La Lettre d'infos n°64

Publié le 2 mai 2022
Sommaire

Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations


  • « Trente ans de politique inhospitalière sur le littoral dunkerquois », une exposition photographique. C’est encore jusqu’au samedi 7 mai à la bibliothèque universitaire. Elle réunit de nombreux clichés pris par les intervenants associatifs sur les campements de migrants du littoral dunkerquois à Grande-Synthe, Loon-Plage, Téteghem. Ces documents retracent l’historique de ces regroupements de personnes exilées bloquées aux portes du Royaume-Uni, les campement informels, la survie au quotidien de leurs occupant.e.s, la pression-répression exercée par les services de l’Etat, la solidarité sans faille manifestée par des citoyen.ne.s bénévoles à l’égard de ces personnes déracinées, les limites de la politique de dissuasion menée à leur encontre. Deux rapports d’enquêtes réalisés avec le support d’un comité scientifique et contenant les témoignages d’exilé.e.s et d’acteurs locaux sont mis à la disposition des visiteurs.

  • Fabrique d’agirs. Les journées de Calais du 26 au 29 mai 2022. Dans la continuité des réflexions engagées lors des journées du Briançonnais Territoires et savoirs partagés en mai 2021, Fabrique d’agirs réunira à Calais, du 26 au 29 mai 2022, des acteurs exilé.e.s, de la solidarité, de la recherche, des arts engagés, de la médiation en langues. L’objectif est d’imaginer des agirs-en-commun – une fabrique d’agirs. Au menu des assemblées, expositions, ateliers, film, tables-rondes, concerts, défilé de mode et beaucoup de rencontres. Ces journées sont ouvertes  à toutes et tous, en accès libre. Le programme se construit, à retrouver ici
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Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • A Calais, l’Etat ne tient pas ses promesses faites sur les évacuations de camps. Proposer « systématiquement » des hébergements aux personnes lors du démantèlement de leur campement, plus d’évacuation surprise, délai de 45 minutes accordé pour laisser aux personnes exilées le temps de récupérer leurs effets personnels. Ces promesses avaient été faites début novembre par Didier Leschi, patron de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii).  Près de six mois plus tard, ces annonces sont-elles respectées ? Des réponses avec Infomigrants.
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Le camp du Old Lidl, à l’est de Calais, où vivent en majorité des Soudanais, en avril 2022. Crédit : InfoMigrants.
  • A Calais toujours cet arrêté préfectoral, qui interdit la distribution gratuite de boissons et denrées, renouvelé tous les mois depuis septembre 2020. L’association Calais Food Collective a publié ce mardi 12 avril 2022 une vidéo où l’on voit des policiers confisquer des brouettes transportant de l’eau et de la nourriture pour les personnes exilées. C’est ici.

  • A Loon-Plage,  un camp de fortune est toujours privé d’accès à l’eau courante.  Plusieurs initiatives ont émergé sur le terrain pour permettre aux personnes de se laver au quotidien : un particulier propose des douches dans son camping-car, une association vient avec un camion comportant 4 douches. Pour l’eau potable, c’est l’association Roots qui la fournit  en remplissant quatre grands réservoirs installés parmi les tentes.  » Entre 7 et 10 000 litres d’eau sont consommés chaque jour « . A lire ici 
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  • A Ouistreham, plusieurs collectivités normandes s’acharnent à expulser des personnes soudanaises. Les procédures d’expulsions se succèdent, qu’il s’agisse du campement installé sur une parcelle boisée ou des maisons inoccupées qui  servent de point de repos aux habitants du campement. Ils s’y sont douchés, ont eu accès à l’eau potable, à l’électricité, de quoi cuisiner et y passer quelques nuits. A lire ici. L’actualité de mi-avril : le tribunal judiciaire de Caen a accordé au squat ouvert en janvier à Ouistreham 4 mois avant de devoir libérer les lieux.
et ailleurs

  • A Paris, une centaine de personnes exilées occupent un bâtiment vide dans le Xe arrondissement. Une partie d’entre elles viennent du Soudan, d’autres de Somalie, d’Éthiopie, d’Érythrée, de Mauritanie, de Djibouti, du Mali, du Tchad ou encore du Maroc. Parmi elles, des réfugiés, des demandeurs et des demandeuses d’asile, des «  dubliné·es « ,  des primo-arrivant.e.s et des sans-papiers. Tou.te.s survivent à la rue depuis des mois, voire des années. L’égalité de traitement pour tou.te.s les exilé.e.s, peu importe leur pays d’origine, c’est ce qu’ils et elles demandent. Retrouvez ici des témoignages et la lettre ouverte aux autorités du collectif La Chapelle Debout.

  • En Tunisie, une situation complexe pour les réfugiés d’Afrique subsaharienne.  La Tunisie ne dispose d’aucune politique migratoire claire ni de loi sur l’asile, malgré les nombreux plaidoyers des ONG ces dernières années. Signataire de la Convention de 1951, le pays est censé offrir une protection aux réfugiés présents sur son sol. Mais faute de cadre législatif, c’est au HCR seul qu’il revient d’assurer cette mission. Plus d’infos ici.

Infos de la PSM


  • Le n° 15 du Journal des Jungles est arrivé ! Il est le résultat d’une résidence à la maison Sésame. Son thème : l’accueil. C’est Adam qui avait eu cette belle idée de parapluie-protecteur et parapluie-bateau. Une fête se prépare à la maison Sésame pour le début du mois de juin pour lancer sa diffusion.
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Infos des assos


  • A Calais, les personnes exilées et les associatifs dénoncent la destruction de boîtes aux lettres qui avaient été installées pour défendre les lieux de survie des personnes exilées et stopper les expulsions illégales (voir newsletter 63). Ils dénoncent  l’entrave à l’accès au droit que cela implique et la violation des droits de la défense. C’est ici.

  • Création d’un collectif d’aide aux personnes exilées dans le Boulonnais. Baptisé OSE, pour  » Opale solidarité exilés « , il souhaite œuvrer pour  » un accueil digne et humain des personnes exilées présentes sur la Côte d’Opale « . Le groupe a pour ambition de « lutter contre les fausses idées », d’« accueillir et de favoriser les rencontres », mais aussi et surtout d’« organiser la solidarité » autour des candidats à l’Angleterre. C’est que jusqu’ici, à l’échelle du Boulonnais, les citoyen.ne.s et les bénévoles donnant de leur temps pour aider les personnes migrantes s’impliquaient sans se  concerter.

  • Talents de femmes. Le Secours Catholique de Calais recherche des femmes qui auraient un talent à partager et prêtes à animer un atelier lors de sa prochaine session le 26 juin !
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Faire et dire, les personnes premières concernées


  • La radio pour faire entendre la voix des personnes exilées. Nous vous avions déjà parlé de cette  radio collaborative qui émet depuis Calais, animée par et pour les personnes exilées. Elle permet de les informer et de faire entendre leur voix. Un flash info, une fois par semaine, Le new arrival guide pour les nouveaux arrivants. Et enfin, la  » Big Question  » est une question abordée sur une quinzaine de minutes par des associatifs et des exilés ( dernière en date, sur la prévention des risques en mer ). Plus d’infos ici et pour l’écouter, c’est ici.
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Crédit photo : Louis Witter.

Belles échappées


  • Une exposition à Grande-Synthe de Guillaume Krick, archéologue et artiste plasticien. Il s’est attaché à observer l’impact des hommes sur le littoral et s’est inspiré de sa découverte d’épaves de canots semi-rigides près de la digue du Braek. « Je m’intéresse à l’anthropisation du territoire, c’est-à-dire comment les êtres humains modifient les aspects naturels de l’environnement », explique-t-il. C’est à voir à la Galerie Robespierre, du 7 mai au 4 juin. L’entrée est libre.
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  • « Limbo », un film de Ben Sharrrock, doublement sacré : Hitchcock d’or au festival de Dinard et prix du public. Ce film a pour protagonistes quatre réfugiés qui résident sur une île isolée en Ecosse en attendant le résultat de leur demande d’asile. Face à des habitants loufoques et des situations ubuesques, chacun s’accroche à la promesse d’une vie meilleure. Parmi eux se trouve Omar, un jeune musicien syrien, qui transporte où qu’il aille l’instrument légué par son grand-père. Entre poésie, émotion et humour ! A voir en salle dès le début du mois de mai.
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Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues


  • Est-il vrai qu’un tiers des immigrés occupent les HLM, comme l’affirme le RN ? Y aurait-il préférence étrangère dans le logement social ? La statistique est exacte mais …

En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • A la frontière franco-italienne : un bricolage du droit qui contourne l’asile. Le droit d’asile est reconnu par les textes français, européens et internationaux. Pourtant, les personnes qui se présentent à la frontière franco-italienne sont régulièrement refoulées sans pouvoir demander la protection de la France. Pour comprendre cet écart, il faut s’intéresser aux ambiguïtés de notre système juridique. C’est ici !

  • Londres abandonne son projet de refoulements des personnes migrantes dans la Manche. La mesure controversée, portée par le ministre de l’Intérieur Priti Platel, devait être contestée devant les tribunaux le 3 mai. Pour en savoir plus.

  • Le Royaume-Uni prêt à envoyer ses demandeurs d’asile au Rwanda. Le Royaume-Uni a validé, jeudi 14 avril 2022, un plan pour « externaliser » les demandes d’asile des exilés arrivant par la mer ou par camion, en les plaçant dans des centres situés au Rwanda. Outre son aspect inhumain, le plan pourrait par ailleurs ne pas entrer en conformité avec le droit international. A lire ici !

Pour comprendre / pour cogiter


  • Réfugiés : aux sources d’une hospitalité sélective. L’accueil favorable réservé aux Ukrainiens fait contraste avec le traitement dégradant reçu par ceux appelés « les migrants » depuis dix ans. Cette réception à géométrie variable n’est pas neuve et s’observe au tournant des XIXe et XXe siècles, souligne l’historienne Delphine Diaz.
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  • La France, entre accueil des réfugiés et logique de tri.  » Sous les regards incrédules des observateurs, travailleurs humanitaires et militants associatifs, les autorités françaises sont en train de réaliser ce que nombre d’entre nous tentent d’expliquer depuis longtemps : il est nécessaire et possible d’offrir un accueil responsable à des personnes fuyant des situations de violence« , constate Michaël Neuman, directeur d’études à MSF.

  • Le débat sur la migration légale vers l’UE rouvert par Bruxelles. .La Commission choisit de relancer le vieux débat sur la migration dite  » de travail « . Elle espère avancer en évoquant des données objectives : il manque des centaines de milliers de personnes dans le domaine de la santé, des dizaines de milliers d’ingénieurs et, en 2030, la population européenne en âge de travailler aura diminué de 12 %. Rendue légale, l’immigration serait, par ailleurs, un moyen de lutter contre la migration clandestine. A lire ici