La Lettre d'infos n°61

Publié le 7 février 2022
Sommaire

  • La PSM a publié ce vendredi 2 février 2 rapports d’enquête. Dans le premier rapport intitulé  » Enquête sur 30 ans de Fabrique Politique de la Dissuasion. L’Etat français et la gestion de la présence des  personnes exilées dans la frontière franco-britannique : harceler, expulser, disperser » . L’auteur, le politologue Pierre Bonnevalle, analyse la reproduction d’un échec coûteux et inefficace. Le deuxième rapport a été réalisé par l’anthropologue Marta Lotto avec une démarche novatrice : enquêter auprès des personnes exilées bloquées aux portes du Royaume-Uni. Avec le titre  « ON THE BORDER, La vie en transit à la frontière franco-britannique », elle restitue les réflexions, les analyses et les perceptions des personnes interrogées.

  • Le Monde a fait paraître en même temps une tribune  signée par 32 associations  : pour mettre fin à  » la politique qui ne génère que maltraitance et violence », créée par les accords du Touquet, signés il y a 19 ans,  « Pour obtenir un changement de ce modèle, nous devons, ensemble, engager un dialogue citoyen réunissant l’ensemble des forces vives des territoires du littoral de la Manche et de la mer du Nord et imaginer, collectivement, une politique respectueuse des droits de toutes et tous. Nous appelons toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à nous rejoindre pour lancer cette dynamique de convention citoyenne à la frontière franco-britannique. »
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Infos des lieux de vie


à la frontière franco-britannique

  • A Boulogne-sur-Mer, un hangar pour accueillir provisoirement les personnes secourues par la SNSM, la Société Nationale de Sauvetage en Mer. Le lieu permet également d’accueillir une cellule médicale ainsi que de stocker des vivres ou des vêtements pour l’urgence. C’est ici.

  • A Calais, deux visages de l’aide humanitaire : l’un agréé par l’Etat, l’autre entravé par les forces de l’ordre. Effectivement, l’État mandate plusieurs associations à Calais.  «  On ne nie pas ce qu’ils font ; le problème, c’est surtout ce qu’ils ne font pas. Personne ne critique les 1200 repas distribués par jour par la Vie Active. Ce qui est critiqué, c’est qu’il y a encore des gens qui ont faim « , soutient Ludovic Holbein.  En septembre 2020, la préfecture a publié un arrêté interdisant à toute association non mandatée de distribuer de la nourriture dans le centre-ville de Calais. Deux ans plus tard, l’arrêté a été reconduit 18 fois. La préfecture redouble d’ingéniosité pour entraver ces associations. Quant aux personnes exilées, elles ne  comprennent  pas pourquoi elles se font «  matraquer par des CRS le matin  » avant de se faire servir à manger, deux heures plus tard, par une association  « payée par les mêmes personnes’’. A lire ici.

  • A Calais, à quelques mois de l’élection présidentielle, Radio Parleur  a invité  Claire Millot, Louise Druelle et Charlotte Kwantes pour s’interroger :  comment vit-on dans cette zone frontière qu’est devenu le Calaisis ? Que manque-t-il pour assurer un meilleur accueil aux personnes  exilées ? La question des flux migratoires est-elle vraiment insoluble ? A écouter
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  • A Sangatte, douze caméras seront bientôt installées, entièrement financées par les Britanniques. Toujours la même justification avancée : « la surveillance du littoral pour arrêter les réseaux de passeurs. » C’est ici.

  • A Ouistreham, un nouveau squat ouvert ! C’est le 7ème squat ouvert par  l’Assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions. Cette maison peut accueillir cinq personnes. Elle va  permettre  à la cinquantaine de personnes en exil d’origine soudanaise vivant dans un campement proche, d’accéder à tour de rôle à des conditions de vie un peu plus décentes.
et ailleurs

  • En Ile-de-France, des personnes en exil poussées hors de Paris. « Autour de Paris, on comptabilise encore plus de 1 200 migrants éparpillés dans des squats et micro-campements, explique  Paul Alauzy, chargé de projets à l’association Médecins du monde. Il y a eu un déplacement de la population : là où on intervient désormais, on retrouve les mêmes individus que dans les anciens camps démantelés de Paris. «  Si les tentes ont quasiment disparu du paysage parisien, les personnes exilées, elles, se voient donc contraintes de se replier dans les recoins cachés d’Ile-de-France. A lire ici.

  • En Lituanie, des personnes exilées toujours sous clé. Une loi votée en décembre a allongé la durée de rétention, passant à un an, des demandeurs d’asile arrivés dans le pays cet été grâce à la filière migratoire bélarusse et enfermés depuis dans des camps. Une entorse de plus au droit d’asile européen. C’est ici

Infos de la PSM


  • La résidence du Journal des Jungles n°15 a eu lieu dans la maison Sésame, à Herzeele au début du mois de décembre. Lorsque nous avons envisagé d’organiser cette résidence autour du thème de l’accueil, nous avions en tête, le non-accueil, la mise à l’abri, l’accueil inconditionnel. En lisant les textes produits par les personnes en exil,  il apparaît que la notion d’accueil est plurielle et surtout plus complexe. Elles y parlent de toit, de soleil, de sourire, de thé, de santé, de travail. Des photos pour attendre la parution prochaine  de ce numéro.
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  • La Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s recrute un.e chargé.e de mission en charge des formations, et de la valorisation et mobilisation des outils et expériences du réseau associatif à la frontière franco-britannique. Vous avez le goût de vous engager dans le soutien d’un réseau associatif en soutien aux personnes exilées bloquées à la frontière franco-britannique ?  C’est ici !

Faire et dire, les personnes premières concernées


  • Communiqué de personnes en exil à Calais,  lundi 7 février 2022 : un toit c’est un droit, même à Calais. « Nous sommes un groupe de personnes de différents pays qui se battent pour le droit de chacun e chacune à un logement digne et sûr. Nous occupons actuellement, depuis plus de 48h, certains des nombreux  bâtiments de la ville de Calais qui restent vides et gaspillés pendant que les gens dorment dans les rues… » Ces habitant.e.s ont besoin de notre aide.

  • Paroles de personnes « sans-papiers :  » La première phrase qu’un étranger apprend quand il arrive en France c’est ‘ il n’y a pas de place ’  » Elina ; « J’ai vécu sept ans sans-papiers. Vous imaginez attendre le droit de vivre pendant sept ans  ? C’est vraiment long, tu ne peux pas te projeter, pas avoir une vie de famille, pas avoir un logement à toi. »  Ahmed ;  » Quand tu es sans-papiers, les gens pensent que tu es misérable. C’est faux. C’est juste que tu n’as pas les bons papiers. Félix. A retrouver dans « La fabrique des personnes-sans papiers, fabrique des mal-logés »; Voir  la rubrique « En quête de droit(s) ».

Envie d’agir


  • Douches pour les personnes exilées à Grande-Synthe. Ayant constaté qu’il n’y avait pas de douches pour les personnes exilées sur leur lieu de survie, Olivier  met à leur disposition son camping car 1 ou 2 fois par semaine. En leur proposant des douches chaudes, Il essaie de pallier au manque d’hygiène, de rendre un peu de dignité à ces personnes. Nous pouvons l’aider. Avec 1 euro, c’est une douche que vous offrez.
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Belles échappées


  • Portraits d’exil, une exposition réalisée par Catherine Van den Steen en collaboration avec l’association Forum réfugiés-Cosi. Vingt peintures (160×110 cm) représentant les portraits en pied de personnes en exil en France. Ces portraits sont dessinés au fusain sur toile de coton. Chaque portrait est réalisé après une longue interview que l’artiste a fait accompagnée d’une journaliste, Béatrice Toulon. Quatre thèmes structurent cet entretien : d’où je viens; mon voyage; ce que j’ai apporté avec moi; mes projets, mon désir. Une  exposition qui était  à Lyon au mois de janvier  et qui va se déplacer,  un livre qui permettra, de découvrir plus largement l’histoire unique de chacune des personnes qui a participé au projet, mais aussi de nourrir une réflexion sur l’exil.  A surveiller et à retrouver en attendant ici !
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Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations


  • Formation sur l’asile en France. Le16 février prochain à Calais, formation d’approfondissement pour les bénévoles et militant.e.s qui souhaitent comprendre comment ça fonctionne. La formation est proposée par le Conseil National des Barreaux, en lien avec la PSM, et sera animée par Hélène Gacon, avocate en droit des étrangers de 9h-12h30/14h-16h. Contactez : contactjuriste@psmigrants.org pour plus d’informations.

  • Conférence le 25 février prochain à 18h au Channel, 173 Bd Gambetta, Calais, dans laquelle les intervenantes dévoileront les contours de la sécurisation de la frontière franco-britannique à travers sa barriérisation et sa privatisation, entre autres…

  • Échanges entre Maisons accueillantes. Du 25 au 27 février, aura lieu le 2éme week-end d’échanges et de rencontres des maisons accueillantes en France ! De Briançon jusque Dunkerque, en passant par Toulouse, Paris, ou encore Calais, différentes maisons hébergeant des personnes sans papiers, des mineur.e.s isolés, des familles exilées ou encore des personnes en transit, vont se rencontrer et échanger sur les thématiques et problématiques qui les animent !

Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues


  • Si les débats sur l’immigration augmentent en France, qu’en est-il de l’immigration?  Dans un article du New York Times, le journaliste s’interroge sur « l’obsession » française pour la question migratoire dans les débats politiques. « En France on est persuadé qu’on est envahi par l’immigration, mais nous n’avons pas un regard comparatif, déplore François Héran.  Est-il vrai que la France est un des pays développés ayant connu le moins d’immigration depuis 10 ans ? Réponses  ici.

En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques


  • L’association d’avocats Elena France, dont les membres ont pour habitude de défendre des demandeurs d’asile, a déposé plainte contre X auprès du procureur de la République de Bobigny le 21 décembre dernier, pour  » menace et acte d’intimidation, faux en écriture publique, immixtion dans l’exercice d’une fonction publique et discrimination « . Parmi les motifs de la plainte, des «  pressions exercées sur les magistrats de la CNDA pour influencer leur activité juridictionnelle «  et des «  modifications apportées sur un rôle de lecture d’une séance publique à la CNDA « . Oumayma Selmi, présidente d’Elena France, espère que cette plainte aura l’effet d’un «  électrochoc « . «  On est arrivés au bout d’un système qui ne nous entend pas et n’entend pas la nécessité de garantir l’accès au juge « , déplore l’avocate s’agissant des ordonnances. A lire ici.

  • Un recensement inter-associatif des difficultés d’accès aux droits rencontrées par les personnes étrangères. Le rapport est articulé autour de deux grandes parties : une relative à l’accès au droit au séjour, qui aborde notamment les difficultés rencontrées dans l’accès aux préfectures des personnes étrangères pour obtenir ou voir renouveler leur titre de séjour, et une partie dédiée à l’accès aux droits sociaux, notamment les droits à la santé, ainsi que l’accès aux prestations sociales. Trois axes d’amélioration sont ainsi soulignés : la nécessité d’appliquer le droit existant, la nécessité de garantir un accès effectif et d’améliorer la qualité du service public rendu aux personnes étrangères et enfin, la nécessité d’adopter des mesures de simplifications administratives.  A télécharger ici.
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  •  Fabrique des personnes « sans-papiers », fabrique des mal-logés. La Fondation Abbé Pierre publie un état des lieux et pistes d’action pour favoriser l’accès au logement et à des conditions de vie dignes des personnes dites en situation administrative irrégulière ou précaire au regard du droit au séjour. C’est ici.

Pour comprendre / pour cogiter


  • Frontières d’Europe, de la Manche à la Pologne, aux Balkans et au -delà. De la frontière Franco – Britannique aux frontières orientales de l’Europe et au delà, la dynamique et les outils du contrôle migratoire : violences, mécanismes, armements et  l’agence européenne de garde-frontières et de gardes-côtes,  (Frontex). Un décryptage politique par Maël Galission du Gisti et Brigitte Espuche de Migreurop avec RESF (Réseau d’Education Sans Frontières).

  • L’aide au transport des réfugiés et des personnes migrantes : comment se substituer aux Etas démissionnaires. Le nombre de personnes traversant illégalement les mers a explosé : plus de 33.000 en  2021, soit 3 fois plus qu’en 2020 et 14 fois plus qu’en 2019.  Les traversés maritimes sauvages font toujours de nombreuses victimes. Face à ce fléau, des bateaux affrétés se substituent aux États démissionnaires. Pourtant, cette assistance vitale est souvent dénoncée comme participant à la multiplication des candidats au voyage. A écouter ou à lire.

  • Migreurop a rassemblé ses revues de presse traitant des articles publiés au cours du mois de janvier par Infomigrants, Le Monde, Médiapart … Est proposée une analyse de l’actualité des politiques migratoires en Lybie, en France, en Espagne, au Danemark, en Pologne,  en Lituanie, au Royaume-Uni, en Afghanistan,  ainsi que leurs impacts sur les droits des exilé·e·s.
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