La Lettre d'info n°88
Publié le 20 janvier 2025
Sommaire
Infos des lieux de vie
A la frontière franco-britannique...
- Calais : Les pratiques d’invisibilisation et de relégation des personnes exilées vers la périphérie et les zones industrielles de la ville se poursuivent. Les espaces verts dans le centre ville assez grands et plats pour poser des tentes sont régulièrement enrochés pour empêcher que des personnes ne s’installent.
Fin octobre, la mairie de Calais a publié un arrêté municipal interdisant l’accès à un terrain utilisé par des personnes comme lieu de vie et par des associations comme lieu de distribution. Les associations se sont réunies pour contester cet arrêté municipal, en déposant un référé devant le Tribunal administratif de Lille. Quelques jours avant l’audience, la mairie a décidé de retirer cet arrêté, en publiant un autre arrêté municipal qui annule le premier. Si cela permet de nouveau à chacun.e d’avoir accès au terrain pour les distributions, cela a mené à l’expulsion de fait des personnes de leur lieu de vie, à sa destruction, et empêche d’obtenir une décision de justice favorable aux associations et aux occupants de terrain.
- Dunkerque: les dernières semaines ont été marquées par des violences et des drames. Le 14 décembre, un homme a tué plusieurs personnes, dont deux personnes kurdes présentes sur les campements. Les motifs de ces meurtres sont encore inconnus.
- Wimereux. Plusieurs lieux de vie avaient étaient créés à Wimereux durant l’été et une partie de l’automne. Depuis novembre, ils sont vides et nettoyés par l’association Alors On Aide. En novembre, une trentaine de personnes a installé un campement à proximité de Boulogne-sur-Mer, durant une dizaine de jours.
- Littoral. Des maires du littoral appellent les pouvoirs publics à renégocier les accords du Touquet. Entre autres, ce collectif de maires demande la création d’un Préfet spécifique aux questions migratoires, la création d’une police des transports, des mesures législatives d’éloignement sur la bande littoral. Ces demandes ne visent pas une amélioration des conditions de vie des personnes exilées sur le littoral.
- Mort.e.s de la frontière. En 2024, au moins 89 personnes sont décédées à la frontière franco-britannique faisant de cette année la plus meurtrière. En 2025, une personne est décédée de la frontière.
et des infos d'ailleurs...
- Grèce : l’association Legal Centre Lesvos alerte sur l’accueil des exilés arrivant en Grèce en publiant un rapport faisant état de nombreux dysfonctionnements de l’accueil. Vous pouvez retrouver leur rapport ici.
- Méditerranée. Cet article publié dans le média tunisien Nawaat revient sur les enjeux autour des naufrages dans la méditerranée et la politique menée par l’Etat tunisien à l’encontre des personnes exilées (répression des ONG, politique de chasse aux personnes exilées, mise en danger des embarcations par la garde maritime tunisienne, …).
- Criminalisation de la solidarité. Ces deux articles, l’un concernant le Pays Basque et l’autre sur la frontière franco-britannique reviennent sur la répression de la solidarité et les poursuites judiciaires intentées contre les solidaires dans le cadre du soutien apporté aux personnes exilées.
Infos de la PSM
- Recherche de relecteur.rice.s : les rédactrices de la newsletter sont à la recherche de bénévoles pour relire, questionner, contribuer à la newsletter de la PSM. Motivé.e ? Envoyez un mail à contact@psmigrants.org.
Infos des assos
- Criminalisation de la solidarité. L’association Utopia 56 est visée par trois enquêtes pénales en raison de leurs activités d’urgence. Une première enquête porte sur des faits de diffamation à l’encontre des forces de l’ordre à raison de propos publiés sur X (anciennement Twitter), faisant état d’un bateau incendié. Pour les deux autres, il est reproché aux bénévoles de l’association d’avoir intentionnellement alerté les secours de situations fausses. Selon le communiqué d’Utopia 56 “Sur le littoral nord, [...] Utopia 56 et ses équipes ont reçu, en 2024, 384 appels de détresse en mer impliquant plus de 13 400 personnes. En aucun cas nous n’instrumentalisons ces appels : nous alertons les services de secours des signaux de détresse qui nous sont transmis, pour que ces derniers puissent faire leur travail, si essentiel. [...] Il apparait clairement que ces enquêtes sont le prolongement d’une volonté d’intimidation à l’encontre de nos équipes et d’entrave à notre mission”.
- Manifestation. Le samedi 11 janvier 2025, une manifestation à Calais a réuni plus de 600 personnes suite à l’appel des associations du Nord et du Pas-de-Calais et de différents syndicats et partis politiques en solidarité avec les personnes bloquées à la frontière. Elle visait à contester une frontière rendue toujours plus mortifère, des démantèlements perpétrés à un rythme effréné, un maintien dans des conditions de vie indignes, un abandon délibéré des pouvoirs publics. Alors que la manifestation visait à critiquer les politiques publiques de non-accueil, la Mairie de Calais a publié la veille au soir un arrêté, manifestement illégal, interdisant la manifestation. Cet arrêté a été annulé par le Tribunal en urgence une demi-heure avant le début de la manifestation. Plusieurs articles ici, ici et ici.
- L’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels, dont la PSM fait partie, publie son 6ème rapport annuel. Au total, 1 484 expulsions ont été recensées sur tout le territoire français, du 1er novembre 2023 au 31 octobre 2024 : une augmentation de 34 % par rapport à l‘année précédente. Ce rapport de l’Observatoire s’est également penché sur les effets des expulsions sur les inégalités environnementales de santé.
- L'Observatoire des libertés associatives a publié un rapport sur les entraves à la solidarité aux frontières franco-britannique, franco-italienne et franco-espagnole. Cette enquête dresse un état des lieux préoccupant où les pouvoirs publics (collectivités locales, forces de police, autorités administratives…) prennent des mesures, toujours plus répressives, pour empêcher ces initiatives ou les décourager.
- Offres d’emploi/recherche bénévoles. La Margelle cherche un.e nouveau.elle coordinateur.rice, pour avoir plus d’infos, rendez-vous ici. La Cimade cherche des bénévoles pour la permanence d’accès aux droits de Calais (plus d’infos ici) et auprès des étrangers détenus à Longuenesse (plus d’infos ici).
Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations...
- Formation. Le Gisti organise une journée d’information sur le thème de « L’impact en France du Pacte européen sur la migration et l’asile » lundi 3 février 2025. Les inscriptions sont ouvertes, pour une participation en présentiel à Paris (limitée à 195 places) ou bien par visioconférence. Vous retrouverez le programme et le lien d’inscription ici.
- Webinaire. Plusieurs webinaires sur la santé mentale sont organisés par Céapsy, centre de ressources troubles psychiques en Île-de-France notamment celui sur le retentissement des troubles psychiques, accompagnement et accès aux ressources, mardi 28 janvier de 10H à 12H30 et le jeudi 22 mai de 10H à 12H30 (pour s’inscrire).
- Soirée de lancement du livre “Ouistreham. Le port de l’espoir. L’engagement local pour l’accueil des migrants”. Rendez-vous vendredi 7 février 2025 à 19H à la Salle du Clos Baron (rue du clos Baron 14 780 Lion sur mer) pour la soirée de lancement du livre écrit par Camille Gourdeau, socio-anthropologue, en collaboration avec des membres du Collectif d'aide aux migrants de Ouistreham (CAMO).
- Soirée interprétariat (en ligne). "L'interprétariat au-delà des frontières... des pratiques similaires?" organisée par l'Ospere Samdarra dans le cadre des soirées interprétariat le jeudi 23 janvier 2025 de 18H30 à 20H30. Pour s'inscrire, cliquez ici.
La boite à outils
- Guides. La Cimade a publié deux guides accessibles à tous.tes sur les violences. Le premier “Refuser la violence des frontières” est destiné au grand public, pour sensibiliser sur les questions liées aux frontières. Le deuxième “Violences policières et pénitentiaires visant les personnes étrangères” vise à fournir des clés de compréhension sur les enjeux de l’accompagnement des victimes.
Commission santé mentale
- Vieillir en exil. A travers cette série de podcast, le centre Primo Levi interroge l’accompagnement des personnes âgées en exil : quel soin apporter ? Quel accompagnement social ? Qu’en est-il de la transmission entre générations ?
- Anxiéter. La revue Rhizome revient dans ce numéro de décembre sur les enjeux autour de la politisation de l’anxiété, notamment l’impact des conditions de vie dans le pays d’accueil sur la santé mentale des personnes immigrées. A retrouver ici.
En quête de droit(s) - outils et infos juridiques
- Vers la remise en question du statut de réfugié pour les personnes syriennes ? Suite à la prise de la Syrie par la coalition dominée par le groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), plusieurs pays européens ont proposé de suspendre l’examen des demandes d’asile formées par des personnes syriennes. L’OFPRA a communiqué suivre “attentivement la situation en Syrie” et en considérant qu’une suspension peut être possible.
- Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Les OQTF ont maintenant une durée exécutoire de 3 ans. Le 20 novembre 2024, la Cour de Cassation a validé la rétroactivité de la loi “asile immigration”. Cela signifie qu’une personne étrangère peut être placée en rétention ou assignée à résidence en vue de son expulsion si elle est visée par une OQTF prononcée depuis moins de 3 ans, et non seulement si elle est visée par une OQTF depuis la mise en application de la loi.
Pour comprendre et pour cogiter
- La fabrique des réfugi.é.e.s. Dans cet entretien mené avec Karen Akoka (autrice de L’asile et l’exil), la chercheuse revient sur l’histoire politique de l’asile, les distinctions réfugiés/migrants, l’évolution des agents de l’OFPRA et des critères d’attribution du statut de réfugié. Sur le même sujet, à écouter cet épisode du podcast “Je ne suis pas raciste mais”, “Parler de “bons” ou de “mauvais” migrants, c’est déjà raciste”.
- Ce que la migration fait aux langues. Ce numéro de De Facto revient sur les enjeux aujour des langues en questionnant l’ambiguïté des politiques migratoires dans le traitement de la question des langues, en mettant en lumière les nouvelles recherches et projets, alors que les questions de langues, de traduction, de médiation font l’objet de formations croissantes.