À Calais, encore des enrochements pour empêcher l’installation des camps de migrants
Depuis quelques jours, d’énormes blocs de pierre sont déversés dans le centre de Calais, derrière l’hôtel de ville. La commande de 3 200 tonnes d’enrochements s’ajoute aux obstacles déjà posés là depuis 2022.
Ce mardi matin, face au collège Jean-Jaurès en centre-ville, les poids lourds se relaient sur le quai Andrieux, empruntant la descenderie qui permet d’accéder au bord du canal. Chargés d’enrochements massifs en provenance des Carrières du Boulonnais, ils déversent sur l’herbe leur cargaison dans un vacarme impressionnant. Une tractopelle prend le relais, pour emmener puis déposer les rochers aux abords du pont Mollien, sur la moindre parcelle d’herbe.
3 200 tonnes de rochers
Les engins, sous la passerelle piétonne et sous le pont automobile, créent ainsi une nouvelle barrière d’enrochements pour empêcher l’installation de camps d’exilés. La commande, faite par la ville de Calais, porte sur 3 200 tonnes de rochers. Ces obstacles viennent parfois même boucher de petits espaces laissés libres par la première vague de rochers déversée ici même en 2022, lieu où des tentes apparaissent régulièrement, au gré des démantèlements en périphérie de la ville.
Depuis la pose de blocs de pierre, fin octobre, autour de la station Total entre Calais et Marck, le campement du centre-ville est réapparu. En ce moment, ce sont les Syriens qui occupent les lieux. Youssef, qui a du mal à se réchauffer, nous montre entre deux rochers son espace de vie à ciel ouvert, là où les engins de chantier n’ont pas encore accédé. « Je dors ici, je mange là. » Au sol, dans une poêle, ses deux camarades préparent une omelette aux pommes de terre. « J’aurais aimé vivre en France, mais depuis qu’on a découvert l’accueil qui nous est réservé ici, on vise l’Angleterre. » Les soixante-cinq morts dans les traversées de la Manche en 2024 ne les font pas reculer. « On a traversé la Méditerranée par la Libye, alors la Manche… »
On compte ici une trentaine de tentes, à quelques centaines de mètres de l’hôtel de ville. La maire Natacha Bouchart (divers droite), bien que consciente qu’on est loin de l’image de la carte postale, assume son action. « Je préfère les enrochements aux tentes, où vivent des gens maltraités et instrumentalisés par des passeurs. À Calais, on est sous le feu des riverains mécontents, d’experts qui nous décrient sur les conditions de vie, et face à un environnement économique fragilisé par la situation. Alors oui, je fais poser des blocs de pierre pour changer tout ça. »
Source: https://www.lavoixdunord.fr/1522110/article/2024-11-12/calais-encore-des-enrochements-pour-empecher-l-installation-des-camps-de