La Lettre d'infos n°42
Publié le 10 juillet 2020
Sommaire
Infos des lieux de vie
- A Calais, les nouvelles arrivées se multiplient ces dernières semaines, avec une réponse toujours aussi inadaptée et indigne des pouvoirs publics et peu de leçons tirées de la période de crise pandémique a priori. Le harcèlement policier se poursuit avec des expulsions tous les 2 jours sur les différents campements, mais aussi des interventions répétées ces derniers temps de la Police aux Frontières au niveau de la gare de Calais, ou à l’intérieur des bus de ville. Les associations présentes s’alarment également des conditions sanitaires et d’assainissement désastreuses dans lesquelles se retrouvent les personnes, alors que la collecte des déchets n’est pas prise en charge sur la plupart des lieux de vie.
- A Grande-Synthe, les quelques douches et toilettes installés en avril dernier, ainsi que la citerne d’eau mise en place au début de la crise pandémique, ont été retirés le 3 juin, laissant ainsi plus de 400 personnes sans aucun accès à l’hygiène, et avec un accès à un unique point d’eau, en dehors du site de La Linière désormais clôturé. Les différentes expulsions des lieux de vie menées ces derniers mois maintiennent par ailleurs les personnes dispersées, ce qui les fragilisent d’autant plus dans leur accès aux services et dans leur capacité à faire respecter leurs droits. Découvrez ici le communiqué de presse inter-associatif du 24 juin réclamant à la mairie et la préfecture le rétablissement d’un accès à l’eau et à l’hygiène. Pour en savoir plus, vous pouvez aussi lire cet article d’InfoMigrants en date du 16 juin.
- A Ouistreham, après avoir été mises à l’abri du fait de la pandémie à Tailleville et prises en charge par la Croix Rouge et ses bénévoles, une bonne partie des soixante personnes hébergées a souhaité revenir à Ouistreham. Une 1ère tentative le 11 mai s’est soldée, après le déploiement de nombreuses forces de l’ordre, par un retour contraint à Tailleville. Depuis, le centre d’hébergement s’est de fait vidé, et les personnes exilées se retrouvent dans une situation encore plus précaire qu’avant : Le rond-point de l’entrée de ville où était leur campement a été rendu inaccessible par de nombreuses pierres, et les contrôles d’identité non justifiés, arrestations, harcèlement et enfermements en CRA se multiplient. Le 5 juin, une quinzaine de personnes exilées étaient ainsi présentes devant la gendarmerie pour demander la libération d’une des leurs. Les brigades mobiles sont intervenues de manière virulente. Le 6 juin, une manifestation d’une centaine de personnes s’est tenue pour dénoncer ces pratiques policières. Voir le reportage de France 3 à ce sujet ici.
- Du côté de Norrent Fontes : 6 personnes vivent sur le campement de Quernes désormais, sans accès aux douches et épuisées par des contrôles policiers intensifiés sur le parking. A Saint Hilaire Cottes, les personnes continuent de survivre dans les fossés. A Fouquière les Béthune, ce sont des visites fréquentes de la police sur le campement, avec prises de photos et de l’identité des personnes. On leur avait promis de venir les rechercher la semaine dernière pour « les mettre à l’abri à Calais » mais finalement rien ne s’est produit. Pas plus d’accès aux douches ici. Au pradha de nombreuses personnes sont passées en procédure normale du fait de la crise pandémique et du confinement, d’autres ont obtenu la protection subsidiaire ou le titre de réfugié.e pour 10 ans. Cependant, la préfecture a demandé à un couple dont la femme doit accoucher en septembre de repartir en Italie. Les activités d’aide ou de sensibilisation sont plutôt à l’arrêt à cause de l’épidémie. Tout devrait reprendre en septembre...
- A Lille, depuis la crise sanitaire, les difficultés d’hébergement se sont aggravées, touchant en premier les personnes les plus vulnérables, les isolant et les précarisant encore plus, que ce soit dans les résidences universitaires du CROUS , dans les hébergements d’urgence liés à la trêve hivernale gérés par les services du 115 ou pour les locataires précaires. Ce 10 juillet, c’est la fin de la trêve hivernale. Le collectif des Olieux témoigne de quelques situations à Lille et dans ses environs.
- A Paris, Dans la nuit du 30 juin, un campement abritant une centaine d’adolescents s’est installé dans le 11e arrondissement de Paris, square Jules Ferry. Comme de nombreux autres, les adolescents qui occupent ce campement sont en recours auprès de juges pour enfants d’Ile-de-France pour faire valoir leurs droits à une protection par l’Aide Sociale à l’Enfance. Cette protection leur a été refusée à l’issue de premiers entretiens menés par les départements. Plus d’informations avec Médecins Sans Frontières.
Infos des assos
- A Dunkerque, en écho aux mobilisations entourant le meurtre de Georges Floyd aux États-Unis par la police, et à l’invitation de la Ligue des Droits de l’Homme locale notamment, plusieurs associations du réseau ont participé à un rassemblement le 9 juin dernier, en y dénonçant notamment le harcèlement et les violences subies par les personnes exilées présentes sur le territoire.
- A Cherbourg, la vie d’Itinérance reprend doucement. Claudie, membre et ancienne présidente de l’association, nous donne des nouvelles : « depuis quelques années le CA d’Itinérance était réduit à sa plus simple expression. Après le décès tragique de Jean Dussine, nous avons mis en place une coordination pour gérer les problèmes urgents. Cette coordination est composée des présidents historiques d’Itinérance et des différents responsables de commissions. Une assemblée générale extraordinaire aura lieu le 2 juillet afin que nous puissions élire un CA avant l’été. Les cours de français ont repris en s’adaptant aux conditions sanitaires avec maintien des gestes barrières. Les cours ont lieu en extérieur. Les bénévoles, venu.e.s en nombre, ont dû parfois repartir faute de candidat.e.s. Depuis plusieurs années, Josiane met en place des conversations d’été pour les migrant.e.s qui le souhaitent. Elles auront lieu cette année tous les lundis en extérieur. Le mois de juillet verra la sortie de nombreuses personnes des dispositifs d’hébergement. Nous sommes très inquiet.e.s de la situation de ces personnes qui vont se retrouver à la rue dans une totale précarité en pleine période estivale où nous savons les bénévoles moins présent.e.s ».
- Itinérance Dieppe, un bilan 2019 en quelques chiffres : 350 heures de permanences ont été réalisées pour le suivi des personnes exilées au local de l’association, réparties en 140 permanences qui ont connu une fréquentation de 450 personnes. 300 repas ont été confectionnés par les exilés eux-mêmes et pris au local. 20 000 km ont été parcourus par les bénévoles de l’association avec leurs propres véhicules. 300 nuitées d’hébergement solidaire et 750 nuitées pour les exilés mineurs ont été assurées par des familles et personnes bénévoles. 35 permanences juridiques ont été organisées au local. 1300 heures de cours de français ont été dispensés, via notre réseau d’une dizaine de bénévoles enseignants. 20 jeunes majeurs ont bénéficié d’un soutien logistique pour l’autonomisation et le suivi en appartements.
- Une journée solidaire au profit de Salam, le 26 juillet à Steenwerck : au programme : table ronde, lecture de textes kurdes, conférence gesticulée sur l’immigration par Christine Almeida, concerts. Plus de renseignements ici.
Infos de la PSM
- La PSM est partenaire de diffusion du livre « Villes ouvertes, villes accueillantes », co-écrit par Cyrille Hanappe et Élise Al Neimi. On aura plusieurs exemplaires à distribuer gratuitement et, pourquoi pas, à faire connaître aux équipes municipales des différentes villes où sont présents des campements de personnes exilées… On vous tient au courant !
Envie d’agir
- Été solidaire dans le Briançonnais. Cet été, Tous Migrants vous propose des rencontres en montagne, à la frontière franco-italienne, en fraternité avec les personnes exilées : grands bivouacs festifs, randonnées commentées, veillées bavardes au coin du feu. L’objectif : que la montagne ne devienne pas seulement une zone militarisée, un cimetière, mais reste le lieu de rencontres et de temps festifs. Tous les détails sur ce flyer.
Belles échappées
- « Migrants », un album de Issa Wanatabe : un album sans parole qui peut toucher tous les publics pour représenter le drame et l’espoir des migrations.
- L’Odyssée d’Hakim est une série de bande dessinée documentaire écrite, dessinée et mise en couleur par Fabien Toulmé. Il s’agit du témoignage d’Hakim, réfugié syrien, qui a fui son pays en guerre et qui a traversé plusieurs régions avant de parvenir en France. Le 3ème tome racontant la 3ème partie de son voyage vient de sortir.
En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques
- Un nouvel et dernier rebondissement dans l’affaire Martine Landry : à moins de 24 heures de l’audience, le Parquet d’Aix en Provence se désiste. La relaxe de Martine est donc définitive. Pour rappel, Martine Landry était poursuivie depuis près de 3 ans pour délit d’aide à l’entrée irrégulière sur le territoire français de deux mineurs isolés étrangers. Portrait de cette militante de 75 ans.
- Un guide d’informations pour les personnes exilées édité par l’association WAZIMAT fournit sur Paris les informations nécessaires pour débuter les démarches, avec les adresses, les horaires, et plein de conseils utiles pour la vie quotidienne. Mis à jour chaque mois, il est disponible en français, anglais, arabe et pachto. Il est téléchargeable ici sur le nouveau site internet de l’association. Pour Calais et Grande-Synthe, c’est l’association Refugee Info Bus qui actualise régulièrement un guide des différents services et activités auxquels peuvent avoir accès les personnes exilées. Tout est en ligne ici !
- Des vidéos filmées à Calais ont permis de blanchir un bénévole accusé de violence envers des policiers. » Les images paraîtraient presque anodines en comparaison des nombreuses vidéos de violences policières diffusées ces derniers mois. Mais les trois courtes séquences sont lourdes de conséquences : elles ont permis à la justice de blanchir un bénévole de Calais (Pas-de-Calais), injustement accusé de violence et d’outrage envers des policiers. Et elles valent désormais à trois CRS d’être renvoyés devant la justice, l’un pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique, et les trois pour faux en écriture publique. » Retrouvez ici l’article paru dans Le Monde.
- La police aux frontières anglaise recommence à prendre les empreintes des migrants à Calais. Le ministère de l’Intérieur britannique impose à ses agents de la police aux frontières se trouvant dans la région de Calais, en France, de relever les empreintes digitales des personnes exilées interceptées lors d’une tentative de traversée de la Manche. Le but est de pouvoir les expulser plus facilement si elles parviennent à rejoindre l’Angleterre. Lire la suite sur InfoMigrants.
Pour comprendre / pour cogiter
- Accueil des personnes migrantes : les municipalités ont le pouvoir d’agir. Au lendemain du second tour des élections municipales, La Cimade appelle les villes à agir en faveur du respect des droits fondamentaux des personnes migrantes. A lire ici.
- Travailleurs sans papiers : vingt quatre heure avec » les premiers de corvée ». Nettoyage, sécurité, aide à la personne… La crise sanitaire a mis en lumière l’importance de secteurs qui ont recours à une main-d’œuvre sans papiers. A lire l’article (réservé aux abonné.e.s) de Julia Pascual et Camille Millerand dans Le Monde.
- 5 propositions de la Cimade pour la régularisation large et durable des personnes sans-papiers. Elle demande de refondre profondément les politiques migratoires pour tendre vers la liberté de circulation et d’installation dans une dynamique d’égalité des droits entre toutes et tous, indépendamment du statut ou de la nationalité. A lire ici.
- Augmentation des arrivées de migrants au Portugal : « Quand on bloque une route, une autre s’ouvre ». A lire l’article de InfoMigrants