce lieu qui  devra aussi permettre aux acteurs associatifs, confrontés quotidiennement à l’urgence, de réfléchir à leurs pratiques et de se former. Plus d’informations avec InfoMigrants.
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Crédit photo : Secours Catholique.

Infos des assos


  • 6 ans de la vie d’une association d’accueil : ECNOU, ( prononcez « Eux, C’est NOUs »)  à Montreuil-sur-mer et environs. Née d’un élan citoyen en octobre 2015 à propos de l’exil des Syriens fuyant la guerre, ECNOU s’est lancée, forte de plus de 80 familles dans l’accueil chez l’habitant. Pour connaître la suite de cette aventure, c’est ici.
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  • « Traverser », un film documentaire suivi d’un échange avec Joël Akafou, le réalisateur, en visioconférence. C’est le 7 avril, au Studio 43, à Dunkerque en partenariat avec Salam, La Cimade, Solidarity Border, Utopia 56, l’association Fragile-les-Bulles, la Ligue des Droits de l’Homme (section de Dunkerque) et le MRAP. Le film capte le quotidien d’un Ivoirien de Turin à Paris, sans enjoliver son parcours. L’occasion aussi d’un appel aux dons. si vous le souhaitez, vous pouvez déposer avant la projection des couvertures, des baskets ou des chaussures de marche légères (en pointures 41 à 45).
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  • Terre d’Errance Steenvoorde vous invite à sa 14ème assemblée générale le mardi 26 avril à 20h à la  Maison de Flandre – Place Jean-Marie Ryckewaert à Steenvoorde

Faire et dire, les personnes premières concernées


  • Leen  a été sacrée championne d’échecs de sa catégorie en France.  A seulement quatorze ans, Leen bat tous les records. Réfugiée syrienne, elle était déjà cinq fois championne nationale avant de quitter son pays à cause de la guerre. Écoutez la ici.

  • Harouna Sow mêle l’art culinaire français aux saveurs d’ailleurs. Il cuisine chaque semaine des dizaines de repas distribués à des étudiants parisiens dans le besoin. Il est aussi chef formateur du Refugee Food Festival à Paris et, en avril, sera à l’œuvre à la cantine des Arbustes, un restaurant solidaire collaboratif. Pourront y déjeuner les travailleurs migrants du foyer Coallia, des bénéficiaires du Centre d’action sociale de la ville de Paris et le grand public. Un projet motivant pour cet homme d’origine mauritanienne, arrivé en France en 2012. Le chef partage ses « recettes de poche ».
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Envie d’agir


  • L’association Terre d’errance Norrent-Fontes vous fait part de l’organisation de sa première rando VTT et pédestre le dimanche 10 avril 2022. Accueil dès 8h sur le parking du « Rendez-vous fermier » de Norrent-Fontes avec café. Un beau moment de convivialité, de rencontre et de partage, et l’occasion de mettre en lumière cette association, ses bénévoles et toutes les actions menées auprès des personnes exilées. Ravitaillement sur chaque parcours et collation à la fin. Inscription possible sur place mais souhaitable en ligne ici afin de faciliter l’organisation.
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Belles échappées


  • Les Barbelés Awards : palmarès des pires politiques contre les réfugiés à Calais. Dans la catégorie « High Tech » : le déploiement d’un avion militaire et deux hélicoptères pour renforcer la surveillance aérienne et empêcher les tentatives illégales de traversées. Retrouvez les autres lauréats.
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  • Exposition ETRANGER, accueillie par l’Institut du monde arabe : un accrochage de portraits de travailleurs étrangers contribuant à la vie et à la réussite de notre société, initié par Géraldine Aresteanu. « Mon travail de photographe est de témoigner. Dans la confusion qui anime les débats actuels, je veux témoigner grâce à vous que les travailleurs étrangers sont essentiels à la vie et à la réussite de vos entreprises. « 
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Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations


  • Exposition. « Nous sommes [aussi] des artistes », du 30 mars au 30 avril 2022, venez découvrir les oeuvres réalisées par des personnes exilées et des calaisien.ne.s à la Betterave à Calais.

Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues :


  • Dans le cadre de la campagne des élections présidentielles 2022, Désinfox-Migrations propose une série d’infographies sur des sujets de désinformation récurrents. Fiche 1 : le mythe de la submersion migratoire À  lire et à partager !

Pour comprendre / pour cogiter


« Des passeurs bien commodes ». Habituel, ce discours sur les passeurs : « principaux responsables « , « organisation mafieuse« , « criminels qui exploitent la misère des gens ». L’empressement à incriminer les passeurs est politiquement confortable. Il facilite la connivence entre États à partir du plus petit dénominateur commun. La seule annonce issue de la réunion du 28 novembre entre la France, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, convoquée à la suite du naufrage de la Manche, concerne d’ailleurs le renforcement de la lutte contre « les réseaux de passeurs ». Cette rhétorique éculée détourne des vrais enjeux et exonère les véritables responsables de l’hécatombe : ceux qui, en verrouillant les frontières, font du « passage » un marché toujours plus prospère et dangereux. Duplicité ou complicité ? Le GISTI dénonce dans l’édito du Plein droit n° 131, de décembre 2021 : « Étrangers, des traumas mal/traités par l’État ».

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  • Un livre noir pour dénoncer les violences contre les réfugiés aux frontières de l’Europe. Dans « Le Livre noir des refoulements », l’ONG internationale Border Violence Monitoring Network a recensé les témoignages de plus de 12000 réfugiés confrontés à des violences lors de leur refoulement aux frontières de l’Union européenne au cours des quatre dernières années. Dans de nombreux cas, l’agence Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, est mise en cause.
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  • En Libye, l’ONU enquête. Dans un très récent rapport, l’ONU dresse un bilan désastreux de l’état des droits humains en Libye et dénonce les tortures et violences systématiques dont sont victimes les exilés. Les prisons sont décrites par les exilés comme un « véritable enfer ». La plupart des personnes qui prennent la mer sont interceptés par des garde-côtes libyens et ramenés en Libye pour y être de nouveau détenus dans des conditions totalement inhumaines. Les ONG de défense des droits humains ne cessent de dénoncer cette situation ainsi que la responsabilité de l’Union européenne dans ce système, via le financement et la formation des garde-côtes libyens. En savoir plus avec Infomigrants.