La Lettre d'infos n°69

Publié le 3 octobre 2022

Sommaire

  • Une histoire sans fin à Calais, mais pas seulement.  53 minutes pour réécouter le récit documentaire retraçant l'histoire des personnes exilées dans le Calaisis depuis 1999. Revivre l'histoire passé des exilées du Calaisis c'est se rendre compte avec tristesse que c'est aussi l'histoire d'aujourd'hui. Depuis ce camp de fortune sur la place Saint Pierre en juin 1999, puis "Sangatte", puis la "jungle des Afghans", puis le bidonville de 2015, les mêmes scènes se reproduisent : des abris construits et détruits; l'absence de solutions pour ces chercheurs d'asile, "indésirables" et invisibilisés; des politiques qui font toujours les mêmes promesses: la fin des campements, le renforcement des mesures de sécurité, le démantèlement des filières de passeurs. Rien n'évolue si ce n'est les techniques pour contrôler, surveiller et punir : Eurodac en 2003, règlement Dublin 2 en 2007 ...Les slogans sont les mêmes : afflux, invasion, appel d'air. Même constat des personnes bloquées à la frontière : "Nous devons aller en Angleterre pour construire notre avenir. J'ai peur mais je n'ai pas le choix" (paroles d'un jeune Afghan de 18 ans en septembre 2001). Une rediffusion d'un récit documentaire de 2015.
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Camp de Sangatte. Septembre 1999 à décembre 2002. Une histoire sans fin !

Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • A Calais, installation par la mairie de Calais de rochers en très grand nombre ( on compte entre 800 et 1 000 tonnes d’enrochements ) sur plusieurs zones herbeuses du centre-ville qui servaient cet été de lieux de vie à de nombreuses personnes. D'autres zones du centre ont été "entourées de rochers", de manière à "rendre plus difficiles les distributions" de nourriture, d'eau et de matériel par les associations, selon HRO et CFC. En juin, la mairie avait déjà "installé des grillages" pour chasser les personnes exilées installées sous les ponts du centre-ville. A retrouver ici
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Bénévoles du Secours Catholique de Calais, rue de Moscou pour protester contre l'enrochement de l'ancien lieu de vie.

  • A Loon-Plage, la violence augmente dans le campement. Selon les associations, il s’agit d’une des conséquences des politiques française et britannique.  Pour Juliette Delaplace, chargée de mission au sein du Secours Catholique, "Plus il est difficile de passer, plus il y a de l’argent en jeu. Ces réseaux sont encouragés par le renforcement de la frontière car les personnes n’ont pas d’autre choix que de recourir à leurs services. Sans compter qu’ils sont plus vulnérables car désormais en proie à des réseaux". Analyse ici
  • A Ouistreham, le squat des exilé.e.s soudanais a été expulsé le 4 octobre. Le dispositif policier était une fois de plus démesuré (5 camions de gendarmerie et une quarantaine de militaires présents sur les lieux! ). Aucune proposition d'hébergement n'a été faite par les services de la préfecture. Une expulsion à moins d'un mois de la trêve hivernale et à l'avant-veille de l'audience devant le tribunal judiciaire de Caen où sera une nouvelle fois examinée la demande d'expulsion du campement, réclamée par Ports de Normandie et son président Hervé Morin. Ce 6 octobre 2022, des militant.e.s se sont retrouvées à 8h30 devant le tribunal judiciaire de Caen pour soutenir les exilé.e.s de Ouistreham et protester contre l'expulsion du squat.
et ailleurs

A Marseille, des mineurs non accompagnés dans la rue "pour se rendre visibles". La trentaine de jeunes hébergés depuis février dans un squat de la Canebière menacé d’expulsion ont installé un campement symbolique, à l’extérieur, pour alerter sur leur situation. Tous scolarisés, ils sont actuellement en attente d’une décision du juge des enfants pour reconnaître leur minorité. A lire ici

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Patrick Gerdoussi, Libération

  • A Toulouse, un entretien administratif et une proposition d'hébergement à 141 personnes, majeures et mineures.  D'abord installés en 2019 dans un EHPAD municipal désaffecté  avant d'être expulsés fin août, elles avaient tenté de s'installer dans un collège  avant d'être une nouvelle fois délogés pour s'installer sur les allées Jules Guesde devant le palais de Justice. Le 20 septembre 2022, elles ont été prises en charge par la préfecture et le Département de Haute-Garonne. A suivre.
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©David Saint-Sernin / Actu Toulouse

  • En Grèce, des dizaine de réfugiés yézidis bloqués à l'extérieur d'un camp. Ils sont demandeurs d'asile et se retrouvent contraints de dormir à la rue faute d’accès au camp de Serrès, dans le nord de la Grèce, où des centaines de leurs compatriotes sont déjà abrités. Pour les autorités grecques qui tendent à réduire le nombre de camps au niveau national, il s’agit d’un problème de capacité. InfoMigrants en dit plus.

Infos de la PSM


  • Le Diplôme Universitaire " médiation –interprétation aux frontières ",  un partenariat entre les associations du réseau PSM et l'université de Lille, c'est parti !  Il s'adresse aux personnes maitrisant le français et une, ou d’autres langues (arabe, kurde, vietnamien, tigrigna, farsi, pashto, dari et autres) intéressées à travailler comme médiateur-interprète et ayant elles-mêmes connues l'exil.! L'objectif est bien à la fois de renforcer de façon structurelle sur du long terme les besoins des associations en médiateurs-interprètes à la frontière franco-britannique, mais aussi de valoriser, développer les compétences des médiateurs-interprètes et leur ouvrir de nouvelles opportunités. Pour diffuser l'appel à candidature afin de bénéficier de cette formation, c'est ici Pour parrainer les étudiants et aider financièrement le projet, c'est ici.
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Infos des assos


  • L'association Itinérance Cherbourg dénonce "la préfecture forteresse" et elle n'est pas la seule. "Notre engagement associatif nous mène à entretenir des relations suivies avec la préfecture pour évoquer différentes situations, toutes problématiques : reconnaissance de minorité, difficultés d’hébergement rencontrées par les migrants, déboutés de leur demande d’asile ou l’ayant obtenue ; accès à l’emploi rendu impossible par l’octroi de récépissés délivrés sans autorisation de travail malgré les demandes d’employeurs".  C'est ici A suivre

Faire et dire, les personnes premières  concernées


  • "Les mots de Taj". Un documentaire à partager ! Le réalisateur et Taj lui-même sont basés à Amiens, et ont très envie de venir présenter ce film et d'en débattre.  Rêvant d'un avenir plus radieux, Tajamul s'enfuit d'Afghanistan alors qu'il n'est qu'un adolescent. Traversant Iran, Turquie et Balkans pour enfin atteindre l'Europe, le jeune homme termine son périple à Amiens où Dominique Choisy, réalisateur de ce documentaire, devient son père adoptif. Âgé aujourd'hui de 20 ans, "Taj", comme son entourage le surnomme, raconte cette périlleuse traversée  en effectuant cette fois-ci le trajet inverse d'Amiens  à Kaboul, désirant avant tout prouver qu'il ne vient pas de "nulle part".

Belles échappées


  • "Tori et Lokita", un film de Luc et Jean-Pierre Dardenne, Prix du 75ème festival du Cannes.  Le parcours de deux jeunes béninois arrivés en Belgique. Vous sortirez du film avec une chanson en tête, "Alla fiera dell'Est" (A la foire de l'Est en français) qui raconte qu'il y a toujours plus fort que soi. Sur l'échelle des dominations, Tokita et Lori  se situent en bas de l'échelle.
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  • "Max et Lili ont des copains réfugiés", un livre pour les enfants à partir de 6 ans. Il parle de la guerre et des réfugiés qui ont besoin de protection et d’amitié, de la difficulté d’oublier les sirènes et les bombes, d’avoir quitté tout ce qu’on aime et de devoir vivre dans un pays inconnu.
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Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations


  • Une soirée débat proposée par l'association ECnou autour du rapport du politologue Pierre Bonnevalle. C'est à l'espace Spinétois à Lepine, le samedi 8 octobre à 20h. Pour rappel, Pierre Bonnevalle explore 30 ans de politique de dissuasion sur le littoral Nord. A retrouver ici
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Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues


  • Frontex : protéger les frontières ou les personnes migrantes ? Assurer une gestion humanitaire des flux migratoires aux frontières externes de l’Europe est-il cumulable avec la mission de leur sécurisation dans le cadre de la lutte contre la criminalité et le terrorisme? Peut-on revendiquer en même temps une approche humanitaire de protection et un regard suspicieux pour détecter un potentiel criminel ? Quel choix Frontex a-t-il opéré ? Quelles en sont les conséquences ? Eclairage.

En quête de droit(s) - Outils et infos juridiques


  • L'arrêté interdisant les distributions d'eau et de nourriture  aux personnes migrantes à Calais est jugé "disproportionné" . L'audience au Tribunal Administratif de Lille le 20 septembre a eu lieu suite aux Recours en annulation de ces arrêtés. Des associations ont défendu le principe de fraternité et le droit d'apporter une aide humanitaire aux personnes dont la vie en dépend. Le rapporteur publique a demandé son annulation, affirmant que les arguments portés par les autorités étaient infondés. Le texte a, selon lui, "pour effet de compliquer l’accès pour ces populations précaires à des biens de première nécessité". Le communiqué des associations, c'est ici et l'article de InfoMigrants ici. A suivre la décision du tribunal administratif de Lille
  • Ouverture d'une enquête par le parquet de Boulogne-sur-mer sur  "d’éventuelles violences commises par personnes dépositaires de l’autorité publique" suite à un signalement par Human Rights Observers (HRO) de violences policières sur des personnes exilées fin août. L'IGPN de Lille est saisie pour mener l'enquête. Infos sur les faits
  • Dans un jugement du 4 juillet, le Tribunal des conflits juge légal le démantèlement en 2020 d’un camp  à Calais. Fin septembre 2020, les forces de l’ordre avaient  procédé à l’expulsion d’un campement  installé à Calais. Estimant cette expulsion illégale, plusieurs occupants des lieux ainsi que huit associations avaient saisi le tribunal judiciaire de Boulogne-sur-Mer .Ont ensuite été saisi de ce contentieux la Cour d'Appel de Douai puis le Tribunal des conflits. Dans sa décision du 4 juillet, cette juridiction justifie la légalité de l’action de démantèlement en s’appuyant sur le fait que l’évacuation a été ordonnée par le procureur de la République. Décryptage

Pour comprendre / pour cogiter


  • Future "réforme Darmanin" du Cedesa. Une rubrique du Gisti a pour objet de permettre un suivi de la réforme du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) annoncée par le ministre de l’intérieur au début de l’été 2022. Elle est pour le moment composée d’un avant-projet de loi qui a fuité durant l’été ainsi que d’une liste non exhaustive d’articles de presse, mise à jour au fil de l’actualité. Cette page sera complétée dès que possible avec d’autres versions du texte, des avis d’autorités indépendantes, mais aussi des communiqués et analyses d’organisations militantes.
  • Des Albanais particulièrement nombreux à tenter la traversée de la Manche. l’Albanie arrive en tête des nationalités débarquant au Royaume-Uni sur le premier semestre 2022. Ils racontent les messages racoleurs sur les réseaux sociaux, les désillusions arrivées en France, les dangers des traversées, le CRA, les retours en Albanie parfois volontaires, les expulsions du Royaume-Uni. Et pourtant l’Albanie arrive en tête des nationalités débarquant au Royaume-Uni sur le premier semestre 2022. A retrouver ici.
  • L'informalisation des politiques migratoires : les pièges de la soft law. C'est  une arme redoutable entre les mains des États, qui utilisent cette méthode quand ils veulent contourner les contraintes et la rigidité que leur imposeraient les lois nationales ou les textes et traités internationaux. Elle est souvent mobilisée dans le domaine du " contrôle des flux migratoires ", sans qu’il soit facile de faire toujours la différence entre la stricte application du droit et ses contournements. L’externalisation des politiques d’asile et d’immigration est un exemple typique du recours à la soft law. A retrouver avec Migreurop