La lettre d'infos n°70
Publié le 3 novembre 2022
Sommaire
Marche de commémoration : le 24 novembre 2021, au moins 27 personnes exilées mouraient en mer en tentant de rejoindre le Royaume-Uni. Un an plus tard, nous marchons pour leur rendre hommage et pour que cessent ces politiques meurtrières ! Rendez-vous jeudi 24 novembre 2022, à 18h, place de l'Hôtel de Ville de Dunkerque. Merci de venir avec une bougie.
Infos des lieux de vie
à la frontière franco-britannique
- A Calais, une victoire juridique : la justice annule 3 des arrêtés interdisant les distributions de repas et d'eau aux personnes en exil. Par sa décision, le tribunal administratif reconnaît que " les distributions assurées par l’État sont quantitativement insuffisantes". "Cette victoire est très importante pour tout ce que ces arrêtés ont représenté à Calais : l’entrave à la solidarité, l’empêchement d’un accès minimal au droit et aux services de premières nécessités pour les personnes exilées et leur criminalisation et celle de leurs allié.e.s., jugent le groupe d’associations et de collectifs de solidarité". A retrouver avec Basta.
- A Calais encore, les habitants du squat de la rue Sauvage (occupé depuis février) ne seront pas expulsés avant 3 ans. Le tribunal a tranché, le 25 octobre : il n'y a pas de preuve formelle que l’occupation du bâtiment s’est faite avec effraction ou violence.
- A Loon-Plage/Dunkerque, refus d’un accès à l’eau potable, pose de blocs en béton, multiplication des évacuations… avec la volonté de tout faire pour "éviter les points de fixation" des personnes exilées sur le littoral, l’État et ses relais aggravent encore leurs conditions de vie. Un article de la Voix du Nord qui résume une situation insupportable depuis trop longtemps.
et ailleurs
- En Belgique, la crise de l'accueil vient de franchir un degré supplémentaire. Pour la première fois, des familles avec enfants, enregistrées comme demandeuses d'asile, n'ont pas trouvé de place dans le système d'accueil et d'hébergement géré par Fedasil (l'agence fédérale pour l'accueil des demandeurs d'asile, sous tutelle de l'État). Quelque 125 personnes sont concernées. 21 mineurs non accompagnés se sont également vus refuser l'entrée dans le dispositif d'accueil malgré leur enregistrement officiel. Plus d'infos avec InfoMigrants.
- A Paris, une histoire sans fin. Le 27 octobre, 634 personnes exilées ont été expulsées d'un campement à la Chapelle. Plus de 400 hommes, femmes et enfants qui dorment depuis un mois sous le pont du métro aérien se retrouvent désormais sur le trottoir avec leurs sacs à dos, sans savoir où aller. "L'opération d'évacuation a commencé à 7h ce matin mais les bus ont été très vite pleins. On voulait monter dedans mais la police nous a repoussé, raconte Saïd, 27 ans, originaire de Somalie. Nous étions prêts à aller n'importe où en France, peu importait. Tout ce qu'on veut, c'est un toit. On a juste besoin de dormir." A lire ici.
- En Lettonie, les autorités ont instauré un état d’urgence à la frontière avec le Bélarus en août 2021, empêchant ainsi les personnes de demander asile et légalisant les retours forcés. L’abus par les autorités lettones des pouvoirs conférés par l’état d’urgence a donné lieu à des agissements s’apparentant à des actes de torture ou d’autres formes de mauvais traitements, des détentions arbitraires et le recours à des manœuvres d’intimidation et des violences pour forcer les personnes à un retour " volontaire ". Un rapport d'Amnesty International.
Infos de la PSM
- Le partenariat avec l'université de Manchester, et l'association GADEM au Maroc se poursuit. "Acts of Solidarity" a débuté en 2021 et se poursuit en 2022 et 2023. C'est un travail de recherche universitaire qui compare la criminalisation de la solidarité à la frontière du Maroc et de l'Union européenne, et celle à la frontière franco-britannique. Il aboutira à un rapport en 2023. Deux tables rondes sont organisées : l'une s'est déroulée au Maroc début mai et une autre aura lieu en France, au cours de ce mois de novembre. A suivre !
- L’ouverture du Diplôme Universitaire "médiation-interprétation aux frontières" co- crée avec les associations du réseau PSM et l'université de Lille, approche. C'est pour le mois de janvier. Plus d'infos sur ce beau projet dans la lettre d'infos 69 et ici Pour l'aider financièrement et parrainer les étudiants c'est ici.
- Projet Mémoire : De manière continue la PSM fait un travail de capitalisation et de valorisation des ressources et outils pour faciliter le réseau associatifs et militants dans leurs travail. Pour faciliter cette mobilisation de ressources la PSM travaille avec d'autres acteur.rice.s, chercheur.euse.s à l'élaboration d'un projet mémoire de la frontière franco-britannique. Une résidence à donc lieu ce week-end (les 5 et 6 novembre) afin d’écrire le projet.
Infos des assos
- Près de Caen, les associations du réseau PSM propose une rencontre et un débat : "la parole des exilés, les réponses de l'Etat". Ce sera le jeudi 17 novembre de 13h30 à 18h00 au WIP (rue des ateliers, 14460 Colombelles). Présentation, débats et ateliers participatifs autour des travaux de Marta Lotto, socio-anthropologue, autrice de « On the border : La vie en transit à la frontière franco-britannique », et de Pierre Bonnevalle, chercheur en sciences politiques, auteur de "30 ans de la politique de dissuasion". L'entrée est gratuite, inscrivez-vous !
- Projection du film "La combattante" de Camille Ponsin, dans le cadre du festival Migrant'scène proposé par la Cimade. Ce sera la veille. Plus d'infos ici
Faire et dire, les personnes premières concernées
- "Parents d'ici, enfants de là .Marc Gosselin propose une série de témoignages sur la parentalité et la transmission, sous forme de récit sonore. Durant l’été 2022, l’artiste a rencontré plusieurs habitants.es (français.es et demandeurs.es d’asile) de la ville de Bailleul, dans le nord de la France, pour enregistrer leurs histoires d’enfance, leurs parcours de parents, des tranches de vie... Réflexions, confidences, anecdotes, doutes et éclats de rires se mélangent ainsi aux berceuses d’ici et là.
Belles échappées
- Festival Migrant'scène 2022, du 12 novembre au 4 décembre. Libertés ! C'est le mot d'ordre de cette nouvelle édition proposée par la Cimade. Liberté de circuler, d’aimer, de s’installer... Liberté d’affirmer une identité plurielle... Liberté de s’associer, d’imaginer ensemble. A Amiens le 25 novembre, Rachid Bouali entreprend avec "Braslavie bye bye" une réflexion sur l’Europe disparate et ses frontières, à sa manière, avec humour, malice et justesse. A Lille, projection du film "les mots de Taj", histoire de ce réfugié qui a refait six ans après son arrivée en France le trajet en sens inverse jusqu'en Afghanistan. Retrouvez ici le programme de votre région !
Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations
- Journées finales DisPow, à Toulouse les 24 et 25 novembre ! : gouverner les exilé.e.s ; pouvoir discrétionnaire et résistances. DisPow se propose d’analyser les controverses socio-juridiques en lien avec la gestion des frontières en France, dans le but de comprendre leurs origines, les différentes conceptions de la justice qu’elles symbolisent, la façon dont elles questionnent... Le programme, c'est ici.
Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues
- Comment fonctionne une "obligation de quitter le territoire français" ? Le monde politique s’agite, parfois par opportunisme, la confusion demeure quant à la façon dont s’applique l’OQTF, tant ses modalités d’exécution sont d’une grande complexité. Quelles sont les personnes qui ne peuvent faire l'objet d'une OQTF ? Qu'entend-t-on par une OQTF "classique" ? Quel recours ? Cheknews fait le point Le ministre Gérald Darmanin a présenté le 2 novembre les grandes lignes du futur projet de loi immigration, prévu début 2023. Au menu : des OQTF plus efficaces. Plus d'infos dans la rubrique "pour comprendre"
En quête de droit(s) - Outils et infos juridiques
- L'Anafé appelle les parlementaires à visiter et fermer les zones d'attente. Dans une lettre ouverte, L’Anafé tient à partager avec les parlementaires ses 30 ans de constats et d’expertise. L'association appelle le législateur à mettre fin à l’enfermement aux frontières des personnes étrangères et exercer son droit de visite dans les zones d’attente pour constater les conditions d’enfermement indignes et les violations des droits qui y ont cours.
- Le Rwanda, modèle de sous-traitance du droit d'asile ? l’annonce d’un pacte du Rwanda avec le Royaume-Uni le 14 avril 2022 a été très décriée. Ce n’est pas la première fois que le Rwanda est choisi pour accueillir des requérant·es d’asile d’un pays étranger. En 2013, Israël avait passé un accord similaire, mais secret et abandonné en 2018. En 2021, le Danemark, connu pour son approche restrictive en matière d’asile, a également créé un tollé en évoquant un mémorandum avec le Rwanda. Plus d'informations ici
- Dispersion des campements : flagrant délit de détournement de la loi...par un procureur. Depuis qu’ont été menées, en 2015 et 2016, les opérations d’évacuation des milliers d’habitant·es de la" jungle" de Calais, les gouvernements successifs ont appliqué avec constance une politique de dispersion systématique des campements. Dès le 23 octobre 2016, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve annonçait "une stratégie globale pour éviter qu’un point de fixation ne se reforme". Depuis lors, tous ses successeurs ont repris l’expression à leur compte et, avec elle, les méthodes brutales qu’elle suggère crûment. Un article du Gisti
Pour comprendre / pour cogiter
- Les ministres de l’intérieur et du travail dévoilent, dans un entretien au « Monde », le contenu du texte qui doit être débattu début 2023. Alors qu’un nouveau projet de loi « immigration » doit être examiné début 2023, le ministre du travail, Olivier Dussopt, et celui de l’intérieur, Gérald Darmanin, annoncent vouloir, dans un souci d’ "équilibre", créer un titre de séjour " métiers en tension " pour les travailleurs sans papiers déjà sur le territoire, à côté de mesures visant à améliorer les reconduites à la frontière. L'entretien, c'est ici
- Atlas des migrations dans le monde : libertés de circulation, frontières, inégalités. Migreurop publie son 4ème Atlas ! Il éclaire les enjeux migratoires contemporains à partir de la notion polysémique de "liberté de circulation". Il a pour ambition de renouveler les imaginaires autour de la notion de liberté de circulation et d’installation. Chaque partie fait dialoguer des textes d’expert·e·s avec une iconographie riche et créative et alterne des thématiques "classiques" et des sujets actuels (pandémie, circulation des données, migrations des femmes, écologie,...).