Le nouvel accord franco-britannique

Publié le 2 septembre 2025

Le mois de juillet 2025 a été rythmé par un nouvel accord franco-britannique sur les mesures prises de chaque côté de la Manche concernant les personnes exilées tentant de rejoindre l’Angleterre irrégulièrement. La France et l’Angleterre ont décidé de prendre des mesures encore plus coercitives envers les personnes exilées arrivant sur le territoire britannique. Vous pouvez retrouver le décret qui met en application cet accord ici .

L’Angleterre prévoit de placer en rétention les personnes arrivées et jusque la fin de leur demande d’asile. Il n’est pas encore précisé combien de personnes seraient concernées, combien de places en rétention ont été débloquées.

Les Etats ont également annoncé un accord “one in / one out” : des personnes arrivées sur le sol britannique pourront être renvoyées vers la France, avant que leur demande d’asile ne soit entendue sur le sol britannique. En échange, le Royaume-Uni s’engage à accueillir sur son sol des personnes présentes actuellement en France sans titre de séjour et qui souhaiteraient rejoindre le Royaume-Uni.

Cet accord permet effectivement d’ouvrir une voie légale d’arrivée vers l’Angleterre. Cependant, ce dispositif comporte de nombreuses lacunes. D’abord, le nombre de personnes acceptées au Royaume-Uni est conditionné au nombre de personnes renvoyées vers la France: cela crée un système de marchandisation des personnes entre les pays et risque de ne concerner qu’un faible nombre de personnes comparé au nombre de personnes sur le littoral.

Ensuite, le système pour demander à être pris en charge par le Royaume Uni est très discriminant : ne peuvent déposer une demande que les personnes possédant une copie électronique de leurs papiers d’identité, adulte (ou une famille avec un adulte), et n’étant pas réfugié dans un pays de l’Union européenne : les personnes sans titre d’identité avec eux, les mineurs non-accompagnés, les personnes réfugiées en Europe, ne pourront donc pas déposé une demande.

De plus, les critères de sélection sont encore très flous : seront favorisés les personnes dont la nationalité fait partie des nationalités ayant le plus de demande d’asile acceptées, ou les nationalités les plus représentées sur le littoral (sans qu’une liste claire soit établie) et les personnes “ayant un lien avec l’Angleterre” (ici encore sans précision).

Enfin, durant toute cette procédure, qui peut être longue puisqu’aucune annonce de temporalité n’a été faite, les personnes seront sans titre sur le territoire français.

En plus de ces accords, la France a annoncé de nouvelles pratiques des forces de l’ordre sur le littoral : celles-ci devraient avoir le droit d’intervenir dans l’eau lors de tentatives de traversées en bateau, dans une bande des 300 mètres. Cela inquiète également fortement les associations, car la plupart des décès en 2024 et 2025 sont survenus dans cette bande des 300 mètres, notamment en raison de mouvements de foule, de précipitation, ou de bateaux crevés, parfois liés à l’intervention des forces de l’ordre.

Cette annonce d’intervention des forces de l’ordre dans l’eau serait une consécration de pratiques déjà existantes. France Info a par exemple publié un reportage constatant que les agents entrent déjà dans l’eau pour asperger les personnes de gaz lacrymogène.

Pourtant, malgré ces annonces alarmant les personnes et qui sont annoncées comme visant à endiguer le pouvoir des passeurs, les traversées ne cessent d’augmenter. Vous pouvez aussi retrouver un article de France Info ici.

Face à ces annonces, certaines personnes (en plus des associations) travaillant pour la frontière interpellent et dénoncent ! Un syndicat des douaniers a par exemple publié une lettre ouverte refusant de participer à ce contrôle des personnes, à retrouver ici.