Un peu d'histoire...et de mémoire...

Sommaire

Collectif Fraternité Migrants Bassin Minier 62


Le collectif Fraternité Migrants Bassin Minier 62 se constitue à l'été 2006 pour apporter une première aide humanitaire sur un bidonville installé dans la petite ville d'Angres à cent kilomètres au sud de Calais. Les habitant-e-s du camp étaient de nationalité vietnamienne.

Expulsé en 2009 sans solution d'hébergement pour tous-tes, le collectif décide alors d'installer les personnes qui se sont retrouvées sans solution d'hébergement, sur la place de la mairie. Une maison va alors être négociée entre le collectif et la maire de la commune, Maryse Roger-Coupin.

8 ans plus tard la maison est sous le feu des projecteurs de la préfecture, justifiant la fermeture de la maison pour cause de "point de fixation pour les passeurs, site est dangereux et conditions de vie indignes." Pour plus d'informations voire l'article : Angres : à 100 km de Calais, "Vietnam City".

Maison vietname
© DENIS CHARLET / AFP

Pourtant la maire alerta sur le fait que ce n'est pas le camp qui aspire les Vietnamiens, c'est l'aire de repos. La destruction du lieu n'empêchera pas les personnes de venir, ils continueront à arriver et se retrouveront dans le bois, dans des conditions épouvantables.

La préfecture menaça alors la mairie de supprimer des subventions, cette dernière se voyant contrainte de fermer la maison en mai 2018. Les personnes exilées continuèrent à arriver et se retrouvèrent dans les bois. La nationalité dominante fut à partir de ce moment soudanaise, entre 10 et 20.

Angres est à proximité de plusieurs stations services et d'aires de repos pour les camionneurs allant en Angleterre, c'est donc un emplacement stratégique pour les personnes exilées contraintes d'emprunter des voix illégale de passage à défaut d'avoir un visa. Cependant en 2018 plusieurs stations-service vont fermer, il restera seulement celle d'Angres.

D'autres associations vont se former pour compléter l'aide humanitaire du collectif Fraternité Migrants Bassin Minier 62.

Parmi elles ont retrouve :

  • Arras Solidarité Réfugié (ASR)
  • Debout ensemble
  • Symbiose

Les associations constatent également de l'islamophobie de la commune. En effet, cette dernière s'étant désangagé à partir du moment ou la majorité des personnes exilées du camp étaient de confession musulmane.

La commune de Norrent-Fontes


La commune de Norrent-Fontes et le canton auquel la municipalité appartient comptent respectivement 1400 et 2500 habitants. Ils se situent dans l'arrondissement de Béthune à proximité de l'autoroute A 26 entre Arras et Calais, distante d'une quarantaine de kilomètres de Calais. A la hauteur de la commune, une station-service autoroutière sert d'aire de repos à un certain nombre de camions. Selon les associations, depuis la fin des années 90, des exilé.e.s survivent dans les villages proches de l'aire de service de Saint-Hilaire-Cottes sur l'A26, pour tenter d'entrer dans les camions en partance de Calais, vers la Grande-Bretagne. Les personnes exilées ont installé des campement à proximité, préférant ces difficiles conditions de vie aux harcèlement quotidiens policiers à Calais. Le prix du passage y serait également beaucoup moins élevé qu'à Calais.

En décembre 2007, le froid est vif. Prétextant le risque d'une mort par hypothermie, les autorités détruisent les abris de fortune. Les personnes exilées se retrouvent à errer dans les champs sans rien pour se protéger du froid.

Depuis, les actions et les discours de l'Etat n'ont fondamentalement pas changé : les exilé.e.s qui fuient le réchauffement climatique, les guerres, les dictatures, ou des persécutions sont présentés comme un problème et plutôt que de donner un sens au mot asile, les autorités détruisent les abris.

Aujourd'hui, les bénévoles de Terre d'Errance continuent de permettre aux exilé.e.s d'accéder à un minimum d'hygiène, de soins et de nourriture, et militent pour que leurs droits et leur dignité soient respectés.

Lieux de vie


  • 2007 - 2008

A 2 kilomètre environ du village de Norrent-Fontes et à plusieurs centaines de mètre de la station-service autoroutière, le campement est établi à la limite de 2 champs agricoles, dans un fossé communal large de 2 à 3 mètres et profond d'environ 1m50.

La majorité des exilé.e.s sont de nationalité érythréenne avec la présence de quelques Soudanais et Ethiopiens. Entre 10 et 30 personnes, selon les périodes, résident dans le campement. En période de pic, leur nombre a pu atteindre 80 personnes.

D'après le rapport de la CFDA , la loi des "jungles" le temps de passage en 2008 ne dépassait pas les 3 mois d'attentes contre une dizaine de mois à Calais.

Le campement est détruit pour la première fois le 20 décembre 2007 à la suite d'une requête du sous-préfet de l'époque. Un nouveau camp s'est donc reconstruit mais lui aussi plusieurs fois détruit entre janvier et juillet 2008.

Les relations avec les forces de l'ordre étaient très tendues. Ces derniers venaient pratiquement toutes les semaines pour vider l'eau des jerricanes sur les matelas et couvertures, des exilé.e.s étaient arrêtés toutes les semaines. Il a fallu que le député André Flajolet de l'Ump intervienne auprès du sous-préfet, par soucis du respect de la dignité humaine pour que la police cesse ces violences.

Quant au maire de Norrent-Fontes, ce dernier ne souhaitait pas entendre parler des exilé.e.s dans sa commune.

  • 2018

Octobre 2018

Plusieurs lieux de survie et d’attente existent dans le Béthunois.

A Quernes, dans le campement monté sur un terrain privé suite à la destruction de celui de Norrent-Fontes, une petite dizaine de personne tente de rejoindre la Grande Bretagne depuis presque 3 ans maintenant, sans succès pour le moment. Des personnes arrivent régulièrement de Calais ou de Grande Synthe pour essayer le passage à partir du même parking et cela crée parfois des tensions quand trop de monde arrive en même temps (les gens ne parlent pas toujours la même langue et ne se connaissent pas).

Par ailleurs, l’association Terre d’Errance fournit de la nourriture à une quinzaine de personnes (dont une femme) de nationalité érythréenne. Les personnes restent la journée sur la commune de Norrent-Fontes et souffrent beaucoup des intempéries, l’église est leur seul abri mais refusent toute autre aide par peur des forces de l’ordre.

Les personnes solidaires ont récemment aidé des personnes Kurdes à Lillers, la ville d’à côté. Elles dormaient à même le sol et n’avaient pas de quoi se nourrir. Il semble qu’elles soient maintenant reparties.

L’association observe une augmentation des arrestations dans les gares de Béthune et de Lillers, (gares par lesquelles les personnes arrivent). Les gendarmes sont aussi présents quotidiennement sur le parking.

Cela fait maintenant 10 mois que l’hôtel Sunset de Fouquières les Béthune est exclusivement transformé en HUDA et en centre d’hébergement d’urgence pour Mineur Isolés (alors que des mineur-e-s ne devraient pas être hébergés dans les mêmes locaux que des majeur-e-s). Les mineurs sont en souffrance. Après des mois d’attente et plusieurs dénonciations de leur situation, ils ont passé leurs tests avec le CASNAV en vue de leur scolarisation et certains commencent à savoir dans quel lycée ils vont pouvoir aller. Ces jeunes n’ont personne pour prendre le temps de leur expliquer ce qui va se passer pour eux administrativement et ceux qui demandent l’asile ne savent pas où en est leur dossier.

Quant aux adultes, il n’y a heureusement pas eu d’arrestation depuis juillet (la PAFest venue plusieurs fois arrêter des personnes pour les expulser) mais la peur demeure. Quelques d’adultes, hommes et femmes toutes nationalités confondues, ont commencé à participer à un atelier d’écriture proposé par Terre d’Errance. Leur idée est d’en faire une forme de protestation contre Dublin de prendre la parole à ce sujet. Ces femmes et ces hommes attendent avec impatience que les associations organisent au minimum une action nationale pour protester contre le règlement Dublin.

Le 13 novembre 2018, un adjoint au maire très remonté, a signifié à une militante « qu’ils devaient partir » du garage du presbytère. Les nombreuses allées et venues de ce côté du village en période de Toussaint et de commémoration du 11 novembre ne doivent pas être étrangères à cette volonté d’invisibiliser ces personnes « indésirées » par les autorités. La gendarmerie est venue dire aux personnes de partir, suite à une demande du maire.  Après visite d’une solidaire au maire, ce dernier dit qu’il tolère la présence des exilé-e-s la nuit mais que personne ne doit être au presbytère en journée.
Le 14 novembre 2018, deux hommes qui dormaient dans le garage du presbytère ont été emmenés à la gendarmerie d’Isbergues puis relâchés après qu’on leur ait dit de partir loin, mais pas à Norrent-Fontes. Une grille (amovible) a été posée devant le garage.

Les quelques anciens de l’ancien campement de Norrent-Fontes sont toujours à Quernes.

  • 2019

Hébergement d'Urgence pour Demandeurs.euses d'Asile (HUDA) de Fouquières lès Béthune

Une petite fête dans le cadre de la journée des droits des femmes a été organisée le 8 mars. Cet évènement organisé par gynéco sans frontières a notamment permis à des femmes résidant là depuis plus d’un an de se rencontrer et de mieux se connaître.

A l’HUDA de Fouquières, plusieurs personnes ne reçoivent plus l’ADA et sont donc sans aucune ressource. D’autres s’étant vues refuser leur demande d’asile vivent la peur d’être expulsées.

Une personne de nationalité afghane a été arrêtée au poste de police alors qu’elle allait signer dans le cadre de son assignation à résidence. Cet homme est maintenant en danger, il a refusé un premier vol pour la Suède, aujourd’hui nous craignons un renvoi forcé (menotté, attaché, baillonné…) pour la Suède puis pour l’Afghanistan. La cour d’appel ne l’a pas libéré, il est toujours enfermé au CRA de Coquelles.

Camp de Fouquières

Au camp de Fouquières, il y a 7 personnes, à nouveau. L’aide s’organise pour gérer les lessives, le transport aux douches, etc…

Camp de Quernes

A Quernes, il reste toujours sept personnes dont une qui est désormais demandeur d’asile, mais ne souhaite pas être hébergée ailleurs.

Camp « sauvage » à Lillers

Présence présumée de personnes Kurdes à cet endroit. Ce « camp » aurait été détruit fin février…

Nous pourrions y passer de temps en temps pour proposer notre aide aux personnes qui y seraient présentes d’une manière ou d’une autre.

Personnes en errance à Saint-Hilaire Cottes/Norrent-Fontes

La situation est difficile. Les réfugiés n’ont pas d’abri. Nous essayons de leur apporter des repas, de l’eau et de proposer un accès aux douches une fois par semaine.

La présence de rats sur le lieu leur nourriture est « stockée » nous incite à mettre en place un container pour la protéger des rongeurs et à contacter la mairie du village afin que ce container ne soit pas enlevé.

L’hébergement solidaire le week-end chez « l’habitant » continue, un document d’information a été rédigé en français, anglais et tigrigna mais l’idéal serait d’élargir le nombre d’accueillants à une quinzaine de personnes disponibles afin que cela puisse tourner toujours les mêmes.

La présence policière sur le parking (aire d’Autoroute) est plus intense ces derniers temps.

Marrainage-Parrainage

L’organisation et la mise en lien via le parrainage/marrainage donne satisfaction autant aux marraines/parrains qu’aux personnes m.parrainées. Nécessité de proposer cette démarche à des personnes ayant le statut de réfugiées mais qui se sentent isolées dans leurs démarches et leur vie.

Une cérémonie de « baptêmes » aura lieu par la commune de Bruay-Labuissière début juin 2019.

Evènements


Atelier d'éducation populaire avec Jessy Cormont

22 juin 2013,

Faire un « pas de côté » pour prendre du recul sur la pratique de solidarité avec les exilé.e.s, animé par la sociologue Jessy Cormont.

Formation juridique

Le 21 septembre 2013 et le 25 février 2014,

Dans le cadre de ses activités, le groupe Juridique de la PSM a élaboré un petit module de formation destiné à mieux comprendre le droit des étrangers et permettre aux bénévoles de se mieux repérer dans les « labyrinthes juridiques » auxquels sont confrontés les personnes exilées rencontrées sur les squats où les camps. L’idée est que, de par son contenu, ce temps de formation soit accessible par toutes et tous.