« Commémorer les décès, crier la colère » : associatifs et politiques dénoncent les politiques migratoires à Calais (La Voix du Nord)

Par Bérangère Barret Publié le 11 Janvier 2025

Publié le 16 janvier 2025

Ce samedi, associations, syndicats et des élus ont marché dans Calais, accompagnés de 600 personnes, pour « émettre un message de recueillement et de paix », un message politique, aussi, face à la situation migratoire, alors que le matin même, un migrant a encore perdu la vie lors d’une tentative de traversée.

Rendez-vous était donné sur la Digue Gaston Berthe à Calais pour rappeler plusieurs messages que ces acteurs, venant de mondes différents, associatif, syndical ou encore politique, martèlent régulièrement.

« Nous sommes sur un moment important, lance Thomas Porte, député LFI de la Seine-Saint-Denis, venu à Calais pour participer à cette marche « pour la justice et la dignité à la frontière ». En 2024, 89 exilés sont morts en tentant de traverser la Manche. On commence 2025 de la même façon, avec un exilé mort cette nuit. Il faut en finir avec cette politique du barbelé, les accords du Touquet doivent être renégociés. Ce à quoi on assiste, c’est une chasse… »

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Cette marche était organisée pour dénoncer les politiques migratoires, qualifiées de «mortifère» par les associations, mais aussi commémorer les personnes décédées en tentant de traverser la Manche. - Marc DEMEURE

Quelque 600 personnes ont rejoint le cortège, samedi, commençant la marche par une minute de silence en hommage à l’homme décédé la nuit précédente en tentant la traversée vers l’Angleterre (lire par ailleurs). Cette mobilisation « inédite », on « a tenté de nous empêcher de l’organiser, lance Allan Brunon, du Réseau Insoumis antifasciste, l’un des organisateurs de la marche. La maire de Calais (Natacha Bouchart, ndlr) a voulu prendre un arrêté pour interdire la marche, mais la préfecture l’avait déjà autorisée. »

« C’est une victoire d’avoir pu maintenir cette manifestation et de pouvoir marcher dans Calais pour dénoncer des politiques mortifères, mais aussi commémorer les personnes disparues », abonde Angèle Vettorello, d’Utopia 56, association d’aide aux migrants particulièrement active sur le littoral du Nord et du Pas-de-Calais. Elle se félicite de voir « une telle mobilisation » d’acteurs différents : « Il y a des associations d’aide aux migrants, mais aussi des représentants politiques nationaux et locaux. » Majdouline Sbaï, députée européenne (EELV) roubaisienne était présente, notamment.

« La réponse ne peut pas consister en une Europe qui se barricade »


« On a eu une année particulièrement mortifère. Il y avait un réel besoin de commémorer ces décès, de crier la colère et dénoncer les responsabilités », ajoute la responsable associative.

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«On a eu une année particulièrement mortifère», dénoncent les associations. 89 migrants sont morts en 2024 en tentant de rallier l’Angleterre. - Marc DEMEURE

Des solutions sont-elles possibles face à cette situation ? « La réponse ne peut pas consister en une Europe qui se barricade, avance Thomas Porte. La réponse, c’est accueillir ces personnes dignement. Et faciliter le passage vers l’Angleterre de ceux qui veulent y aller. » Il admet que les orientations politiques du moment ne sont pas guidées par ce type de solution. Et dénonce, comme les autres acteurs présents dans la marche, « les annonces de Bruno Retailleau et de la maire de Calais qui demandent le rétablissement du délit de séjour irrégulier ». De fait, la maire de Calais avait, en septembre, évoqué la possibilité de rétablir ce délit, pourtant supprimé en 2012, et refusé (sur la forme) par le Conseil constitutionnel en janvier 2024 dans le cadre de l’examen de la nouvelle loi immigration. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, plaide lui aussi pour cette proposition.

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