La lettre d'infos n°75
"Avec les mots des autres", un film de Antoine Dubos, le 11 mai à Calais.
Synopsis :
À l’accueil de jour de Chambéry, l’équipe mobile précarité et psychiatrie reçoit des demandeurs d’asile en consultation. Ils viennent y déposer leurs cauchemars et leurs peurs, laissant échapper un sanglot, un cri de colère. De séance en séance, les exilé.e.s cherchent à se réapproprier leur récit et esquissent leur reconstruction.
Si vous souhaitez organiser une projection dans votre ville, les informations sont ici .Pour mieux connaître l'Orspere-Samdarra, rendez-vous à la rubrique : Pour comprendre, pour cogiter.
Infos des lieux de vie
à la frontière franco-britannique
A Boulogne, ce mercredi 22 février nouvelle alerte dans la soirée indiquant qu’un sauvetage avait eu lieu avec retour prévu au port assez tard, 43 personnes à bord, mouillées et épuisées. Une fois de plus, elles ont dû dormir sur le trottoir, en plein vent et seulement protégées de la pluie par les quelques couvertures distribuées parOsmose 62.
Pourtant existe le Chapiteau, un lieu financé par les Anglais et censé accueillir les groupes de retour de naufrages pour les mettre au sec et au repos avant de reprendre la route vers Calais ou Dunkerque. Un lieu toujours fermé.
A Calais, les conditions de vie sur les lieux sont dégradées, sans ramassage quotidien des déchets. Des collectes sont organisées les week-ends par les personnes exilées et les associations - actions dernièrement criminalisées via des contraventions (une contravention record de 368 € du côté du Secours catholique !). Les expulsions de terrain occasionnent des vols d'affaires par la police plus nombreux ce dernier mois de mars.
Dans le Dunkerquois, environ 200 personnes sur le camp depuis plusieurs semaines, quelques femmes et familles, de plus en plus de mineurs ces deux dernières semaines. Les origines des personnes varient : toujours des personnes Kurdes irakiennes et iraniennes et des personnes Afghanes, beaucoup de personnes originaires d'Inde en février, moins en mars ; à nouveau des personnes Vietnamiennes, et depuis fin mars des Albanais semblent revenir. Les associations constatent que des personnes sont sur le campement depuis plus longtemps et sont plus touchées par les conditions de vie.
Des personnes moins nombreuses sur le campement, mais pour tenter la traversée, certaines viennent directement de Paris ou Lille sans passer par le lieu de vie de Mardyck.
A Ouistreham, un nombre relativement important de mineurs a de nouveau investi le campement au cours de ce dernier mois. Ces jeunes ne s'inscrivent bien souvent pas dans un projet de séjour en France et refusent donc régulièrement les propositions de mise à l'abri inadaptées à leur projet migratoire.
Dans la rubrique infos juridiques, retrouvez l'article "Un an après la loi Taquet".
A Saint-Hilaire-Cottes, dans la nuit du 7 mars, les quelques exilés qui survivent dans un fossé boisé en plein milieu des champs ont eu la mauvaise surprise de de ne pas retrouver leur abri de fortune ni leurs affaires. Incompréhension : c'est une froide nuit d'hiver, ils n'ont pas été avertis, on ne leur propose pas de mise à l'abri. Une association rencontre le maire pour qui "il n'y a pas d'obligation à informer au préalable les exilés ou les associations. Il n'a pas la possibilité de proposer une solution d'accueil ou de mise à l'abri". Le 22 mars, les personnes ont vécu une agression raciste de la part de 5 individus dont un était armé, et a menacé de son arme une personne exilée ; ils ont saccagé le campement et volé des affaires. Terre d'errance a déposé plainte pour dégradations, vols et violences aggravées.
et ailleurs
A Paris, pendant 4 mois, des mineurs non accompagnés ont vécu sous les ponts d'Ivry-sur-Seine, en attendant d'être reconnus mineurs, tandis que les institutions concernées se renvoyaient la balle. Récit d'un parcours d'hébergement semé d'obstacles, par Émilie Chaudet.
Infos de la PSM
Le groupe local de la commission plaidoyer de la PSM intervenant à Caen et Ouistreham a continué de mener sa démarche de plaidoyer.
Deux commissions ont été créées pour travailler sur deux problématiques distinctes : la gratuité des transports dans l'agglomération caennaise, et la création d'un lieu de répit à Ouistreham.
Des "Welcome day" proposés par la PSM depuis 2019 sur Calais. Ces temps d'accueil des nouvelles et nouveaux bénévoles ont lieu tous les derniers mardis du mois de 9h à midi à la Maison d'Entraide et de Ressources, en anglais et en français.
Au menu : un temps d'explication sur le contexte à la frontière franco-britannique, un temps sur le contexte interassociatif de présentation des différentes actions menées en soutien aux personnes exilées, et un temps de réflexion sur l'engagement qu'on mène.
Un nouveau temps, appelé "Welcome back", destiné aux personnes engagées depuis plus d'un an auprès des personnes exilées présentes à Calais aura lieu le mercredi 5 avril de 14h à 17h, à la MER. Ce temps de recul a pour objectif d'améliorer la compréhension et la connaissance des différentes organisations et/ou structures qui œuvrent auprès des personnes exilées, mais aussi de comprendre les différentes perspectives et visions de chacun.es, dans l’objectif de renforcer nos liens.
Le "Pose ta fesse", un temps de recul proposé par la PSM aux acteurs solidaires du Dunkerquois qui se rencontrent tous les 3 à 4 mois autour d'un thème de réflexion ou d'une projection de film sur les sujets liés à l'exil. Le premier temps a eu lieu au Mesjpleck autour du film "Les Alphabets en lutte" réalisé par Mélissa Mérinos et Esfandyar Torkaman rad le 10 février. A suivre.
Infos des assos
Certaines associations du Dunkerquois connaissent des difficultés pour accéder aux douches (des problèmes de véhicule qui limitent donc l'accès).
Help 4 Dunkerque, présent d'octobre à mars tous les ans repart cette semaine (ils étaient présents tôt le matin avec des petits déjeuners, proposaient des douches et plusieurs distributions de vêtements, Free Shops...).
Refugee Community Kitchen est toujours absent donc pas de repas le soir, Mobile Refugee Support prend le relai en distribuant quelques bentos le lundi, mercredi, vendredi.
Littoral : Utopia 56 a envoyé un courrier à la préfecture demandant un protocole "post naufrage" : "Nous constatons qu’après un sauvetage en mer ou suite à une tentative de passage empêchée par les forces de l’ordre, la prise en charge humanitaire des personnes exilées le long du littoral repose énormément sur les associations non-mandatées et que, quand celle-ci est faite par les autorités, elle n’est pas adaptée..."
Faire et dire, les personnes premières concernées
Anwer Aljazar, exilé plusieurs fois, raconte. Engagé dans la révolte qui a secoué le Soudan en 2013, Anwer a fui la répression. Depuis, que ce soit à Calais ou en Corrèze, ses camarades et lui continuent de faire entendre les voix de la révolution soudanaise. Un entretien publié dans la revue Z n°15. Pour retrouver cette revue c'est ici. Pour connaître l'histoire du colllectif Z c'est là.
Belles échappées
Deux albums pour les plus jeunes :
"Réfugié n'est pas mon nom" de Kate Milner. "Un jeune garçon raconte le voyage qu'il s'apprête à faire avec sa mère. Ils vont quitter leur ville, explique-t-il, ce sera triste mais aussi un peu excitant".
"C'est quoi un réfugié ?" : "Qui sont les réfugiés ? Pourquoi doivent-ils quitter leur pays ? Que viennent-ils faire chez nous ?"
Elise Gravel répond à ces questions de manière simple et claire, et nous rappelle que ces personnes déracinées sont avant tout des êtres humains comme chacun d'entre nous.
Un roman : "L'île aux arbres disparus" de Elif Shafak qui dédie ce livre "aux émigrants et aux exilés de tous les pays, les déracinés, les ré-enracinés, les sans-racines."
Parlons-en : échanges, débats, conférences, formations
Signature officielle de la Convention d'accès au droit par les associations, soutenue par le Conseil National des Barreaux. Ce sera le 14 avril au Channel à Calais - horaire prévisionnel : 17h. Ce sera un temps convivial que propose le CNB, avec un temps de débat et d'information sur la proposition de la loi asile immigration.
Webinaire d’analyse des réformes européennes en cours sur la migration et l’asile. Dans le cadre du réseau Migreurop, La Cimade organise avec plusieurs associations ce webinaire qui aura lieu le mercredi 19 avril de 9h30 à 13h00, en français et en anglais. Il y sera question d'un état des lieux et des principaux enjeux et dans un deuxième temps des manifestations concrètes et des impacts sur les parcours d’exil ? Le programme c'est ici.
Désinfox, outils pour lutter contre les idées reçues
A Calais, la France coupable envers les personnes migrantes ? Didier Leschi, actuel directeur général de l'OFII répond à Louis Witter, photoreporter et auteur de "La battue. L'État, la police et les étrangers" qui dénonce "la politique de harcèlement" menée à l'égard des personnes migrantes par les autorités françaises.
A Calais, la France coupable envers les personnes migrantes ? Oui, répond Louis Witter. "La réponse est Oui, et ça n’est pas le journaliste qui le dit mais la justice : la France est bel et bien coupable envers les personnes migrantes. La CEDH (Cour européenne des droits de l'homme) l’a condamnée plusieurs fois".
En quête de droit(s) - Outils et infos juridiques
"Maîtres" de Swen de Pauw. Un documentaire sur deux avocates, Christine Mengus et Nohra Boukara, spécialisées en droit des étrangers à Strasbourg. "Elles sont les premiers témoins de l’absurdité, des aspects kafkaïens de certaines situations vécues par ces étrangers en France" note le réalisateur.
Ce sera le le jeudi 6 avril à 19h, au Studio 43 à Dunkerque. La séance sera suivie d'un échange avec des professionnel.le.s du Tribunal de Dunkerque et de Maître Xavier Ferrand, avocat spécialisé dans les droits des étrangers.
Report de l’examen du projet de loi Asile Immigration. Les associations et collectifs ne sont pas dupes. Le Président de République a annoncé que le projet de loi ne sera pas retiré mais que les propositions du gouvernement seront reprises dans le cadre de différents textes. Les organisations signataires appellent le gouvernement à prendre en compte leurs nombreuses propositions pour la mise en place d’une politique migratoire fondée sur l'accueil, le respect des droits fondamentaux et la dignité humaine. Elles appellent donc le gouvernement à abandonner définitivement l'ensemble des mesures de ce projet de loi. Retrouvez le communiqué de presse des organisations signataires.
Un an après la loi Taquet, 35 organisations appellent à une meilleure protection des mineur.es isolé.es et des jeunes majeur.es. Un an après la promulgation de la loi relative à la protection des enfants dite “Loi Taquet”, les droits de milliers d’enfants présents sur le territoire français ne sont toujours pas pleinement respectés. Dans un rapport publié ce jour, 7 associations, soutenues par 28 organisations signataires, appellent le gouvernement à garantir un accueil et une protection adaptés à tous les enfants en danger, y compris lorsqu’ils sont étrangers.
Pour comprendre / pour cogiter
L'Orspere-Samdarra est un observatoire sur la santé mentale et les vulnérabilités sociales (précarité, migrations...). l’Observatoire propose des ressources (formations, journées d’étude, coordinations, films d’animation, guides…) à destination des professionnels, des personnes concernées (par la santé mentale, la précarité, la migration), mais aussi du grand public. Il porte également des recherches sur les problématiques en lien avec ces thématiques et sur les innovations qui traversent le champ de la santé mentale ou de l’intervention sociale. Pour en savoir plus, c'est ici.
Une nouvelle stratégie italienne en mer méditerranée. Un décret-loi controversé impose aux navires humanitaires de faire route « sans délai » vers le port qui leur a été assigné. Jusque-là, dans l’attente d’une réponse des autorités, les navires restaient généralement au large de la Libye. Si d’autres cas de détresse se présentaient, ils leur portaient aussi assistance. Ces sauvetages multiples sont désormais empêchés. A lire ici
"Arrêtez les bateaux" : jusqu'où ira le Royaume-Uni pour y parvenir ? Arrivé au pouvoir en novembre 2022, le gouvernement Britannique de Rishi Sunak a repris le chantier en matière d’immigration. Fin du droit d’asile pour ceux qui traversent la Manche illégalement, création de centres de détention, externalisation au Rwanda, accord avec la France de 541 millions d’euros pour la surveillance des côtes… Le Royaume-Uni, toujours signataire de la Convention de Genève, est bien décidé à en repousser les limites. C'est ici